Chapitre 20: Animal à dompter

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- La pleine lune ? Oh merde... Tu n'as pas de médicaments pour ? 

Félice s'affola en parlant, la voyant soudainement avoir un pelage dru sur les bras et les jambes. Mia aussi semblait paniquée, car ses yeux prenaient soudain une teinte jaune oeuf pourri, ses pupilles s'agrandissant. Elle gronda quelque chose que la rousse put comprendre:

- Tiroir gauche... Une pilule...

La magicienne déglutit et hocha la tête, se précipitant sur le meuble à sa gauche. Elle entendit Mia grogner, de plus en plus bestialement. Ses poings se fermèrent, ses griffes rentrant dans sa peau douloureusement, grandissant. Son dos s'arrondissait, son souffle devenait plus grave.

Lorsque Félice se retourna avec dans sa main la boite de pilules qui semblait être celle que la violette recherchait, elle étouffa un cri d'horreur. Un loup avait pris la place de Mia.

Il était grand, mais bien moins impressionnant que celui de Lupa, qui était en dehors. Sa crinière était violette au niveau de sa tête, descendant le long de sa colonne vertébrale, mais il était d'un gris pâle. Félice le trouva magnifique, mais bien moins beau que Mia elle-même.

- Tu m'entends...? dit elle timidement, s'apprêtant à hurler au moindre soucis.

En guise de réponse, le loup lui sauta dessus et la renversa. Félice poussa un couinement, sentant ses genoux ployer sous le poids du loup et la faire tomber en arrière. Elle atterrit sur le lit, le loup au dessus d'elle.

- Oh merde... laissa-t-elle échapper, les yeux écarquillés.

La bête ne semblait pas assez agressive pour lui faire du mal mais la bloquait notamment sur le lit, il fallait agir vite avant qu'elle ne change d'avis et la croque, tout autant qu'elle était.

- On se calme... Tu veux ça ? Regarde.

Elle agita la boite devant les yeux effrayants de la bête, ce qui sembla, au contraire de la calmer, la rendre encore plus sur les crocs. D'un coup de patte, elle le fit tomber sur le lit non loin du visage de Félice. 

Celle-ci la récupéra avec une main tremblante.

- Je... J'imagine que je n'ai pas d'autre choix que de te le faire avaler, hein ?

Elle ferma les yeux et se concentra. Sentant son sang tourbillonner dans son ventre, son coeur battre à tout rompre et ses méninges s'activer, elle parvint à l'aide de sa magie à immobiliser le loup. Des chaines dorées venaient d'apparaitre sur ses membres supérieurs et inférieurs.

Surpris, l'animal poussa un hurlement, avant d'essayer de se débattre. Mais contrairement à des cordes tout à fait banales, celles ci n'offraient aucune porte de sortie. La mâchoire libre de la loup-garou claqua dans le vide, alors que Félice s'extirpait difficilement de la poigne en s'emparant d'une pilule.

- Allez ma grande... 

Mais le loup gronda, bien déterminé à lui arracher la main si elle la tendait vers lui. Félice déglutit, lui faire avaler le cachet allait être beaucoup plus compliqué qu'elle n'avait prévu. Elle posa sa main sur la grosse tête poilue de l'animal:

- Tu ne me mords pas... C'est bien.

L'animal courba l'échine, ne pouvant atteindre sa main.

- Voilà.

Elle caressa son pelage, l'animal grondant et grognant sous ses doigts. Souhaitant l'habituer à sa présence pour lui donner le médicament lorsqu'il serait plus calme, elle continua jusqu'au moment où le loup n'essaya plus de mordre ses doigts, ou de se tordre en tout sens.

Elle attrapa sa gueule avec ses deux mains avant de lui murmurer des mots calmes. Plongeant son regard dans le sien, elle frissonna légèrement. Le loup ressemblait réellement à Mia, mais sa conscience était sûrement endormie sous cet aspect bestial.

Elle lui fit avaler le médicament, et Mia s'écroula sur le lit. Félice souffla un grand coup, rassurée de ne pas avoir été déchiquetée en mille morceaux.

- Ca va ? s'exclama-t-elle en se rapprochant de la violette.

- Oui... murmura cette dernière en la regardant. Merci. Merci beaucoup.

Félice la regarda, le coeur serré. Mia était plus pâle depuis sa rupture difficile avec Lupa, elle souriait moins, s'isolait souvent. Mais ce que la rousse ressentait pour elle... N'avait jamais changé.

Ainsi posée sur le lit, elle paraissait encore plus chétive, faible, et seule qu'à l'ordinaire. La magicienne la prit dans ses bras, s'allongeant sur le dos, la serrant contre son coeur. Sans réfléchir, elle s'était laissée aller à ses états d'âme.

- J'ai eu peur.

- Désolée de ne pas y avoir pensé avant, murmura Mia en se laissant choir contre elle, comme affectée par l'état d'esprit de la rousse. Je ne t'ai pas fais mal ?

- Pas du tout. Je t'ai même caressée.

Félice piqua un fard, heureusement que Mia ne put le voir car sa tête était posée contre son épaule. Elles ne bougèrent pas, s'étreignant doucement l'une sur l'autre. 

- Merci beaucoup. Tu es vraiment... Une bonne amie.

Félice la regarda, Mia avait relevé son beau visage doux et la regardait en souriant. Une amie, voilà ce que je suis pour elle. Evidemment. 

- C'est normal, déclara doucement la magicienne.

- Un jour, avec Lupa, j'avais été beaucoup exposée à la pleine lune et elle non. Elle a décidé de me priver de mon médicament pour s'amuser à voir jusqu'où je pourrais aller.

- C'est affreux, dit Félice d'un ton effrayé. 

- Douze points de suture, murmura Mia.

Dans sa tête, la rousse s'indignait. Si elle en était capable, elle serait allée s'embrouiller avec Lupa. Mais elle savait très bien qui gagnait toujours. Qui était la plus habile, la plus charismatique, la plus intelligente d'entre elles. Elle ne faisait pas le poids et ça la rendait chèvre. Autant qu'elle était une bonne amie, Lupa ne cessait de lui rappeler qu'elle ne pourrait jamais être autant qu'elle.

Mia remarqua que la magicienne avait les yeux dans le vide, une main posée sur le coeur. Elle la ramena à la réalité en mordillant son index.

- Ca va ?

- Oui, souffla Félice. Je suis juste choquée que de telles choses t'arrivent.

- J'étais amoureuse d'elle.

Leurs visages étaient trop près, leurs corps collés, l'index sur les lèvres de Mia bouillonnait d'avoir été en contact avec ses dents... Félice avait envie de fuir. Elle ne voulait pas être comme Lupa. Ne voulait pas agir, et penser après. Cette position, dans tout les sens du terme, n'était pas saine.

En se relevant légèrement, et retirant à contrecœur leurs corps enlacés, elle remarqua cependant la légère déception de Mia.

- Je comprend. Moi aussi, quand mon ex m'a quitté, j'ai compris beaucoup de choses sur lui.

- Tu ne m'en as jamais parlé.

Félice eut l'air mal à l'aise.

- Je n'ai pas trop envie.

- C'est okay.

Elles étaient maintenant assises l'une en face de l'autre et parlèrent un moment, calmant doucement les ardeurs qui avaient chauffé le corps de Félice douloureusement. Mia ne se doutait pas un seul instant des sentiments de la magicienne, trop embourbée dans sa propre rupture douloureuse, mais en cet instant, elle ne s'était jamais sentie aussi en sécurité avec elle. Félice était réellement une personne gentille et agréable. 

Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant