Chapitre 15.

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Si un jour, vous appreniez que votre famille toute entière, était corrompue jusqu'à l'os, que feriez-vous ?

...Il y a un mois auparavant...

Aujourd'hui est un jour spécial. Les semaines qui ont suivi l'incident dans le bureau de mon père m'ont laissée sous le choc. Cette nuit-là, j'étais terrifiée, cachée dans ce placard pendant une heure, à attendre et écouter chaque mot qu'il disait. Au départ, je ne comprenais vraiment rien. Mais plus j'écoutais, plus la vérité s'insinuait en moi comme un poison lent et paralysant.

Le dossier que j'avais découvert parlait de ventes de médicaments « expérimentaux » à des orphelinats. L'idée même était inconcevable, monstrueuse. Mes parents, des criminels ? Je ne pouvais pas l'accepter. J'ai refusé d'y croire, me convainquant que j'avais mal compris, que tout cela n'était qu'un horrible malentendu.

Mais aujourd'hui, je ne peux plus me cacher derrière ma peur. Aujourd'hui, je compte bien faire ce que j'aurais dû faire il y a des jours :

Leur annoncer que je pars.

La nouvelle de mon admission à l'Université de Sydney m'a rendue folle de joie. Qui aurait pu croire que je serais prise ? Pas moi, en tout cas. C'était irréel. La lettre d'admission entre mes doigts semble être un doux rêve. J'ai encore du mal à concevoir que j'ai été sélectionnée pour entrer en première année de médecine là-bas.

Le seul problème étant, que mes parents ne savent rien. Je ne leur ai rien dit lorsque j'ai postulé. Rien dit lorsque j'ai envoyé ma candidature. Rien dit du tout. Ils ne m'auraient jamais laissé faire, évidemment, c'est pourquoi j'ai pris les devants. J'ai cherché un appartement, contacté ma tante Gwen que je n'ai pas revu depuis beaucoup trop longtemps qui vit encore en Australie après toutes ces années. J'ai tout fait. Préparant à l'avance chaque petits détails pour qu'ils ne puissent rien me reprocher lorsque je leur annoncerai.

Et ce moment est enfin venu.

Je tremble. Jamais je n'ai osé entreprendre de faire quelque chose d'aussi audacieux devant mes parents. Depuis toujours, ils veulent me voir reprendre la société qu'ils ont fondé, me voir étudier l'économie et la bourse, sans faire quoi que ce soit d'autre de mon existence. Mon frère est brillant à ça. C'est pourquoi mes parents ont tendance à se montrer plus dociles envers lui, contrairement à moi.

J'entends les voix lointaines de mon père et de ma mère discuter à voix basse depuis le bureau. J'ignorais qu'ils étaient tous rentrés. J'arpente le couloir et lève ma main, inspirant profondément, prête à toquer contre le bois de la porte entre-ouverte pour enfin tenter le tout pour le tout. Lorsque j'entends subitement deux autres voix dans le bureau. Je me fige.

Mon frère est avec eux.

—"...Nous devons nous assurer que tout est en ordre avant de finaliser ce contrat. Les bénéfices sont trop importants pour être négligés..."

"...Mais ces enfants... Utiliser des orphelinats comme cobayes, c'est risqué. Si cela se découvre..."

Une autre voix, celle de ma mère, intervient d'un ton tranchant.

— "...Personne ne le saura. Ces orphelinats sont dans des pays trop pauvres pour se défendre. Et puis, ce ne sont que des enfants sans famille, sans avenir."

Mon cœur rate un battement. Je me rapproche encore, essayant de capter chaque mot. Une quatrième voix, inconnue et professionnelle, s'exprime au milieu de l'échange.

—"...En tant que votre avocat, je vous assure que tous les documents sont en ordre et que les transactions sont protégées. Mais nous devons être prudents. La moindre fuite pourrait nous coûter très cher..."

The Bad One - JungkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant