Chapitre 18 : La Vengeance du Prince Syd.

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Hemma s'intéressait à sa sœur après avoir longuement observé Vita et Abel s'entrainer dans la prairie. Hemma regardait sa sœur. Des paroles lui brulaient les lèvres, et elle chercha à plusieurs reprises les moyens d'aborder sa sœur.

— Que se passe-t-il ? demanda Alis.

Elle sentait son regard sur elle bien qu'elle ne daignât pas fixer sa sœur.

— Nous avons tous remarqué ton intérêt pour Vita, lâcha enfin Hemma, rien qu'à voir ton sourire imbécile.

— Et ? reprit Alis sur la défensive.

Son regard intransigeant se posa sur Hemma.

— Alis, ce n'est pas normal que tu te comportes ainsi.

— Ce sont mes affaires !

— Je suis ta sœur, tu ne dois pas me cacher ces choses, lui rappela Hemma.

— Hemma, ça ne te va pas de jouer la sœur compatissante et compréhensive.

Pour couper court à la conversation, Alis jeta sa couverture et se leva. Elle rejoignit Abel et Vita. Hemma ne la poursuivit pas. Elle se coucha, et elle riva son regard vers les portes du temple.

Ryū et Ofelia longèrent au même moment le couloir qui se présentait à eux. Le décor semblait toujours le même, avec un sol dallé, et des murs ternes. Ofelia effleurait tout en marchant ses doigts sur les sculptures taillées dans la pierre. Elle contemplait les cavaliers grandeur nature et leurs montures. Sa main toucha quelques mètres plus loin une petite serrure. Elle ne put s'empêcher d'y appuyer. Un mécanisme s'activa aussitôt dans un cliquetis sonore. Ce geste provoqua un petit cri de douleur à Ofelia. Son index saignait.

Les battements de cœur explosèrent aussitôt. De minuscules veines de sang apparurent sur les statues. Les chevaux bondirent l'un après l'autre hors du mur. De gros blocs de marbre volèrent dans la pièce. Ryū réussit de justesse à mettre Ofelia à l'abri. Les carapaces gris terne se brisèrent devant eux tel un fragment de miroir. De fines veines parcoururent le corps des cavaliers et de leurs montures. L'un après l'autre, ils reprirent vie sous les yeux ébahis des deux voyageurs. Le groupe de cavaliers se sépara et une partie se dirigea vers la sortie.

— À mon signal, tu cours de toutes tes forces, expliqua Ryū en gardant une main protectrice sur la Fandragore.

Ofelia acquiesça, le cœur palpitant.

— Maintenant !

Ofelia s'exécuta, mais quatre cavaliers la poursuivirent. Le reste du groupe encercla Ryū. Il ne pouvait plus bouger. L'un des poursuivants de la Fandragore fit apparaitre un fouet de feu. Il était si chaud qu'il laissait les marques noires au contact du sol. Cette attaque surprit Ofelia. Elle bloqua instinctivement le fouet entre ses paumes. Le contact fut suivi d'un cri strident de la Fandragore. Ses paumes fumaient à cause de la chaleur. Elle résista malgré tout.

Elle tomba à genoux, se concentra, et envoya un poison mortel à travers le fouet. L'effluve atteignit le cavalier et le transforma en poussière. Ofelia se saisit aussitôt du fouet empoisonné et elle fouetta le second cavalier, qui subit le même sort. Le dernier cavalier décida d'attaquer et accula Ofelia au mur. Elle remarqua un petit bassin d'eau. Elle le rejoignit en quelques cabrioles. La Fandragore plongea immédiatement. Lorsque le cavalier sauta dans l'eau, son corps se pétrifia dans le bruit du métal chaud plongé dans l'eau froide.

Ofelia sortit à moitié hors de l'eau, et se coucha sur le sol. Les blessures de ses mains se refermaient progressivement. Elle constata toutefois que son processus de régénération prenait plus de temps que d'habitude. Elle se redressa. Elle épongea sa chemise et ses cheveux. Un seul cavalier restait debout lorsqu'elle rejoignit le prince. Ryū courut et prit appui contre le mur le plus proche. Il se propulsa en avant, le saisit au cou, et arracha.

— Ofelia, souffla Ryū soulagé, et néanmoins taquin. As-tu pris un bain sans moi ?

— Oui ! Un bain de minuit.

Les deux amoureux échangèrent un sourire complice.

Les campeurs furent alertés par des hennissements lointains. Des cavaliers bondirent soudain hors du temple et se ruèrent sur eux. Vita réagit la première. Elle brandit des poignards, et se lança la première. Elle glissa par terre à quelques mètres de son adversaire et laissa une cicatrice ouverte sur l'abdomen du cheval. L'avancée du coursier fut interrompue. Le cavalier se transforma en poussière.

Cette victoire de Vita décrispa ses compagnons. Ils engagèrent à leur tour le combat. Ils emportèrent finalement la victoire. Ils s'en tirèrent avec quelques blessures superficielles et des vêtements déchirés. Abel s'assura alors que ses compagnons se portaient tous bien. Le ciel s'éclaircissait au-dessus de leur tête, et annonçait l'aube proche.

— On ne peut plus attendre que le jour se lève, déclara Vita.

Elle jeta le tissu qui lui servait à nettoyer son poignard.

— Abel ne proteste surtout pas, intervient Alis.

— Je n'ai aucune intention de protester. Allons-y !

Les campeurs remballèrent leurs bagages et les mirent en sécurité. Alis mit de l'eau, des couvertures et des médicaments dans un sac. Leurs silhouettes ne tardèrent pas à s'évanouir dans le temple. Ses abords plongèrent dans le silence et la désolation.

Ofelia, la Fille Fleur. Tome1: Origines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant