Chapitre 47: Le soleil et la lune...

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Lupa sentit sa bouche devenir sèche et sa langue plus épaisse qu'un bout de carton. Sa tête tournait, déjà enivrée par la peau de Perséphone. Elle grogna d'un air stupide:

- Gné ?

 - Notre relation, répéta calmement Perséphone.

On pouvait cependant lire dans son regard une certaine appréhension, même un peu de peur. La blonde s'assit en tailleur, chaste, et releva ses cheveux en un chignon lâche, d'où s'échappèrent des mèches comme des épis de blés remués par le vent. La brune la regarda en clignant des yeux.

- Bah quoi.

- Tu sais que tu nous met dans une situation délicate. Déjà, ma soeur...

- C'est réglé, coupa la louve en un souffle rauque. Elle sait pour nous deux, elle a pleuré hier soir.

- Oh non ! Adèle... murmura Perséphone, effarée.

- De toute façon elle voulait juste que je la baise aussi, à mon avis.

- Hé !

- Quoi ?

- Ne parle pas comme ça de ma soeur, ça va pas ?!

Perséphone commença à s'énerver contre la pauvre brune qui la regardait avec de grands yeux, se demandant sincèrement ce qu'elle avait.

- Tu ne peux pas parler des femmes ainsi ! Toi qui me servait ton habituelle sauce à la "j'ai changé" j'ai l'impression d'entendre l'ancienne Lupa. Tu es un animal ou un humain ? Comporte toi en tant que tel !

- Pardon, dit la brune d'un air benêt.

La blonde soupira, et passa une main dans les cheveux de sa belle, les remettant en place:

- J'imagine que ce n'est pas grave. Il reste cependant un seul souci, et je n'ai trouvé qu'une seule solution. Mon futur mari. Même si je déclarais à mes parents ne pas l'aimer, ça ne changerais rien. Il faut que... Il faut que tu me demandes ma main.

Lupa recula d'un pas, le souffle coupé, son regard fixant celui de Perséphone comme si elle venait de recevoir un coup en plein cœur. Elle cligna des yeux, un rire nerveux échappant de sa gorge, incontrôlable.

- Te... te demander en mariage ? Moi ?

Elle secoua la tête, stupéfaite. Tout en elle se rebellait contre l'idée, un sentiment de panique montant en elle. Ses mains devinrent moites, et elle croisa les bras, se mordant nerveusement la lèvre. Elle ne parvenait même pas à concevoir une telle idée sans un frisson de terreur.

Dans son esprit, l'image d'une vie au quotidien avec Perséphone prit forme : les jours coincés dans le manoir, à devoir jouer la façade de l'épouse parfaite, immobile et sage, tenant la main de Perséphone dans un salon austère, coincée dans un rôle de compagne modèle... Elle s'imagina des jours entiers passés à sourire en coin lors de conversations banales avec des invités guindés, des dîners imposants où elle devrait la servir et la flatter sans jamais laisser son esprit vagabond courir vers la forêt, là où elle se sentait elle-même.

Puis elle se visualisa avec Perséphone, qui la scrutait, la jugeait, pointant du doigt chaque manquement, chaque écart de conduite, et la corrigeait avec cette froideur qu'elle avait, ce perfectionnisme sévère qui l'avait pourtant attirée si fort. L'idée même d'être liée à jamais, chaque jour plus enchaînée, lui donnait le vertige.

- C'est impossible, dit-elle enfin d'une voix plus rauque qu'elle ne l'aurait voulu. Tu m'as vue, Perce... Je suis... Je ne suis pas de ce monde ! J'ai besoin de bouger, de vivre, de sentir la terre sous mes pieds, de suivre mon instinct ! Et toi... toi, tu veux quelqu'un de stable, quelqu'un de parfait, quelqu'un qui ne te décevra jamais. Ce n'est pas moi.

Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant