Ofelia, la Fille Fleur. Tome1: Origines.

Chapitre 9: Tu honoreras ton peuple et ton sang (Partie 3).

Ryū resta silencieux, mais cette apparition le perturbait. Très peu de personnes avaient eu la chance d'avoir la visite d'une magicienne originelle. La Divine déambula vers lui à sa grande surprise en quelques pas gracieux puis elle se plaça devant lui. Ryū se sentait acculé à l'arbre. La présence d'Ylenia le rassurait d'autant moins qu'il ressentait la désagréable sensation qu'elle pouvait lire dans ses pensées.

— Que voulez-vous ?

— Je suis venue te mettre en garde, prévint Ylenia. À Varda, les fils de rois ne sont pas couronnés, mais enterrés. Ton cousin projette de te faire exécuter ce soir.

— Vraiment ?

Un sourire sarcastique se dessina sur les lèvres de Ryū.

— Cela ne semble visiblement pas t'effrayer ! constata la Divine.

— Il n'est certainement pas la personne la plus dangereuse que je croise. Je n'ai de toute façon aucune envie de rester ici.

— Cher prince, c'est mon jour de bonté. Formule un vœu et il sera exaucé. Je peux tuer ton cousin Thaumas d'un claquement de doigt. Mieux encore, je peux te donner de l'or, un empire, le pouvoir, la gloire, les plus belles femmes... Tout ce que tu veux.

Ryū sentait le piège dans les propos de la Divine. Qu'avait-il pu faire pour mériter une telle bonté de sa part ? Il réfléchit rapidement. Le nombre de ses rêves demeurait faible. S'il y avait une chose qu'il avait apprise à ses dépens, c'est que rien n'était gratuit. Le prix à payer pouvait souvent s'avérer très élevé.

— Ylenia, je veux que tu me fasses la promesse de réapparaitre quand je prononcerai ton nom. Peu importe la situation, tu devras m'aider, proposa le jeune prince.

La Divine parut désemparée. Il ne s'agissait pas de la réponse qu'elle espérait. Elle se leva en souriant. Son regard était plein d'admiration pour le prince Isleen.

— Prince Isleen, tu n'auras qu'à prononcer mon nom trois fois. Je serai là et ton vœu deviendra réalité, il n'existe rien d'impossible pour une Divine. Souviens-t'en.

La Divine disparue comme elle était venue. Ryū soupira. Il avait enfin la preuve du complot qu'il soupçonnait. Il avait toujours détesté être pris pour un idiot, et là, ses parents lui avaient menti. Ryū retourna dans ses appartements hors de lui.

Il claqua la porte derrière lui et il prit place sur le rebord du lit, les poings pliés sous le menton. Sloane entra peu après sans frapper. Les portes closes ne constituaient apparemment pas un obstacle dans la culture vardienne. Le roi avait revêtu son uniforme. Le comportement nerveux de son fils l'interpela immédiatement.

— Bonjour mon fils. Que se passe-t-il ? s'inquiéta Sloane.

— Je me pose la même question, répliqua Ryū.

— Sois plus clair.

— Je suis au courant de la loi de succession, affirma Ryū.

Une lueur d'inquiétude parut dans les yeux de Sloane, mais il se reprit aussitôt. Le roi avança dans la pièce et il prit place à la table située à côté de la fenêtre.

— Je ne voulais pas que tu l'apprennes de cette manière, avoua Sloane.

— Pourquoi suis-je toujours en vie ? Ryū parlait toujours avec véhémence.

— Isleen, calme-toi.

— Que je me calme ? Tout le monde me demande de me calmer, mais arrêtez de me mettre en rogne !

Ryū bondit du lit et vint se planter devant son père. Il sentait monter en lui une chaleur. Elle naissait dans ses entrailles et se répandait dans tout son être. Son teint devenu cireux faisait davantage ressortir ses pupilles dilatées.