Chapitre 46: Le dernier jour du Disco

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- Au revoir, mon frère, sanglota amèrement Ray en secouant ses cheveux bouclés, affligé.

Il sortit de la chambre d'hôpital en pleurant toutes les larmes de son corps. Une foulure au poignet. Son frère allait-il se sortir indemne de cette affaire dangereuse ? Il avait eu peur pour sa vie, malgré ce que les infirmières disaient (comme il partait du principe que les femmes étaient moins compétentes que lui, il ne s'était pas aperçu que c'était une médecin femme qui lui annonçait l'état de son frère, et ne l'avait donc pas crue).

- Quelle horrible chose que les blessures, finit il par soupirer. Je protégerais ma mie de tout ces maux lorsqu'elle sera ma femme ! 

En quittant l'hôpital, il décida de se prendre une chambre dans un hôtel non loin pour se remettre de ses émotions. Il repartirait le lendemain matin, lorsqu'il se sentirait en forme pour affronter les cahots des routes vers le manoir, dans lequel il se sentirait beaucoup moins à l'aise qu'au chaud des draps d'un immeuble peuplé d'humains.

Pendant ce temps, dans ledit manoir hanté, le calme régnait dans la grande bâtisse. Dans leur lit, le couple maitre de maison se préparait à dormir. Dracula était élégamment drapé d'une robe de chambre et avait posé son livre sur sa table de chevet, s'apprêtant à éteindre la lumière de la chambre. Plus loin, Amande appelait dans sa chambre une amie à elle. Le silence aussi étreignait Mia et Félice, désormais seules toutes deux dans leur chambre à trois.

Pour une fois, elles ne s'étaient pas mises séparées, l'une dans le lit simple et l'autre dans le lit double. La violette s'était blottie contre le dos de la magicienne qui se sentait à la fois au paradis (avait on réellement besoin d'expliquer pourquoi ?) et en enfer, se sentant incapable de dormir tranquillement cette nuit là.

Dans son coeur bourdonnait une étrange mélodie, un son sourd qui tapait comme un tambour... Sa pression artérielle devait être si élevée que-
Elle s'arrêta de respirer lorsque Mia enroula ses bras autour de sa taille:

- Pourquoi tu me tournes le dos ? murmura-t-elle.

Félice se tourna, et la violette éclata de rire:

- Ah... Parce que ton visage est de la même couleur que tes cheveux, je comprend mieux...

- Va te faire, Mia ...! Ca se contrôle pas, les rougissements, bafouilla Félice, riant et ronchonnant en même temps. Je veux dormir, moi.

- Mais je te laisse dormir, c'est toi qui gigote dans tout les sens comme si tu étais un gros vers de terre.

- Merci pour la comparaison...

Elle pouffèrent doucement. Sortant de cette chambre aux effluves douces d'affection, passant dans le long couloir d'ébène, une autre chambre laissait aussi entrevoir des éclats de voix.

Perséphone, assise sur le ventre de Lupa, reprenait son souffle en comptant dans sa tête le nombre d'abdos que la brune avait. Celle-ci avait posé sa tête sur le côté, affalée sur le lit, et se grattait la tête sans avoir l'air de ne penser à rien.

- Six. Neuf, peut-être, constata Perséphone avec un air ronchon.

Elle prit le verre d'eau qui était sur la table de chevet et le but en une gorgée. Dans sa hâte, quelques gouttelettes roulèrent des coins de sa bouche pulpeuse pour dévaler la pente entre ses seins et son corps nu. Lupa la cueillit du doigt, et regarda le corps de sa belle, déglutissant:

- Tu es belle. 

- Je sais, sourit la blonde, reposant le verre sur la table.

Elle en profita pour poser l'une de ses mains blanches sur le visage de Lupa, qu'elle caressa du bout des doigts. 

- Trop de gens te l'ont dit pour que tu ne prennes pas le compliment ? 

- Mais je le prend, Lupa, détrompa la vampire. Je le prend.

- Même pas un rougissement, pas un petit bafouillement, déplora Lupa avec amusement. Tu es sortie avec combien de personnes pour que plus rien ne te fasse tiquer ?

- Ca ne se demande pas, ça, répondit la blonde. Ne rigole pas, Lupa. Ce n'est pas le genre de choses que je te demanderais non plus.

- Bah si, tu peux me le demander ! Sûrement une centaine, si on compte les vélanes, les loup-garous, les vampires, les dryades, les sorcières, les...

- Crâneuse. C'est impossible de sortir avec autant de personne, souffla Perséphone, abusée. Et puis ce n'est pas très délicat de se vanter sur ça auprès de moi.

Lupa piqua un fard et s'excusa brièvement, avant de l'embrasser longuement du bout des lèvres, chastement.

- Désolée. On l'a tellement fait ce soir, la fatigue me monte à la tête.

- Sérieusement ? Tu es fatiguée ? s'amusa la blonde alors que ses doigts caressaient le cou de sa brune, son regard pétillant.

- Non, j'suis pas fatiguée, jamais ! se reprit la loup-garou, vexée. Je disais ça comme ça.

Perséphone éclata de rire avant de s'allonger contre elle, posant leurs peaux l'une contre l'autre, et leva son menton pour la regarder. Dans cet angle, elle voyait les narines de Lupa d'en bas et cela lui arracha un sourire. Elles étaient en forme de goutte d'eau.

- Tu es mignonne, souffla la blonde. 

Cette dernière rosit, et murmura un "merci" à la fois outré et plein de joie. Visiblement, Lupa n'était plus insensible aux appellations mignonnes.

- Tu vois puppy ? Même les chiens les moins bien dressés finissent par montrer leur vraie nature.

- Hein ? 

- Ne me fais pas répeter.

- Heinnn ?

- Idiote. 

Lupa rit en prenant les hanches de sa partenaire, les faisant rouler pour se retrouver au dessus d'elle, le dos de Perséphone contre les draps.

- Je ne comprend pas ce que tu dis, mon cerveau est trop petit. Y m'faut des mots simples, chérie. 

- Je t'aime. 

Elles s'embrassèrent à nouveau, Perséphone la serra contre elle, en elle parfois, ne voyant pas la nuit défiler sous leurs yeux amoureux. Il leur fallut beaucoup plus d'un verre d'eau pendant cette nuit. Pourtant, malgré leurs peaux recouvertes d'une fine couche de sueur, moites d'avoir été tant sollicitées, ce n'était pas une passion ardente qui les consumait ce soir.

Elle prenaient leur temps, parlaient avant, pendant, après. Discutaient, blaguaient, ou se murmuraient des mots à l'oreille. Les "je t'aime" étaient doux, leurs mouvements puissants, l'extase longue et rassurante. Lupa adora cette façon qu'elle ne connaissait pas de se laisser aller, de prendre son temps, de laisser leurs corps parler.

Perséphone, affamée, décida d'aller chercher du raisin dans la cuisine d'en bas. Enroulée du drap tâché qui avait accueilli leurs extases, à quatre heures du matin, elle descendit les escaliers comme une petite fée pour récupérer un bol. Revenant sur la pointe des pieds, elles pouffèrent comme des enfants, ne devant pas faire de bruit.

Aucune d'elle ne dormit une seconde, trop occupées à s'aimer avec langueur.

- Lupa... Il faut qu'on mette des mots sur notre relation, murmura Perséphone, au petit matin, allongée sur leurs draps.

Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant