Chapitre 3 : Enfants Prodigues (Partie 3 )

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Ryū entama ce combat avec appréhension. Les deux antagonistes en vinrent au combat à mains nues. Les attaques et les contrattaques se succédaient. Elles parurent si bien orchestrées qu'une certaine harmonie s'en dégageait. Confronté à un adversaire comme Syd, Ryū s'abandonnait à sa puissance. Il comprit au fil des coups échangés à quel point il adorait se battre. 

Cette accélération de son rythme cardiaque, frôler la mort à chaque coup, sentir la douleur, sentir ses os craquer, lire la peur dans le regard de son ennemi, tout ceci le renvoyait à sa vraie nature.

L'excitation qui animait Ryū troublait son jugement et trompait son assiduité. Ses coups n'étaient plus précis. Il se battait visiblement contre une force intérieure. Son corps ne lui répondait plus. Il perdit connaissance, incapable de dominer cette force.

 Syd lui colla une sphère sur l'abdomen. Il subit le même sort qu'Ofelia. Syd activa son artéfact du temps. Munis des sphères, ils s'en allèrent en laissant Ryū et Ofelia pour morts au milieu de la boue.

Au même moment, l'atmosphère se tendit dans le bureau de Pol Onfroy. Il avait reçu la visite d'un homme d'un certain âge. Sa chevelure de cotonnade était mi-longue et sa barbe bien fournie. Il portait une broche dorée qui représentait les armoiries du Département de l'Histoire et des Civilisations Anciennes de Port Brillant (DHCA). Elle se présentait sous la forme d'une plume dorée posée à côté d'un parchemin. Le professeur Amadeus Lucius était le doyen du DHCA et un grand ami de Pol.

— Amadeus, j'avoue que je suis perdu, confia Pol.

— Tu as toujours souhaité qu'il se découvre. Je pense que tu es jaloux de devoir partager l'attention de ton fils, Pol. Ce que Ryū a accompli relève de l'exploit. Tu n'as jamais voulu que j'échange avec lui sur ce sujet. Cela me semble inévitable à présent. Je souhaiterais que tu lui demandes de passer me voir. À ce propos, où est-il en ce moment ?

— Il est sorti. L'histoire avec cette fille le tourmente. Ryū m'a fait promettre de ne pas faire mention de son existence au Comité. Je te demanderai à mon tour de garder tout ceci pour toi.

— Évidemment. Tes révélations égayent ma curiosité. Qui est-elle ?

Une once d'inquiétude naquit dans le regard du professeur Amadeus. Seul le craquement du bois dans la cheminée troubla le silence de la pièce. Deux tasses de thé fumaient sur la table.

— Elle est juste magnifique, comme tout droit sortie d'un rêve, et je n'exagère pas. J'ai surtout été saisi par son odeur. Je n'ai jamais rien senti de tel.

Ryū aurait sans aucun doute donné une meilleure description d'Ofelia. Ces détails suffirent cependant à confirmer les craintes d'Amadeus. Le professeur n'en doutait plus. Des Fandragores avaient élu leur domicile à Port Brillant.

— Pol, n'as-tu rien d'autre à me dire ? insista Amadeus.

Le regard du professeur restait mystérieux, mais Pol sembla lire entre les lignes. Il se redressa dans un profond soupir et se rendit à un coffre dissimulé derrière un tableau. Amadeus attendit tandis qu'il s'activait à l'ouvrir.

Il revint quelques instants plus tard avec le tissu qui avait enveloppé Ryū le jour où il l'a trouvé au pied du chêne. La couverture était encore intacte, lavée et soigneusement pliée. Amadeus prit et inspecta le précieux habit. Ses doigts ridés caressèrent longuement la broderie. Ils tremblaient, trahissant ainsi le semblant de sang-froid que le professeur tentait de garder.

— C'est le seul objet qui lie Ryū à son passé, confia Pol.

— Qui est au courant de l'existence de ceci ? s'inquiéta le professeur.

— Nul autre, à part Arild et moi. Ryū le sait également.

Pol n'avait jamais vu Amadeus aussi décontenancé en plus de trente ans d'amitié.

—Pol je reste persuadé que tu as toujours su les origines de ton fils. Est-ce l'amour ou le déni ? Face au silence de son hôte, Amadeus poursuivi. Remets-la en sécurité, et n'en parle surtout à personne. Je dois te laisser à présent.

Amadeus se leva, il décrocha son manteau et quitta le manoir d'Onfroy sous le regard inquiet du maitre des lieux. L'attention de Pol se porta sur l'horloge. Il était sept heures du soir et Ryū n'était toujours pas rentré.

Ofelia, la Fille Fleur. Tome1: Origines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant