Chapitre 22: Journée de repos

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Félice et Mia eurent vite fait de retrouver Lupa. Nue, couverte de feuilles et de mousse d'arbres, elle semblait inconsciente. Pourtant, elle respirait et marmonnait parfois de mots étranges... A part de légères blessures au niveau de ses jambes et de ses bras, elle allait bien.

Félice enleva son sweat afin d'enrouler la jeune femme dedans, frissonnant à cause du froid. Mia la prit dans ses bras, grognant légèrement à cause du poids de la femme qui était bien plus grande et imposante qu'elle. 

Revenir au château fut aisé, et elles posèrent Lupa sur le lit à côté de Ray et Perséphone qui semblaient enlacés. Mia la recouvrit de son drap par respect pour sa pudeur et sortit de la pièce, laissant les trois ensemble.

Les deux fiancés n'étaient pas enlacés, non. Après que Adèle ait décidé qu'elle ne pouvait rien faire de plus pour eux et qu'elle allait se coucher, Perséphone avait continué à déverser ses larmes contre l'épaule de Ray, qui l'avait prise maladroitement contre elle.

Elles se tarirent dès que Lupa fut placée dans la pièce. Avec un gémissement sourd de douleur, Perséphone se releva, sur une jambe, et se traîna jusq'au lit double, le coeur battant. Elle regarda avec inquiétude le visage de Lupa. La colère du loup était telle qu'elle avait pu se faire mal elle-même, mais ça n'avait pas l'air d'être le cas.

Ce visage endormi... Perséphone s'écroula sur le lit, soulagée mais perclus de douleur.

- Je veux que tu t'en ailles, maintenant, dit Perséphone à l'intention de Ray.

Etonnamment, celui-ci ne fit pas long feu avant de s'exécuter, et elles se retrouvèrent seules à nouveau. Parcourue de frissons, Perséphone se colla à elle, séchant ses larmes. La seule couverture qu'elle voulait avoir était le corps de Lupa, elle enleva le drap et posa sa tête contre son sein, écoutant les battements de son coeur.

Sa peau était douce, chaude, parsemée de cicatrices. Perséphone se sentit apaisée, ainsi blottie contre elle. La douleur s'en allait, ainsi que sa conscience car bientôt elle sombra dans un océan de rêves étranges.

Ce soir-là, tout les esprits étaient réunis. Mia et Félice dormaient dans le même lit, la violette en boule contre le dos de la rousse. Perséphone et Lupa se reposèrent jusqu'au matin, dans une étreinte étroite, Dracula et Elisabeth de Brières dans une autre chambre.

Il n'y avait que Ray et Adèle, seuls dans leurs chambres respectives, qui attendaient des amantes qui ne viendraient jamais...

=^..^=

La journée qui passa sans que Lupa et Perséphone ne sortent de leur chambre, sûrement en train de se reposer, fut affreusement monotone.

Malgré le fait que Adèle n'avait jamais le moral, se plaignait tout le temps, et affiche toujours une tête à la fois énervée, ennuyée, et irritée, on sentait bien qu'elle était affectée par les évènements. Sa fiancée avait tout de même attaqué sa sœur, non ?

Contrairement à ce qu'elle put croire, la conversation à table ne fut pas à propos de cela mais bien de combien de litres de sang Amande aurait pu faire don pour le couple assoiffé. Mia et Félice semblaient d'excellente humeur, et plus soudées que jamais. C'était sûrement le fait que Lupa n'était pas là pour rappeler à la rousse son amour illégal pour son ex petite amie.

Mia quitta la table tôt pour sortir dehors, les mains dans les poches. Elle regarda les jardiniers travailler paisiblement, les gens s'installer sur des tables de jardin pour discuter des fleurs.

- Ma fille est très douée en jardinage, confia le spectaculaire Dracula à la cantonade. C'est elle qui fait pousser les roses dans ce jardin.

- Elle aime particulièrement les roses blanches, fit remarquer Amande en plissant ses yeux tigrés, dans le but d'apercevoir au loin un bosquet couvert de fleurs.

- Sa spécialité. Des fleurs qui ne poussent qu'avec des dents de vampire plantées à la pleine lune. Chaque année elle se les fait arracher pour les planter. Un sacrifice qui repousse en une semaine et plante de magnifiques rosiers. 

Mia regarda par la fenêtre en haut, l'air de penser à autre chose.

- Cette Perséphone est douée en tout, dit une voix posée à côté d'elle.

Elle se tourna pour regarder Félice qui regardait aussi la fenêtre où les deux blessées, Lupa et Perséphone, se reposaient. La jeune femme avait croisé les bras, et relevé ses cheveux en un chignon. Mia la trouva belle, ainsi. 

- Oui, visiblement. Elle ne rechigne jamais à la tâche, un vrai bon petit chien, dit Mia en soupirant amèrement. Je comprend mieux pourquoi Lupa l'...

La fin de sa phrase fut coupée par la main de Félice, qui ouvrit grand les yeux et se tourna vers une tierce personne qui entrait dans la conversation:

- Salut, Adèle ! Ca va ?

- Très mal. Et vous ?

- Plutôt bien.

- Euh, ça va, dit Mia, étouffée par la main de Félice sur ses lèvres.

La rousse sembla avoir un frissonnement et enlever sa main d'un geste crispé, une légère rougeur sur ses joues. Adèle se posta devant elle, blasée et fatiguée comme à son habitude.

- Je me demande si ma sœur va mieux. Je ferais bien d'aller la voir.

Félice fit non de la tête d'un air embarrassé. Elle connaissait assez bien Lupa pour savoir qu'Adèle interromprait quelque chose qui ne lui plairait pas, dans cette chambre. Devant l'air interloqué de Adèle, elle s'expliqua:

- Elle doit être en train de dormir... Les grincements du parquet la réveilleront et elle ne sera pas contente. Non, vaut mieux attendre jusqu'à ce soir.

Pour mieux faire passer son mensonge, elle haussa nonchalamment les épaules. Adèle la fixa un moment, impénétrable, avant de décréter d'un air décontracté:

- Alors Félice, tu l'as pécho, finalement ?

Le coeur de la concernée rata un battement alors que Mia penchait la tête sur le côté d'un air intrigué. En bafouillant, elle changea rapidement la conversation pour parler du fait qu'il lui semblait étrange que Ray se soit fait vaincre par un loup, lui qui était normalement un si grand chevalier.

- C'est vrai. Là, il a l'air en pleine forme pourtant, soupira la violette en regardant d'un oeil mauvais le métisse qui racontait sa vie à un fantôme qui transportait placidement des chaises de jardin.

- Il est gentil, dit Félice d'un air détaché.

Il était clair que Perséphone était jetée aux lions. Destinée à être la proie à des oeils prédateurs, Félice n'enviait pas sa triste condition. Mais à choisir, la rousse la préférait aux bras de Lupa plutôt que ceux de Ray. Le chevalier la mettait mal à l'aise et ne cessait de convoiter ses charmes ardemment. Lupa, au contraire, semblait... S'être étonnamment calmée. 

Félice n'avait pas la prétention de dire que Lupa était une bonne personne, loin de là. Mais peut-être y avait-il un espoir pour que Perséphone lui ouvre les yeux...


Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant