Chapitre 56

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Un silence tendu s'était installé, suite aux présicions supplémentaires apportées par Scott.

- J'ai été stupide de remettre en question tes fréquentations. Avec tout ce que tu m'as partagé au sujet de ton amour pour Bonnie... Je n'aurais pas dû être si étonnée du fait que tu ai cessé d'avoir une vie sentimentale et sexuelle.

- Tu n'as pas tout à fait eu tort de douter. Tu as même raison, je me suis envoyé en l'air avec des dizaines de filles, mon amour ne devait pas être si pur...

- Non Scott, ce n'est pas ce que je voulais dire...

- Peu importe. Par mon comportement de débauche complète, j'ai fait plus que souiller sa mémoire dans une période où j'aurais dû être en deuil.

Cette fois, ce fut la phrase de trop. J'avais été plus que maladroite avec lui et je n'étais personne pour le juger dans ses agissements. De plus, le problème ne venait pas de lui, au contraire, il était enraciné au plus profond de mon être.

Je me redressais donc dans le lit, prête à le faire taire. Il anticipa mes gestes et se saisit de mes mains à la volée.

- Non, Éléna.

Quelque chose se brisa.

Mon buste était tourné vers lui, mes poignets prisonniers d'une de ses mains. C'était la première fois qu'il m'empêchait aussi concrètement de le toucher et une douleur aiguë naquit dans ma gorge. Il ne me regardait pas et n'avait donc pas conscience des larmes qui étaient prêtes à poindre aux coins de mes yeux, totalement déstabilisées par son refus.

- Tu n'aurais pas fait ça toi. Si Jared... S'il était... S'il n'était pas dans le comas. S'il n'avait pas eu cette "chance"... Tu n'aurais pas fait preuve de cette débauche. complète t-il.

Je laissais les larmes couler sur mes joues. Avec le peu de courage qu'il me restait avant que ma voix ne trahisse complètement mon état, je me mis à murmurer.

- Non, tu as raison. Je n'aurais pas fait ça.
Ses épaules se courbèrent, mais il ne dit rien.
J'aurais été encore plus lâche, comme je l'ai été juste après la fusillade. Je me serais laissé mourir, mais pour de bon.
Ses yeux se levèrent avec violence vers moi. Il remarqua mes larmes, tendit la main, mais à mon tour je me dérobais. Ses yeux se mirent aussi à briller.
Toi... Après Bonnie, tu t'es auto détruis. Tu as fait ressortir toute ta douleur psychique pour la traduire de façon physique. Mais... À ma différence, tu n'as pas été lâche, tu n'as pas voulu quitter la vie. Tu t'es démolis, mais tu as tout reconstruit, pièce par pièce. Peut-être que tes fortifications ne sont pas les plus solides, mais ça viendra. Nous sommes des êtres humains Scott. Nous sommes imprévisibles, nous ne réagiront jamais de la même façon, mais jamais tu n'auras à avoir honte de cette partie de ta vie, c'est celle qui t'as forcé à te reconstruire et tu as fait ça sans l'aide de personne, seul. Voilà pourquoi, si je dois de nouveau penser à une personne courageuse, c'est à toi que je pense. Voilà pourquoi, si je dois de nouveau crier un nom pour invoquer le courage ça sera toujours le tiens qui sortira de mes lèvres.

Nos regards s'accrochent et nous nous perdons chacun dans les iris de l'autre. La glace de mon bleu doit sûrement fondre sous le feu ardent fauve et marron de ses yeux. Avec une grande douceur et prudence il tend lentement sa main vers ma taille. Ses doigts semblent trembler et je me rends alors compte que mon être tout entier tremble lui-même.

Je suis toujours à genoux sur le lit, mon corps tourné vers lui. Le sien se redresse et ses doigts se referment enfin sur ma taille, sa deuxième main rejoint elle aussi mon corps à l'opposé de la première. Délicatement, il tire sur ma taille qu'il a saisit et m'approche de lui. Je ne dis rien, je me laisse faire, je ne veux pas m'opposer à son contact de toute manière. Nos corps se laissent aller contre le matelas et je goûte à la chaleur de ses bras. Un se positionne au dessus de mes hanches et l'autre se glisse plus haut dans mon dos. Il me colle à son torse, je laisse aller ma tête sur sa poitrine et ne retiens plus mes larmes. Ses lèvres se nichent dans mes cheveux et il embrasse plusieurs fois mon crâne. Je suis maintenant secouée de gros sanglots. Scott me laisse purger ma peine contre lui, il me sert plus fort, frotte mon dos, baise mon front et fredonne pour me calmer.

Just for me : Tome 2 [NON CORRIGÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant