Chapitre 10: My strange addiction

67 16 5
                                    

Lupa sentit son coeur se serrer légèrement lorsqu'elle entra dans la chambre. Le soleil s'était à peine couché et le manoir se vidait déjà. Avançant sur la pointe des pieds, Lupa pria pour qu'elles ne l'entendent pas arriver. Heureusement pour elle, les deux jeune femmes dormaient. Mia était allongée en boule sur un côté du lit double. Félice lisait sur son lit, adossée au mur.

- Salut, dit la rousse en brisant le silence.

La brune, qui pensait être passé incognito malgré sa grande silhouette, et le boucan qu'elle faisait, grogna:

- Pourquoi tu t'couches pas avec elle ?

- Quoi ? s'étonna la magicienne, décontenancée.

- J'sais que t'en rêves. Pourquoi tu vas pas te coucher dans notre lit ? 

- Je... enfin, c'est votre lit à toutes les deux. Et je ne veux pas m'impliquer dans tes affaires de cul, Lupa, dit elle avec froideur. 

- Écoute. C'est normal, je viens de la quitter. Elle va vouloir revenir.

- Et tu lui mets des stops, peut-être ? ironisa la rousse avec la mâchoire serrée. Tu es gentille, honnête avec elle ?

- Vous me cassez les ovaires avec ça, dit Lupa en levant les yeux au ciel. La quitter c'est simple non ? Si elle ne comprend pas, c'est son problème. 

Choquée, Félice la regarda un moment en fronçant ses sourcils.

- Estimes toi déjà heureuse que je t'ai emmenée dans mon voyage avec moi, dit Lupa en haussant les épaules d'un air détaché.

- Tu es sérieuse ? 

La rousse balança son livre dans les draps en un geste de rage, les dents serrées, mordant sa lèvre beaucoup trop fort.

- Tu m'as invitée juste pour pouvoir t'amuser à me regarder être amoureuse de...

- Mia. Et j'aurais pu maintes et maintes fois t'embrouiller pour ça. J'ai plutôt choisi de décider si oui ou non je créerais de la romance entre vous. C'est bien plus amusant comme ça, non ?

- Va te faire...

- Je m'en vais. Je dormirais pas dans cette chambre, vous pouvez baiser à votre aise.

- T'es vraiment monstrueuse, dit la rousse sur le coup de la colère.

- Oui, d'ailleurs je suis une loup-garou, ricana-t-elle. Allez, salut. 

Elle lui envoya un baiser en embrassant sa main et en lui tendant avec un sourire narquois dentelé de canines pointues. Puis, essayant d'être le moins bruyante possible, elle sortit, sa queue de loup s'agitant bruyamment de droite à gauche, signe qu'elle était amusée. Elle pouffa légèrement dans le couloir en descendant les marches grinçantes. 

Dès qu'elle vit Perséphone prostrée sur une table, Ray penché sur elle, son sourire disparut. Elle dégagea une chaise en toussotant et s'y assit de tout son poids -une bonne centaine de kilos de muscles-.

- Bonjour. 

Perséphone était plus pâle qu'à l'ordinaire, et tenait son visage dans ses mains. Ses yeux hasardeux, hagards, se relevèrent vers elle. Une lueur étrangement rougeoyante y brillait, ce qui surprit Lupa. Normalement, la jeune femme avait des yeux bleus très clairs, presque gris. 

- Bonjour, Lupa, dit Ray avec un mélange d'agacement et de médisance. Nous étions en train de discuter de nos projets de la semaine. 

Mon cul, ouais, pensa la louve en plissant les yeux d'un air méfiant. Perséphone respirait rapidement, sa poitrine se soulevant irrégulièrement. 

- Est-ce que tout va bien ? dit la brune en se penchant vers eux.

- Oui... Oui, oui, répéta Perséphone avec un petit geste diligent de la main pour la faire partir. 

Elle semblait avoir mal, son front était moite et plissé comme par mille soucis. Son teint était pâli, ses joues rougies... Quelque chose clochait et cela affolait la brune par procuration. Elle se retint de grogner sur Ray lorsqu'il posa sa main sur le dos nu de la blonde presque couchée sur la table. Cette dernière eut un mouvement de rejet, crispa ses poings.

- Hé, arrête de la toucher, aboya Lupa.

Ray la regarda avec incompréhension, avant de dire d'un ton pompeux:

- Excusez-moi, mais c'est ma fiancée, pas la vôtre !

- Dégage ta sale main, connard, dit elle, sentant la moutarde lui monter au nez. Ou je te pète la gueule et il n'y aura pas Adèle pour me retenir.

- Lupa je... déglutit la vampire en se mordant l'intérieur de la joue. 

Ray se leva d'un air outré, et pointa la loup-garou du doigt:

- Cette femme est hystérique ! Je ne resterais pas une minute de plus dans cette pièce avec une meurtrière. 

- Allez, casses toi, dit elle en lui montrant les crocs, ses oreilles mises en arrière en signe d'agressivité.

Lorsqu'il fut sortit, au son de la porte qu'il claqua, Lupa rapprocha sa chaise en fronçant les sourcils:

- Il y a un problème ? Tu es blessée quelque part ? 

- N-non, pas blessée...

- Je peux faire quelque chose pour toi ?! s'inquiéta la loup-garou.

- J'ai... Je ne suis pas allée me nourrir de sang depuis une semaine... 

- Oh merde, dit Lupa en se grattant la nuque, l'air consternée. 

Il était vrai que depuis que le fiancé de Perséphone s'était longuement plaint sur la valeur riche en viande et en sang des repas de ses hôtes, ils préféraient le laisser cuisiner. Le sang était donc remplacé par du vin, le rôti de paysan par du faisan... Et ainsi de suite. Lupa pouvait donc assez facilement deviner que le dernier repas de la blonde avait été sa nuque -ce qui remontait à assez longtemps, finalement-.

- Il ne faut pas que tu mordes Ray... Il n'y survivrait pas, dit Lupa en se levant pour prendre ses épaules, malgré le fait que la vampirette semblait faiblir.

- Je sais... Evidemment

Perséphone essaya de se lever mais vacilla et faillit tomber, se retenant toujours au dossier de la chaise. Lupa, de ses réflexes canins, parvint à empêcher sa chute en mettant prestement une main entre ses omoplates. Perséphone lui lança un seul regard rougeoyant avant de planter ses crocs dans sa chair. 

Lupa poussa un cri de surprise, partagée entre la douleur et l'agacement. Ça commençait toujours comme ça, avec les vampires... Pourquoi c'était aussi cliché ? Elle découvrit sa gorge à la jeune femme en mettant sa tête en arrière, fixant le plafond de ses pupilles lupines. 

Elle sentit avec ennui la blonde sucer son sang en déposant ses doigts glacés sur sa trachée, comme une chauve-souris sur sa proie... Qui la dépassait de plusieurs têtes. Mais Lupa sourit légèrement et ferma les yeux. Après l'étonnement de se retrouver dans cette situation, elle se trouvait tout de même satisfaite de la façon dont les choses allaient.

Perséphone la mordit plusieurs fois et lorsqu'elle eut fini, elle s'assit sur la table, la bouche et le menton couverts de son sang, l'air rassasiée. Elle regarda par terre, les joues rougies par ce qui semblait être ...? De la honte, de l'embarras. Ou un sentiment plus complexe de trouble que même Lupa -une experte en femmes autoproclamée- n'avait pas bien saisi sur l'instant.

- C'est bon, mademoiselle ? ironisa Lupa en tâtant les petits trous qu'elle avait fait dans son cou, où des gouttes de sang perlaient encore. 

- Oui. Désolée...

La vampire semblait troublée par ce moment où elle s'était laissée emporter, visiblement comme cette nuit où elle s'était laissée aller avec une inconnue qui s'était avéré ne pas en être une. 

- Pas grave, sourit Lupa avec un clin d'oeil.

- Mais... Mais... MA FIANCÉE ?! fit une voix paniquée alors qu'une lampe tombait au sol, sûrement lâchée par son propriétaire sous le coup de la surprise.

Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant