Chapitre 12.

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Un mois auparavant...

...Je laisse mon sac de cours tomber sur le canapé de la maison, terrifiée à l'idée d'annoncer la grande nouvelle à mon père et à ma mère ce soir. Après des années à étudier la finance, sous leur tutelle, jour après jour, comme ils l'ont fait eux-mêmes à mon âge, dans le seul but de reprendre l'héritage de cette entreprise boursière prestigieuse. J'ai rêvé toute ma vie de pouvoir leur dire ce que je souhaiterai faire maintenant que le lycée est presque terminé pour moi. Je ne peux que m'attendre au pire, mais... Au fond, peut-être qu'ils me soutiendront. Ce sont mes parents.

J'ai peu d'espoirs qu'ils comprennent, pour être honnête.

La maison est plongée dans l'obscurité tandis que je m'avance en direction du bureau de mon père. J'imagine qu'ils ont dû partir pour je-ne-sais quel rendez-vous de dernière minute. Comme toujours. Les photographies de famille accrochées au mur me fixent d'un regard glacial, et mon propre visage, figé dans un sourire forcé, semble se moquer de moi. Je devais avoir dix ans sur ce portrait. Et à l'époque, je savais déjà ce que je voulais faire de ma vie : devenir médecin.

Ma journée au lycée s'est résumée à angoisser à l'idée de retrouver mes parents pour -enfin- essayer de parler avec eux. Mais il n'y a personne, évidemment. La grande maison est vide et je me sens particulièrement seule ce soir. Je m'avance vers le bureau de mon père, absent, et pousse la porte avec réticence.

S'il découvrait que je suis entrée ici, il me punirait sans aucun doute. Rien que l'idée de franchir cette limite autorisée fait s'emballer mon cœur. Ma famille a des règles strictes, des règles que j'ai souvent tendance à transgresser. Quand était-ce la dernière fois que j'ai pu agir librement et faire ce que je voulais dans ma vie ? Ah oui, je sais, jamais.

Et pourtant...

J'avance. Le bureau est un désert glacial. L'atmosphère y est lourde, comme si la présence maléfique de mon père rôdait, prête à me menacer à chaque pas. Mais je m'en moque. Je traverse la pièce, mes pas résonnent dans le silence oppressant. La vue depuis la baie vitrée est à couper le souffle : New York étale ses lumières dans la nuit, les gratte-ciels se dressent de chaque côtés, scintillant comme s'ils étaient recouverts d'étoiles. Je m'approche du bureau et finis par m'effondrer sur le fauteuil. Après tout, il n'est pas là. Je ne devrais pas avoir aussi peur...

Mes yeux dérivent sur les documents impilés, balayant d'un regard à peine intéressé les différents dossiers. Puis, un titre attire soudain toute mon attention : "Fondation Caritative Aide aux Plus Démunis".

Depuis quand l'entreprise de mon père s'investit-elle dans les bonnes œuvres ?

Je saisis le papier, mon regard se fixe sur la page avec un intérêt grandissant. Le dossier mentionne plusieurs orphelinats à travers le monde, situés dans des zones défavorisées. Une fondation censée venir en aide à ces enfants. J'ignorais totalement l'existence de ce projet. Mais alors que mes yeux parcourent la page, une phrase attire mon attention : "Expériences médicales... fournisseurs de médicaments expérimentaux dans les orphelinats..."

Mon cœur rate un battement. Mon père vendrait des parts à ces orphelinats pour tester des médicaments ? C'est impossible. Mais je n'ai pas le temps de lire davantage ce dossier troublant que j'entends une porte claquer à l'entrée. Et merde.

— "...Il nous faut plus de cobayes, vous m'entendez ? Autrement, nous n'arriverons jamais à refiler ces parts à des acheteurs, trouvez d'autres orphelinats. Faites ce que vous voulez, ça m'est égal.", s'exclame la voix autoritaire et impérieuse de mon père qui approche à pas furibonds.

The Bad One - JungkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant