Chapitre 21: Sweet dream

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La pièce était étrange, sans coin ni forme précise. D'un rouge sang, profond, éclatant, on n'aurait pas su dire. Le même rouge que celui qu'elle voyait sous ses paupières closes. Plus que les cinq sens pour se repérer dans cet endroit qu'elle ne connaissait pas.

Ses cheveux furent relevé en queue de cheval, des mèches folles tombant toujours sur ses yeux. Lupa ne tourna pas la tête, sentant des doigts doux s'emmêler dans sa crinière brune. Fermant les yeux, elle sentait le parfum enivrant de Perséphone l'envoûter tendrement.

La vampire était penchée sur elle, embrassant son front, ses joues, son ventre, c'était comme si Lupa était sensible à tout. La louve soupira doucement, dans un son rauque.

- Tu es belle comme ça. Dormante.

Lupa écouta la voix de la blonde, calme, froide, détachée. Ses oreilles frissonnaient, son esprit se perdait dans les mains posées sur son crâne, dans les baisers sur son visage paisible.

- Dès que je t'ai vue, j'ai tout de suite su. Je pensais t'échapper après cette auberge mais tu étais celle qui hantait mes pensées.

Lupa, assise et la tête en arrière contre le dossier de sa chaise, releva les yeux lorsqu'elle sentit qu'on lui intimait de relever le menton. C'était la blonde qui avait saisi son menton pour qu'elle la regarde, debout juste devant elle.

Elle était peu vêtue, de simples sous vêtements noirs, élégants, raffinés, autant que sa garde robe habituelle. Lupa regarda autour d'elle, sûrement un cabaret des années 30, ce style envoûtant, décontracté, cette odeur de cigarette... Perséphone passa une main dans les cheveux de Lupa, l'index de son autre main passant sur son rouge à lèvres à la Monroe.

- Tu faisais la fière, tu paradais avec des femmes comme trophée. Je n'aime pas l'arrogance.

Elle s'assit sur les cuisses musclées de Lupa qui la regardait avec de grands yeux, ne pouvant réfléchir, ne pouvant penser à autre chose qu'à elle. Qu'à ses cuisses menues, son dos cambré vers elle, offrant sa peau laiteuse à sa vue, à son toucher.

- Et tu n'aimes pas qu'une femme le soit plus que toi. Quelle belle paire, n'est-ce pas ?

Perséphone tira les cheveux de Lupa en arrière, lui arrachant un grognement surpris, dévoilant sa gorge à elle. Il sembla à la loup-garou qu'elle lui laissait un suçon, mais tout était si flou. C'était comme si des doigts fourmillaient sur ses jambes, ses mains, son ventre.

Bouger lui semblait impossible. Elle ne voulait pas le faire, craignant de briser l'atmosphère qui charnelle et merveilleuse que Perséphone lui inspirait. Cette dernière avait soudainement les mains attachées avec des menottes marrons, peu serrées. Elle enroula ses poignets liés autour de la nuque de Lupa en déposant un regard des plus glamour sur elle, qui la fit plus que rougir.

- Tu les veux en laisse, n'est-ce pas, puppy ? Mais tu sais bien que moi je serais indomptable.

Elle lui murmura ces mots à l'oreille, ils résonnaient dans tout son être, comme un étrange chant.

- Tu veux que je tombe pour tes charmes ? Je serais celle qui te regarda ramper par terre.

Un unique gémissement passa la barrière des lèvres de la brune, enveloppée par l'aura magique de la blonde.

- Parce que c'est toi qui tombes amoureuse de moi.

=^..^=

Perséphone poussa un petit cri, mais se mordit la lèvre jusqu'au sang en mettant sa main devant sa bouche. Elle connaissait Mia pour être une fille discrète, agréable, gentille, jolie. Mais il fallait désormais avouer qu'elle était plutôt sportive. 

Dès que Adèle avait fait fuir le loup enragé qu'était Lupa, elle avait immédiatement appelé les secours. Félice et Mia vinrent à leur secours. Perséphone se serait bien entretenue avec Félice pour savoir ce qui lui donnait ce sourire rêveur et cet air heureux, mais elle était trop occupée à se plier de douleur et se vider de son sang... Accessoirement. 

Mia était loup-garou. Serait-ce les gènes qui lui donnaient cette force ? Il n'empêche que pour une femme d'un mètre soixante-cinq, elle prit lestement Perséphone sur son dos et la transporta le plus rapidement possible à l'étage.

Les escaliers manquèrent de faire crier de douleur la blonde, mais dès qu'elle fut posée sur une chaise, elle haleta, des larmes dans les yeux tant elle sentait sa jambe picoter:

- Où... Est Lupa ?!

- Je vais aller la chercher, déclara Félice en illuminant magiquement le bout de ses doigts, pour éclairer son chemin dans les bois vers son amie.

- Ne fais pas de bêtises, dit Mia d'un air soucieux.

La rousse la regarda d'un air grave. Si elle s'inquiétait pour elle, c'était qu'elle tenait à elle. Malgré le fait qu'elle pensait ne jamais pouvoir l'approcher en tant qu'aimée, elle était touchée par son amitié.

En courant pour aller chercher Lupa, elle croisa dans les escaliers Adèle, qui soutenait un Ray cabossé. Il se tenait la tête, avait du sang qui lui coulait de la tempe, et semblait fulminer.

Mia regarda par la fenêtre avec un air stressé, et elle porta les ongles de sa main droite à sa bouche pour les ronger. Perséphone, qui respirait rapidement, marmonna simplement:

- Va avec elle. Ne t'inquiètes pas pour moi... Ma sœur est là.

La violette hocha la tête avec gratitude:

- J'espère que ça va aller... Je ne veux pas la laisser seule dans le noir, elle n'est pas nyctalope. 

Adèle posa Ray sur le même canapé que la blonde, à ses côtés.

- Ca va ? s'inquiéta la belle vampire, couverte de son propre sang.

- Horriblement mal, dit Ray d'un ton théâtral. Dans mon royaume, ce genre de bête, on les euthanasie ! Complètement folle ! Une véritable furie incontrôlable, qui a agressé MA future femme. Heureusement que j'étais là. Avec mon épée, c'était extraordinaire, j'ai sauvé la mise !

Adèle leva les yeux au ciel, vite ennuyée par le récit héroïque, et complètement faux, du chevalier qui semblait visiblement particulièrement imbu de sa personne dès qu'il était en présence de sa fiancée. Mais lorsqu'elle les baissa, elle vit que Perséphone avait posé sa tête sur l'épaule de Ray et que sa poitrine se soulevait à un rythme particulier. Elle sanglotait doucement.

Adèle se mordilla la lèvre et le métisse se tut, tout deux affectés par le soudain besoin de calme de la vampire blessée. Elle chercha des compresses et en appliqua sur l'épaule griffée, et la morsure à sa cuisse. Elle avait d'autres égratignures, dues au fait que le loup s'était assis sur elle pour l'empêcher de partir, mais elles étaient bénignes et se guériraient vite.

Perséphone avait eu peur de Lupa, et toute la pression et l'adrénaline redescendaient d'un coup. Sortant une aiguille, sa petite sœur entreprit de lui recoudre la plaie ouverte. Elle exprima sa douleur en serrant la main de Ray qui frotta son propre front endolori.

- Courage, Perséphone... dit il avec plus de douceur.

Elle serra ses doigts en sanglotant doucement. Lupa...

Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant