Excusez-moi, c'est ma fiancée ! [GxG]

Chapitre 16: Double kems

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà lorsque la famille de vampires s'était réunie dans leur manoir ancestral. Les chandeliers en argent illuminaient la grande salle de bal d'une lumière douce et vacillante, créant une ambiance à la fois chaleureuse et mystérieuse. La table, longue et ornée de nappes en velours pourpre, était déjà dressée, les couverts en argent brillant à la lueur des bougies.

Les invités prenaient place autour de la table, dans un tableau à la fois particulier et habituel. Félice avait voulu s'asseoir à côté de Mia, mais elle avait été trop timide pour demander. Ainsi, c'était Adèle qui s'était assise entre elles. Cette dernière semblait étrangement insatisfaite, et n'avait pas remarqué l'air déconfit de la magicienne.

Dracula et Elisabeth de Brières s'étaient installés en bout de table comme à leur habitude, régnant en maitres dans leur maison. Les serviteurs passaient entre les personnes encore debout en voletant, apportant l'entrée, un Velouté Sombre, une sorte de potage épais de champignons et truffes, infusé de sang frais.

Alors que tout le monde commençait à manger, Lupa et Perséphone déboulèrent dans la pièce, le souffle court.

- Désolé tout le monde, je me changeais, dit la timide blonde dont les joues rougirent.

Intimidée par le nombre d'yeux posés sur elle, elle s'assit à côté de sa mère en baissant la tête. Lupa croisa les yeux inquisiteurs de la jeune vampirette, pleins de questions, et haussa simplement les épaules en s'asseyant en face d'elle.

Ils furent servis d'un excellent ragoût de Sanglier Noir, de brochettes de Gibier Sauvage, de pattes de Lièvre Braisée, accompagné d'un excellent vin de Minuit qui fut apprécié par tout le monde.

Pour conclure la soirée, Lord Dracula leva de nouveau son verre, pour porter un toast. Lupa, qui riait à grands éclats à l'autre bout de la table avec Adèle, dût se taire et tourna sa tête brune.

- Chère famille de Brières, mes chers invités. Il y a quelques jours, notre cher Ray entrait dans la famille en devenant le fiancé de ma fille. 

- Quelle fierté, approuva Elisabeth en applaudissant, un petit sourire parfumant ses lèvres rouges du sang qu'elle venait de boire.

- Mais nous avons une autre annonce à vous faire qui vous ravira tous, j'en suis certain ! Car il y a un autre cas de fiancailles dans nos belles familles.

Ray regarda Perséphone d'un air inquisiteur, mais celle ci avait posé ses yeux délavés et discrets sur Lupa. Cette dernière, dont les yeux de chats s'étaient plissés, regardait Mia. Les deux loup-garou s'affrontèrent du regard un petit moment, écoutant le vampire finir sa phrase avec la boule au ventre. 

Tous n'avaient pas surpris le regard d'Adèle, plein d'espoir, qui s'était tourné vers celui de sa mère aux cheveux grisonnants. Celle ci le lui rendit, lui faisant un léger clin d'oeil en souriant. 

- Bonne fortune, murmura t elle.

Félice plissa aussi les yeux en lisant sur les lèvres de la dame vampire, et se tourna vers Lupa pour exprimer quelque chose. Elle fut coupée par Dracula qui levait son verre.

- Au nom de Amande de Brières et moi, j'annonce officiellement les fiancailles de Adèle de Brières et Lupa de Ranagan !

Il y eut un bruit mouillé et un éclat de verre. Mia, qui buvait sa coupe de vin, avait tout recraché dans un nuage rouge, l'air surprise. Lupa venait de se figer, complètement terrorisée et aphone de ce qu'elle venait d'entendre.

C'était Perséphone qui s'était levée violemment, renversant ainsi son verre de sang dont la nappe s'imprégnait lentement. Elle regarda ses deux parents d'un air figé puis sa sœur qui semblait simplement choquée par l'horreur de sa sœur blonde.

- Perce ? murmura la plus jeune.

- Il y a un soucis ? dit le père, de sa voix de baryton.

- Aucun, père.

Elle se rassit vivement et évita son regard perçant, se faisant toute petite.

Perséphone de Brières était une jeune femme aux multiples facettes, dont le comportement est souvent énigmatique. Née dans une famille de vampires aristocratiques, elle avait grandi dans un monde de privilèges et de secrets, ce qui a profondément influencé son caractère. Jamais elle n'aurait dit qu'en l'instant présent, elle était plus qu'énervée par la nouvelle qu'elle venait d'apprendre.

Elle serra nerveusement son verre dans ses mains alors qu'une main insidieuse se posait sur sa cuisse.

Elle tourna la tête, un sourcil haussé, pour regarder Ray se pencher sur elle et dire, d'une haleine pestilentielle:

- Tu as quelque chose à dire, Perséphone ? 

Elle retint son souffle et écarquilla les yeux.

- Rien.

Il sourit légèrement.

- Parfait. C'est bien mieux comme ça non ? 

Il approchait sa bouche luisante de la sienne, son autre main posée sur son menton fin, alors que la table tremblait légèrement et que Félice regardait autre part en sifflotant. L'assiette de Ray s'était très légèrement soulevée pour renverser son contenu sur lui.

- Merde !

Il se leva en pestant, essuyant son veston. Perséphone regarda autour d'elle, rassurée, mais son coeur battait encore à toute vitesse.