Ofelia, la Fille Fleur. Tome1: Origines.

Chapitre 8 : Guerre de Succession.

Ryū tomba avec fracas sur le sol en dalles. Il avait l'estomac noué et une pressante envie de vomir. Tous les muscles de son corps lui faisaient atrocement mal. Il se releva, et plaqua les mains contre ses genoux. Il mit quelques secondes pour reprendre ses esprits. Contrairement à lui, le chevalier avait réussi son atterrissage.

— Ça fait toujours cet effet la première fois, confia Neth. Allez-vous bien ?

Ryū répondit par un hochement de tête. Il épongea son front brulant. De grandes inspirations lui permirent de faire passer son envie de vomir. Lorsqu'il se sentit mieux, il s'intéressa à son environnement. Il se trouvait à sa grande surprise dans une gare. L'immense hall couvert d'un toit métallique s'étendait à perte de vue. Des hommes habillés en uniforme marron patrouillaient et renseignaient les voyageurs.

Des dizaines de brèches étaient activées à distances respectables. Des voyageurs en sortaient de temps à temps avec une maitrise déconcertante. Ils se dirigeaient alors instinctivement vers de jeunes femmes installées dans des cabines transparentes munies de guichets. Des sabliers étaient suspendus à plusieurs mètres du sol. Différents fuseaux horaires y étaient représentés. Ryū comprit qu'il existait un décalage horaire de vingt-quatre heures entre Varda et Port Brillant.

— Ce n'est pas ce à quoi vous vous attendiez, n'est-ce pas ? sourit Neth.

— Même dans mes rêves les plus fous, je ne l'aurai jamais imaginé comme ça.

— Je passe au contrôle, expliqua Neth. Attendez-moi ici.

Ryū regarda Neth se diriger vers une cabine. Les caissières étaient vêtues de façons identiques. Leur coiffe s'agençait parfaitement autour de leurs oreilles pointues. Il vit défiler en l'espace de quelques minutes toutes sortes de Créatures Magiques. Quelques voyageuses, assez aguicheuses, lui jetaient des regards intéressés avant de s'éloigner en pouffant. Ryū remit sa capuche. Il n'éprouvait aucune envie de se faire remarquer. Neth revint un court instant après.

— C'est bon. Nous pouvons y aller.

Les deux chevaliers quittèrent la gare en même temps que d'innombrables voyageurs. Dehors, il faisait nuit. Ryū ne distinguait pas grande chose à cause de la pluie battante. Des centaines de chevaux et autant de carrosses stationnaient non loin de là sous une grande étable. Le chevalier échangea quelques mots avec un jeune homme, puis il revint avec deux vaillants coursiers.

— Nous serons à Varda demain soir, expliqua Neth en rejoignant Ryū.

— Pourquoi se donner toute cette peine ? Il fallait activer l'artéfact du temps sur Varda, dit Ryū d'un ton moins enjoué.

Il regarda le ciel. Il n'avait pas envie de sortir sous ce déluge.

— Tous les voyageurs qui entrent à Val Este sont obligés de passer par ici. Seuls quelques privilégiés utilisent des artéfacts suffisamment puissants pour circuler librement à Val Este. Ce sera probablement la dernière fois que vous passez par ici. Votre famille appartient à ces privilégiés.

— Ces artéfacts marchent-ils entre les royaumes ? demanda Ryū.

— C'est vraiment règlementé. Dit autrement, un artéfact du temps ne vous conduira jamais dans les appartements du prince Syd, prévint Neth.

— Les Humains devraient exiger les mêmes restrictions. Cela vous éviterait d'apparaitre là où vous n'êtes pas invités.

— Chaque partie a dû faire des compromis. Val Este s'est également plié à bien des exigences pour contenter les Humains. Aussi, je suis désolé pour l'autre soir.

Ryū sella son cheval sans commentaire, suivi par le chevalier. Les deux voyageurs ne tardèrent pas à s'évanouir dans l'obscurité. Ils chevauchèrent ainsi toute la nuit et une bonne partie de la matinée. Ils ne s'arrêtaient que pour manger, boire et accorder du répit aux chevaux.