Chapitre 6: Main déplacée

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=^..^=

Mia s'effondra dès qu'elle eut claqué la porte. Elle qui paraissait toujours joyeuse, pipelette et enjouée, venait de se prendre un mur de haine et d'agacement en pleine face. Et surtout: elle ne s'y attendait pas. De son point de vue, il n'était pas prédicable que sa petite amie la quitte au beau milieu de nulle part. 

L'incompréhension lui coupa le souffle. Sourcils froncés, lèvres pincées, elle regardait la porte comme si elle espérait que Lupa revienne en s'écriant d'un ton surexcité "C'ÉTAIT UNE BLAGUE !"

Mais ça n'en était pas une, évidemment. La jeune femme sentait battre son coeur alors que l'angoisse montait, ainsi que des larmes. 

- Qu'est-ce que...

Le silence lui parut pesant. Felice était debout et n'osait même pas la regarder en face. Haletante, Mia explosa en sanglots en se mettant en position foetus sur le lit. La rousse s'assit à ses côtés, compréhensive, et posa sa main sur son épaule. 

Mia enfouit sa tête dans ses bras et se laissa pleurer un moment, rassurée par la chaleur de la main qu'elle avait posé sur son flanc. Puis, elle dégagea sa bouche de ses boucles violettes qui tombaient sur son visage pour dire d'une petite voix:

- Ca ne m'étonne pas. Elle part toujours. Toujours. Et elle laisse tout derrière elle.

Il fallait se relever. Être digne dans cette tragédie auquel elle savait qu'elle devrait se prêter. Rester coincée dans un manoir avec son ex, une personne bourrue, égocentrique, écervelée et méchante. 

- Je n'ose même pas penser au retour, murmura Félice.

- Ca ne sera pas pire que l'allé, rétorqua Mia d'une voix plus courageuse.

Elle releva la tête et déplia lentement sa silhouette gracile. S'adossant au mur derrière le lit, un oreiller sous ses fesses, elle regarda devant elle en entourant ses genoux de ses bras. Son maquillage avait coulé, laissant de longues traces noires brillantes sur ses joues. Mais elle avait fini de se lamenter. 

- Je ne suis pas une pleurnicharde, marmonna-t-elle.

- Tu as le droit d'être triste, lui rappela simplement la magicienne en souriant doucement.

Mia tourna la tête vers elle et croisa ses beaux yeux verts. Elle se sentait... Maussade. Plus rien ne l'atteignait en cet instant précis. On aurait pu lui dire que ses parents venaient de mourir, elle n'en aurait pas pris compte. Lupa l'avait quittée. 

- On était censé dormir dans le même lit, dit elle soudain avec amertume. 

- Tu peux dormir dans le mien, dit Félice en montrant le lit simple dans un coin de la pièce. 

- Merci, souffla la violette.

Elle contempla son visage un moment avant de demander:

- Dit, Felice, tu peux me faire de la magie ?

- Oui, bien sûr.

=^..^=

Une fatigue mémorable, c'était tout ce dont Lupa de Ranagan se rappelait en entrant ce matin-là dans sa chambre. Elle avait trouvé sur le lit Mia, toute habillée, au dessus du lit non défait, et Félice blottie contre elle, une main posée sur son ventre. 

Trois émotions. Colère, jalousie, vengeance. La loup-garou était allée prendre un verre d'eau pour leur balancer en pleine tête. Mia poussa un cri, l'eau paraissait gelée sur sa peau tiède. 

- Levez-vous. J'espère que vous avez bien baisés, lança Lupa d'un air mauvais.

Que c'était jouissif d'être aussi infâme ! La brune y prenait un plaisir tout particulier. Qu'elle aurait aimé pouvoir faire ça pendant son voyage... Mais avoir attendu en valait la peine. Felice crachota de l'eau, clignant furieusement des yeux.

Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant