Chapitre 6.

160 19 7
                                    

Vous avez cinq nouveaux messages.

" Réponds. Jules, tu ne pourras pas m'ignorer moi et les autres toute ta vie-" -Supprimer le message. Message Supprimé. "Jules, appelle-moi. Il faut qu'on parle." -Message Supprimé. "Ça fait deux semaines, Ju-" Message Supprimé.

Deux semaines, déjà.

Tout est s'est passé si vite. Je me suis poussée à sortir, travailler jusqu'à ce que je tombe de sommeil sur mon bureau, à parler et à écouter tout le monde autour de moi, me forcer à combler chaque instants depuis que je suis arrivée pour -ne serait-ce qu'essayer- d'avoir une vie normale et fuir ces affreux messages. Et oublier. Louis est mon frère. Et cela fait plus d'un mois que je ne l'ai pas vu. Ses messages sont aussi menaçants que les dix appels manqués de mes parents. Cette vie-là est derrière-moi, tout ceci fait parti du passé, et...

— "On manque cruellement de stagiaires à la clinique. Je ne pourrai plus venir te chercher pendant quelques temps à la fac, je suis désolée Jules," lance tout à coup Gwen en faisant irruption dans ma petite chambre.

Elle se fige en me voyant figée sur le lit, mon portable encore dans la main. Le soleil s'est couché depuis plus d'une heure déjà et je n'avais même pas encore remarqué qu'il faisait si sombre dehors. En l'a voyant, je me redresse, et tente un sourire.

—"Ça va ? Dis donc, tu n'es pas sensée aller quelque part avec ce garçon ce soir ?", me fait-elle encore vêtue de sa blouse bleu pâle et d'un chignon en fin de vie.

Elle vient de rentrer du travail, son énergie flambant neuve contraste avec la lourdeur qui gît sur mes épaules. Et, pour ce qui est du "garçon", il y a 100% de chances pour qu'elle parle de Lawrence. Au bout d'une semaine elle aura enfin retenu son prénom. Ma mère, elle, n'en n'aurait jamais fait autant. C'est à peine si j'avais le droit de parler à des garçons avant.

— "Oui, il passe me prendre à huit heures.", fis-je en me relevant paresseusement du lit.

— "Mais attends un peu, c'est dans une demi-heure ça ?"

Trente minutes ? Non, impossible.

— "Non, pas du tout attends..."

Je jette un regard inquiet à l'écran de mon téléphone, et constate avec horreur que Gwen a raison. C'est une catastrophe. Je suis restée absorbée dans mes pensées et mon travail depuis une heure sans sortir de ma chambre, bravo Jules.

— "Merde, merde, merde..." , grommelais-je en paniquant à la seule pensée que Lawrence me voit dans cet état.

Après une journée entière à brouiller du noir et à réciter par coeur mes cours d'anatomie, j'avoue que ma tenue laisse franchement à désirer.

— " Tu devrais te dépêcher." , se moque-t-elle en repartant vers le salon de mon appartement.

Sans rire.

À peine a-t-elle disparu que je me jette dans la salle de bain. Paniquée, je retire rapidement l'élastique de mes cheveux et me rue sous la douche. À peine vingt minutes plus tard, un texto de Lawrence me fait dévaler les escaliers en catastrophe, attrapant sac à main et talons au passage. Ma robe bleu azur, à la fois élégante et discrète, est mon unique option. Plus de temps pour changer. Poignée de porte en main, j'ouvre précipitamment.

Je découvre alors un Lawrence, adossé près de la porte sur le trottoir de la rue au milieu de la nuit. Sa tête penchée se relève sur-le-champ en me voyant franchir le seuil de la porte. En l'apercevant sur le pas de la porte, mon coeur s'emballe et cette joie désarçonnante m'envahie tout à coup la poitrine. Son regard me regarde de haut en bas, avec un sourire impressionné, il arbore lui-même un ensemble de costume bleu marine immaculé.

The Bad One - JungkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant