Chapitre 23.

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"Non non, et encore non. Mais ça va pas ou quoi ? Plutôt crever."

Bon, évidemment c'est ce que j'aurai voulu dire à Kai lorsqu'il m'a téléphoné en sortant des cours ce soir pour me supplier de le remplacer à faire ses heures à l'orphelinat. Jamais je n'aurai remis un seul pied dans cet endroit si il ne m'avait pas demandé expressément de le faire.

— "Je serais là dans une heure, compte sur moi."

Voilà plutôt ce que j'ai dit sur le coup. Et pour être franche, après avoir évité Lawrence hier à la sortie de l'université je me voyais très mal rester cloitrée chez moi à culpabiliser.

Sortir me fera du bien. Et puis, il y a très peu de chance pour que je croise l'autre.

—" Comme ça ?", me fait en tirant sur ma chemise l'un des petits garçons à côté de moi.

Cette forteresse ancienne, ou devrais-je dire cet orphelinat, possède une quantité énorme de salles en tout genre : cuisine, classes, dortoirs, salles de jeux, et même un parc qui s'étend sur une petite forêt à l'écart de la ville. Et je reconnais que cet endroit est merveilleux pour les enfants, bien qu'il soit empreint d'une profonde... mélancolie.

—" Tiens ton pinceau comme ça... Oui, c'est... très bien.", fis-je attrapant sa main posée fébrilement sur la petite toile devant lui.

La pièce est en papier peint blanc cassé, décollé par endroits, mais les grandes et hautes fenêtres laissent entrer une lumière douce et chaleureuse, illuminant les murs de reflets dorés. Seuls les cris et les rires des enfants s'amusant dans le parc depuis les fenêtres permettent de lui offrir un peu de vie. Tout ça pour dire que, j'ai découvert avec surprise l'existence de cet atelier de peinture au deuxième étage. Et j'en suis tombée sous le charme.

Et donc, me voilà en train d'animer à la place de Kai cette activité au près de ce groupe d'enfants depuis plus d'une heure. Et je mentirais je disais que je ne m'amusais pas comme une folle moi aussi.

—" Je vais me laver les mains.", lance la petite brune en sautillante.

Parmi tous ces petits visages d'anges, se trouve Delilah. Elle est la plus grande du groupe, et, la plus silencieuse aussi. Et plus je glisse mon regard sur elle, plus mes pensées convergent vers Gale. Je ne suis quand même pas la seule à remarquer une évidente ressemblance entre leur deux visages ? Peu importe. Depuis une heure, donc, j'essaye d'animer cet atelier en espérant leur apprendre le peu de techniques que je connaisse et le peu de conseils que Kai m'a donné : c'est-à-dire, pas grand-chose.

La petite pièce est pleine de bruit et discussions qui se tordent dans des rires ou des micros-disputes, j'ignorais qu'un groupe de cinq enfants équivalait à une foule de vingts personnes en train de parler et de s'agiter dans tous les sens. Merci, Kai. Le chaos qui règne dans l'atelier est total, mais dans un sens, il flotte une douce harmonie. Chaque petite tête est en face de sa toile, en gesticulant ou bavardant et -de temps en temps- en peignant.

Lorsque j'ai vu qu'il restait une toile dans le fond, je n'ai pas pu m'empêcher de m'y essayer moi aussi.

—"C'est l'heure de prendre ton médicament. Viens, on va voir ce qu'il faut que je te donne.", dis-je en prenant la main de Delilah.

L'enfant me suit docilement jusqu'au bureau se trouvant dans le fond de la pièce, et je récupère dans mon sac la pile de feuilles comprenant le dossier personnel de chaque enfants sous ma responsabilité pendant ces quelques heures (recommandation de Kai que je n'ai pas oubliée). Sur le bureau s'étale toutes mes affaires à présent, et je réussis à piocher parmi cette pagaille le bon dossier.

The Bad One - JungkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant