"Ne me réveille pas. Je suis tellement éreintée, j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil. Si tu te réveilles, prend la pommade dans le tiroir du placard du bas, et applique la moi."
Lupa n'avait jamais été une lève-tôt, mais ce jour-là, dès les aurores, ses yeux s'ouvrirent presque comme par magie. Il y avait parfois des jours où, après une dispute, aller dormir et se réveiller dans un nouvel état d'esprit était bénéfique. Aujourd'hui, Lupa sentait presque comme si la journée de la veille avait continué.
Encore emplie par les gémissement, l'extase brutale et la haine concupiscente de Perséphone, elle s'étira tranquillement avant de grimacer, ses muscles criant de douleur. Elle avait dans le cou, entre les seins et dans les cuisses de nombreuses morsures de vampire. Perséphone ne l'avait épargnée, les blessures brûlaient affreusement. Aussi, son bassin et son dos criaient au repos.
Elle remarqua Perséphone, étendue en chien de fusil contre son flanc, ses cheveux cachant son visage profondément endormi. Avec grande précaution, Lupa dégagea une mèche de cheveux pour regarder ses paupières closes, son nez délicat et sa bouche vermillon. Un sourire lui monta aux lèvres, alors que la fierté la prenait.
Perséphone lui appartenait.
Quelle douce perspective ! Lupa étouffa un nouveau bâillement avant d'ouvrir ledit tiroir et en sortir une pommade dont le récipient n'avait pas d'étiquette. L'odeur de la pommade d'un jaune tirant vers le beige ressemblait à celle du propolis, substance produite par les abeilles, ou à celle de la menthe verte. Son odorat, pourtant délicat, trouva l'arôme agréable.
Elle se leva pour aller se laver les mains, avant de prendre sur son index et son majeur une noisette de la crème. Puis, elle regarda le corps de Perséphone, emmêlé dans le drap blanc. Sa peau se confondait presque avec la couleur du tissus, elle était pâle comme la mort. On aurait dit un tableau d'un peintre, représentant une muse dans toute sa douceur et sa beauté fragile.
Lupa s'assit près d'elle, écoutant leurs respirations en réfléchissant. Elle savait désormais que Perséphone était une véritable amazone, qu'elle avait plus de caractère que 10 femmes réunies. Cependant ce soir-là, ce n'était pas la colère qui poussait Perséphone à cette folie, cet état complètement dément où elle s'était retrouvée. Lupa avait eu peur d'elle, mais certainement pas de sa colère.
La louve avait eu peur pour elle, assurément. Perséphone s'autodétruisait en couchant avec elle, pourquoi adopter un tel comportement ? Ses mouvements désordonnés, ses baisers agressifs, la claque qu'elle lui avait mise... Pourquoi ?
Elle enleva le drap et la décala, ayant accès à son dos nu. Le long de sa colonne vertébrale, quelques morsures de Lupa gardaient une trace rose, peu douloureuse au paraitre. Aussi, des suçons sur les hanches, et quelques griffures certainement involontaires. Lupa y appliqua la pommade avec ses deux mains, massant pour faire rentrer le produit.
Les femmes étaient compliquées, mais Lupa avait toujours été une experte. Mia, ou encore Adèle, n'étaient pas vraiment compliquées à suivre: elles la voulaient. Lupa était désirée, physiquement, psychologiquement. Mais Perséphone, la désirait-elle encore ? On n'agresse pas ainsi une personne avec qui l'on veut coucher, pensait Lupa d'un air désapprobateur. Le safe word la rendait encore plus confuse.
Perséphone voulait-elle que la brune le prononce ? Ou au contraire, ne le dise pas, pour continuer à coucher avec elle toute la nuit.
- Tu m'as dit je t'aime... murmura Lupa d'un air incertain. C'était... Plus que le safe word, je pense. Je crois que tu m'as menti. Menti sur pleins de trucs que tu as dit. J'y ai pas mal réfléchi, d'ailleurs. Tu as dit que tu allais vivre avec Ray mais tu as menti, parce que ce n'est pas à lui que tu dirais le safe word. Tu m'as dit que tu ne tomberais jamais amoureuse de moi et j...
Perséphone ouvrit lentement les yeux avant de demander d'une voix cassée:
- Mmh... Quelle heure ?
- Sept heures du matin, murmura Lupa en massant les poignets de la blonde avec lenteur.
- Va dans ta chambre. S'ils nous voient, ç'en est fini de nous.
- C'est... Qui nous ? demanda Lupa d'un air à la fois effrayé, et perplexe.
Perséphone ferma les yeux à nouveau, ensommeillée:
- Toi et moi. De qui je pourrais parler d'autre, espèce d'idiote ?
- D'accord, déclara la louve, peu convaincue, en se levant.
- ... N'ose même pas croire que je suis ta propriété.
- Hé ?! Je ne pensais pas à ça !
- Ca se lisait sur ton visage. Je t'ordonne de ne plus venir me voir.
- Quoi ?!
- C'est moi qui viendrait à toi.
Lupa ne dit rien, se mordillant la lèvre, rassemblant ses affaires avant de les mettre sur son épaule musclée, voulant traverser le couloir nue pour rejoindre sa chambre.
- C'est... Compris, Perce.
- Et ne m'appelle pas comme ça.
Lupa ferma la porte derrière elle.
=^.3.^=
Le petit déjeuner fut une étape que Félice aurait bien voulu sauter depuis qu'elle mourrait de gêne à chaque fois qu'elle croisait soit le regard de Lupa, soit celui de Mia, soit celui d'un des parents présent dans la salle à manger.
Ca ne laissait pas beaucoup de gens à qui parler. La seule personne que la rousse aurait voulu voir était Perséphone, mais celle-ci n'était toujours pas réveillée alors qu'il était neuf heures du matin.
Il n'y avait pas grand monde lorsque la magicienne descendit les marches craquantes du long escalier de bois du manoir. Dracula semblait préparer quelque chose aux cuisines avec Adèle, Elizabeth lisait un long et volumineux journal, cachant l'intégralité de son corps, et Ray regardait Mia gober des yeux humains comme si c'était de vulgaires œufs à la coque.
- Vous... Ce sont de vrais ? s'écria-t-il, épouvanté.
- Ben, ouais ? répondit-elle d'un air surpris. Z'en voulez un ?
Il retint un cri, prenant une couleur verdâtre, alors que la violette tenait un oeil entre ses deux doigts griffus, lui tendant alors que la pupille se secouait dans le globe, paniquée.
- C-c-c-ca bouge !
- Evidemment, c'est meilleur vivant, dit la loup-garou d'un air amusé.
Alors que Ray se levait précipitamment pour aller aux toilettes, Félice s'assit et évita soigneusement le regard de Mia, qui semblait tout de même décidée pour lui parler:
- Lupa a dormi où, ce soir ?
- Pas dans la chambre, répondit Félice en chuchotant, pour ne pas que Adèle l'entende, dans la pièce d'à côté. Certainement chez la-fille-dont-nous-connaissons-le-nom-mais-dont-nous-n'allons-pas-parl...
- Perséphone, coupa Mia, un sourcil levé. Sûrement.
- Chht !
Félice baissa les yeux, fronçant les sourcils, se penchant précipitamment pour poser son index sur les lèvres de la loup-garou qui sourit. Sur son doigt, elle sentait son souffle chaud, alors que Mia mordillait son doigt en la regardant droit dans les yeux. La magicienne rougit mais n'eut pas l'audace de retirer sa main, comme si le faire pouvait trahir ce qu'elle ressentait à chaque fois que la louve le faisait.
- J'ai plus envie de le cacher, dit Mia avec une étincelle dans la voix, croquant son doigt entre ses canines acérées.
- De q-quoi ? dit Félice précipitamment, essuyant finalement son index sur son pyjama de laine.
- Perséphone et Lupa, quoi d'autre ?
- Oh ! Euh, oui, bien sûr, on parlait de ça. Fais... Ce que tu veux.
Le sourire malicieux de la violette s'effaça, alors qu'elle voyait que la magicienne ne semblait pas amusée par son comportement. Elle finit par soupirer, voyant que la conversation s'arrêtait là, et mangea un nouveau globe oculaire avec ennui.
- Tu en veux ?
- Euh, non ! S'empressa de dire Félice.
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Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]
Storie d'amore*Tu faisais la fière, tu paradais avec des femmes comme trophées. Je n'aime pas l'arrogance. Et tu n'aimes pas qu'une femme le soit plus que toi. Tu les veux en laisse, n'est-ce pas, puppy ? Mais tu sais bien que moi je serais indomptable. Tu veux q...