Chapitre 35: Remettre les points sur les i

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Félice se pinça les lèvres, la regardant se mettre à genoux devant elle. Mia avait toujours ce regard joueur, cet air trublion qui rendait Félice généralement très apte à lui tomber dans les bras. Mais elle savait se méfier de ce regard, qui reflétait la souplesse d'un prédateur. Mia, la louve-garoute, surgit devant elle, dans un mouvement à la fois fluide et sûr. Avant qu'elle ne puisse dire un mot, Mia, d'un geste presque théâtral, posa son deuxième genou à terre, levant les yeux vers Félice avec un sourire espiègle aux lèvres, ses canines légèrement visibles.

- La pleine lune ne pourra jamais me fasciner autant que toi, murmura Mia d'une voix rauque, adoucie par un brin de malice. 

Félice cligna des yeux, essayant de cacher son trouble face à cette entrée inattendue. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une chaleur diffuse se propager dans son ventre, bien que les battements de son cœur lui criaient de rester calme. Mia leva lentement une main griffue et effleura le bas de la robe de Félice, sans la quitter des yeux. 

- Si tu me le permettais, je resterais là, à tes pieds, à te contempler pour toujours.

Un frisson parcourut l'échine de Félice. Elle inspira profondément, tentant de reprendre contenance, mais le regard intense de Mia, brillant d'une lumière animale, la clouait sur place. Ses joues s'empourprèrent légèrement malgré elle.

- Mia... commença Félice, la voix légèrement tremblante. Qu'est-ce... Q-que tu fais ? C'est ridicule.

- Ridicule peut-être, mais sincère. répondit Mia en inclinant légèrement la tête, ses oreilles légèrement rabattues dans un geste de soumission calculée, qui en réalité ne cherchait qu'à inverser leurs positions de pouvoirs. 

- Tu sais, j'ai réfléchi à mon comportement. Je suis prête à... Faire mieux. 

Félice fit mine de détourner le regard,mais son coeur se serra dans sa poitrine. 

- Et si je disais non ? demanda-t-elle, la voix douce mais teintée d'une pointe de défi.

Mia la fixa intensément, ses yeux d'or scintillant sous la lueur des torches du couloir. Elle se redressa doucement, sans lâcher la main de Félice, la caressant du bout des doigts avec une tendresse inattendue. 

- Pourquoi non ?

Félice laissa échapper un petit rire, baissant enfin les yeux vers Mia, son sourire clairement visible. Elle secoua la tête, son sourire virant à l'aigre comme une saveur amère.

- Pour mille raisons. 

- J'ai envie que tu me dises. 

- Parce que... Tu es une loup-garou, que tu viens de te séparer, que tu n'es pas amoureuse de moi, que tu instaures une tension sexuelle que je n'aime pas, parce que tu m'as forcée à t'embrasser, parce que tu ne t'es pas excusée, parce que ce n'est pas le bon endroit...

Elle reprit bruyamment sa respiration, finissant par une phrase, presque paniquée:

- Et parce que j'ai peur.

- Félice... souffla Mia, une certaine détresse se lisant dans ses yeux aussi, elle ne s'attendait sûrement pas à cette réponse.

- Je dois aller en bas ! coupa la rousse dont la bouche se tirait vers le bas, alors que son visage se refermait.

- Att...

- Je n'ai pas envie de te parler. Tu ne te comportes pas bien avec moi. Prend au moins s-soin de mon coeur, si tu n'en veux pas.

Mia resta figée, ses mains toujours suspendues dans l'air, comme si le monde s'était momentanément arrêté autour d'elles. Ses oreilles, qui auparavant trahissaient une certaine arrogance, se rabattirent entièrement en arrière, signe de sa confusion et de sa surprise. Elle ouvrit la bouche, cherchant une réponse, mais aucun mot ne sembla suffisant pour dissiper l'épais nuage de reproches qui venait de s'abattre sur elle.

Félice, tremblante, fit un pas en arrière, son cœur battant encore plus vite que quelques instants auparavant. Ce n'était pas tant la confrontation qui l'effrayait, mais ce qu'elle ressentait en la vivant. Elle s'éloignait lentement, sentant les émotions la submerger. C'était étrange, déroutant, cette proximité étouffante que Mia instaurait avec une désinvolture presque carnassière.

- Félice, attends...  balbutia Mia, toujours agenouillée, ses griffes repliées dans un rare moment de vulnérabilité.

Félice se tourna vers elle, un éclat de colère dans le regard, mais aussi de tristesse. 

- Tu ne comprends pas, Mia, tu... tu ne peux pas juste me prendre pour acquise. Je ne suis pas là pour combler un vide, ni pour jouer un rôle dans ton théâtre. Je ne suis pas Lupa. 

 Sa voix, d'abord tremblante, se raffermit au fur et à mesure qu'elle parlait, comme si chaque mot la libérait d'un poids longtemps gardé. Mia secoua la tête, se redressant enfin sur ses jambes. Elle semblait chercher les bons mots, ses pupilles se rétractant légèrement sous la tension. 

-  Je n'ai jamais voulu te faire sentir ça. Je pensais... Je croyais que ce que je ressentais...

 Elle laissa sa phrase en suspens, comme si elle réalisait à cet instant la fragilité de ce qu'elle avait essayé de construire.

-  Tu ne pensais pas, justement, coupa Félice, sa voix plus dure qu'elle ne l'aurait voulu. Tu agis toujours comme si tout t'appartenait, comme si je te devais quelque chose. Mais j'ai aussi mes limites. Je mérite d'être respectée, Mia. Ca ne m'amuse pas d'être utilisée comme un objet.

Sa gorge se serra, mais elle tint bon. Mia s'approcha, hésitante, comme si elle avançait sur un terrain dangereux. 

- Félice, je sais que j'ai fait des erreurs. 

Ses yeux, habituellement si joueurs, semblaient maintenant empreints de regrets. 

-  Je ne voulais pas... te faire du mal. Je ne sais pas comment gérer le fait que... Chimiquement, j'aime que tu me veuilles. 

Félice se mordit la lèvre, sans rien dire. Quelle phrase... Décevante à entendre.

- Si tu veux que ça marche, tu dois comprendre que je ne suis pas là juste pour remplir un espace. 

Le silence tomba lourdement entre elles, comme un voile de glace. Mia se mordit l'intérieur de la joue, ses griffes s'enfonçant doucement dans ses paumes. 

- Je te veux, Félice. Je ne sais pas encore comment, ni pourquoi, parce que j'étais encore dans le déni. Mais là ça me parait plus clair.

Sa voix, cette fois, n'était ni espiègle ni malicieuse. C'était une déclaration brute, dénuée de la légèreté habituelle qui teintait ses mots.Félice hocha doucement la tête, ses yeux toujours fixés sur ceux de Mia. 

- Alors montre-le. Prouve-le. Je ne veux plus de gestes impulsifs ou de tension s-sexuelle 

 Elle fit un pas en arrière, les épaules toujours tendues.  Mia resta immobile, incapable de répondre tout de suite. Mais dans son regard, il y avait une compréhension nouvelle, une conscience que ce qu'elle avait tenté jusque-là n'avait pas suffi. 

-  D'accord, murmura-t-elle enfin, sa voix plus douce qu'un souffle. J'suis désolée de t'avoir sauté dessus.

Félice acquiesça lentement, mais sa réserve ne disparut pas pour autant. Elle n'était pas encore prête à accorder pleinement son pardon, ni à céder de nouveau aux charmes envoûtants de la louve-garou

- Souviens toi que je ne suis pas comme ton ex, concernant les relations. D'accord ?

Sans attendre une réponse, elle tourna les talons et s'éloigna, laissant Mia seule dans le couloir. Tandis que Félice disparaissait au coin du couloir, la violettes baissa lentement la tête, ses oreilles toujours abaissées, consciente qu'elle venait de se manger un refus net, mais qui lui ferait certainement du bien.

Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant