Mia repéra Félice qui s'était précipitamment éloignée du spectacle sanglant qui se déroulait à la table. La rousse était blême, accroupie près d'un buisson, cherchant à se remettre de la nausée qui la submergeait. Mia s'approcha lentement, ses pas feutrés trahissant une douceur rare chez elle. Elle s'accroupit à côté de Félice, posant une main réconfortante sur son dos, ses doigts effleurant la nuque de la magicienne.
- Hé, ça va aller, murmura-t-elle d'une voix rassurante. Lupa peut vraiment être une sauvage parfois, hein ? C'était un peu glauque, je m'en suis rendue compte trop tard.
Félice, encore secouée, hocha la tête, fermant les yeux un instant pour calmer ses vertiges.
- Tout va bien, ne t'inquiètes pas...
- Tu n'as pas l'air bien.
- Ce n'est même pas le sang, tu sais, dit-elle en soupirant. C'est juste... cette relation. Elles sont terribles ensemble. On dirait qu'elles se nourrissent de la pire partie de l'autre. C'est... malsain, murmura-t-elle en se redressant un peu.
Mia sourit, comprenant parfaitement le dégoût palpable dans la voix de Félice, tout en gardant une expression légèrement plus sérieuse.
- Ah, Perséphone et Lupa. Un vrai désastre ambulant, souffla la louve avec un air moqueur. Je crois que je les déteste toutes les deux. Je te vois papoter avec cette poupée de cire et je me demande comment tu peux la supporter...
Félice grogna, croisant les bras en tentant de se remettre de ses émotions.
- Elles ne sont même pas bonnes l'une pour l'autre. Je m'inquiète pour Lupa, tu sais. Elle se fait mal dans cette relation. Elle avait des bleus sur les bras, l'autre jour... Et même aujourd'hui, elle s'est griffé avec des épines de roses !
Mia acquiesça, un sourire en coin, jetant un regard amusé vers la table où la scène étrange se poursuivait.
- Ouais, une vraie tragédie grecque.
Félice soupira lourdement, luttant contre un nouveau haut-le-cœur. Mia posa sa main sur son épaule, sentant sa respiration la soulever, et murmura, dans le but de leur changer les idées:
- Je me demande ce qu'ils vont dire quand Ray reviendra. Ils ont beau dire le contraire, on voit bien que Dracula et Elizabeth se font chier aussi quand il est là.
- Il croit son frère en danger ! dit Félice en explosant de rire. Pour une mayonnaise !
- Je l'adore, pouffa la jolie Mia en lui prenant la main pour se relever.
Elle se campa sur ses arrières pour la soulever, et Félice, assise sur le sol, se leva d'un bond ce qui la surprit. Déstabilisée par son pied que la magicienne venait d'écraser par hasard, Mia miaula un cri avant de basculer en arrière, tenant toujours les poignets de la rousse qui finit par s'écraser sur elle, dans le gazon.
Elle éclatèrent de rire, surprises toutes deux par la tournure inattendue de cette chute. Félice se tenait sur le corps musclé de Mia, qui lâcha ses poignets.
Qui lâcha ses poignets alors que la magicienne était à deux centimètres de son visage dans un collé-serré très collé-serré. Elle sentit la panique se lire dans les yeux de son interlocutrice qui bafouilla:
- Désoléejaipasfaisattentionglbl
Mia sentit son propre souffle s'accélérer un peu alors que Félice se relevait, s'asseyant sur ses hanches pour se mettre debout. Très émoustillée, les joues cramoisie et le coeur battant, Mia se remit debout alors que la magicienne semblait horriblement gênée.
- Je... On y retourne ? Je crois qu'ils passent au dessert, bégaya-t-elle avec un air adorable.
Mia aurait voulu jouer la femme fatale, prendre le menton de Félice et lui dire en l'embrassant qu'il n'y avait aucun problème, ou alors répliquer quelque chose digne d'un film de romance lesbien... Elle hocha la tête timidement:
- Ouep.
Le ciel avait pris une teinte de velours profond, parsemé d'étoiles scintillantes, et une légère brise faisait vibrer les arbres du domaine. Le dîner était terminé, les couverts avaient été rangés, et peu à peu, une ambiance presque féerique s'installait dans le jardin éclairé par des lanternes suspendues. Des musiciens fantomatiques, presque invisibles à l'œil nu, jouaient une mélodie envoûtante, une valse douce mais enivrante. Tout invitait à la danse.
Elizabeth, dans sa robe d'un blanc immaculé, ouvrit le bal, tendant la main avec grâce à son mari Dracula, qui l'accepta avec la solennité d'un roi. Les convives se levèrent, et un à un, ils se joignirent à la piste de danse, glissant sur l'herbe fraîche comme s'ils flottaient au-dessus du sol.
Perséphone, fidèle à elle-même, se tenait légèrement à l'écart, un verre de vin à la main, observant le spectacle avec une froide élégance. Elle était vêtue d'une robe noire, sobre mais terriblement séduisante, ses cheveux blonds relevés en un chignon sophistiqué. Lupa la guettait du coin de l'œil, fébrile et nerveuse. La louve-garou avait troqué son habituel accoutrement sauvage pour quelque chose de plus raffiné, mais elle ne semblait jamais complètement à l'aise dans ce genre de situation.
Enfin, Lupa s'approcha, une main tremblante dans son dos. Perséphone sentit son regard perçant avant même que la louve n'ait dit un mot. D'un pas déterminé, Lupa s'avança, sans pourtant rien dire, ses yeux brillant d'une lueur presque enfantine. Elle se tourna finalement vers Adèle et demanda en cachant son malheur, avec une maladresse touchante.
- Tu veux danser ? demanda-t-elle, la voix à peine contrôlée, trahissant son impatience.
Adèle regardait ses parents, blasée, et tourna lentement ses yeux au maquillage éthéré. Elle considéra longuement Lupa qui ne souriait pas, et resta de marbre.
— Très bien, murmura-t-elle.
Lupa la guida sur la piste, maladroite mais déterminée, la prenant dans ses bras avec une douceur inhabituelle. Les premiers pas étaient hésitants, mais la musique semblait les envelopper peu à peu, les entraînant dans un tourbillon. Les mouvements de Lupa devinrent plus assurés, et bientôt, elles dansaient avec une certaine harmonie, leurs corps se rapprochant imperceptiblement au fil des mesures.
Autour d'elles, les autres invités dansaient aussi, mais la tension entre Perséphone et Lupa dominait l'atmosphère. Leurs regards étaient accrochés l'un à l'autre, une étincelle d'électricité flottant entre elles. Mia et Félice, quant à elles, se tenaient à l'écart, observant la scène avec des expressions mixtes. Mia, avec un sourire en coin, ne pouvait s'empêcher de commenter la scène.
- Elles ont l'air de s'amuser, hein ? Lupa la rend jalouse, ça crève les yeux, lança-t-elle doucement à Félice.
Félice haussa les sourcils, croisant les bras.
- "S'amuser" n'est pas vraiment le mot qui me vient en tête. Elles ont l'air prêtes à s'entre-dévorer. C'est... intense, murmura-t-elle.
Mia éclata de rire, amusée par le choix de mots de la magicienne, avant de poser un bras autour de ses épaules.
- Bah, tu sais ce qu'on dit... Les opposés s'attirent.
Félice sourit timidement, baissant les yeux, tandis que Mia l'entraînait lentement sur la piste à son tour, cherchant à l'apaiser après les événements du dîner. La rousse, encore légèrement perturbée, se laissa guider, un sourire timide aux lèvres, profitant de la légèreté de ce moment inattendu.
Sur la piste, Lupa et Adèle tournoyaient toujours, captives l'une de l'autre. La lumière des lanternes dessinait des ombres gracieuses autour d'elles, et pour un moment, le monde extérieur semblait disparaître. Tout n'était que musique, peau contre peau, et regards profonds. Perséphone quitta l'endroit en regardant Lupa embrasser de nombreuses fois Adèle. Sur ses joues blanches comme de la porcelaine, on aurait dit que des diamants brillaient.
- Encore, murmurait Lupa qui réprimait les contractions de son estomac.
Adèle laissait ses lèvres jouer avec celles de la grande brune mais ne répondit pas. Elle se contenta de glisser ses doigts dans les cheveux de Lupa, comme une caresse silencieuse, acceptant pour un court instant de jouer à cette mascarade qui détruisait son coeur.
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Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]
Romantizm*Tu faisais la fière, tu paradais avec des femmes comme trophées. Je n'aime pas l'arrogance. Et tu n'aimes pas qu'une femme le soit plus que toi. Tu les veux en laisse, n'est-ce pas, puppy ? Mais tu sais bien que moi je serais indomptable. Tu veux q...