Chapitre 19: Séparation (Partie 3)

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Le groupe d'amis atteignait pendant ce temps les collines qui dominaient Port Brillant, son port et sa belle forêt enchantée après de longues journées passées sur les routes. Le soleil n'était plus qu'une immense boule rouge qui se sauvait à l'horizon lorsque les chevaux s'immobilisèrent enfin. Les ombres des grands bateaux s'éloignaient au large.

Ryū sauta à terre, avec une grande couverture sur les épaules. Il échangea à peine quelques mots avec ses compagnons durant tout le voyage. Le prince humecta également sa gorge de quelques gouttes d'eau. Il conduisit son cheval jusqu'à Abel et il lui tendit la bride.

— Mon frère, débuta Abel désemparé.

— Mon frère, c'est ici que nos chemins se séparent. Merci à tous pour votre aide précieuse, répliqua Ryū d'une voix détachée.

Les filles sautèrent aussitôt à terre. La mélancolie et l'incompréhension se lisaient sur leurs visages. Alis voulut parler, mais la main de Vita l'en dissuada. Elle invita les jumelles à la suivre à l'écart.

— Je suppose que tu retournes à Varda ? demanda Abel lorsqu'ils furent seuls.

— Oui, le temps de me remettre. Je dois aussi réfléchir à tout ceci et faire le point.

Ryū tenait à peine sur ses jambes. Il prit appui contre un arbre puis s'assit sur une pierre. Abel sentait la douleur sur le visage de son ami.

— Que devient notre quête ? s'inquiéta Abel.

— Sans Ofelia, il n'y a plus de quête. Je verrai la suite quand Syd sera mort.

— Ryū, les choses ne sont pas aussi simples. Syd et toi êtes tous les deux des princes. Tout acte que vous accomplirez va au-delà de vous deux, car des royaumes entiers seront affectés par vos décisions. Il ne sert à rien de mener une vendetta contre lui. Accepte d'être reconnu par ton père. Tu auras une armée et des alliés.

Ryū écoutait attentivement les explications de son ami. Il sourit pour la première fois depuis des semaines. Il était une fois de plus empreint de sarcasme, mais cela devenait cette fois avec une amertume perceptible. Un sourire venait toutefois nuancer son visage.

— Putain ! Pourquoi tout ça m'arrive ? explosa d'un coup Ryū.

— Ne sois pas fataliste. Tu peux choisir de te battre, vivre et protéger ceux que tu aimes. Ne laisse pas la colère t'aveugler.

— J'ai le droit d'être en colère ! hurla Ryū.

— Tu dois encore plus t'en méfier, car il permet à Varus d'avoir accès à ton corps et à ton esprit. Syd s'attend à ce que tu réagisses ainsi, sois plus malin.

— C'est plus facile d'accuser Varus. Et si c'était moi, la version maléfique !

— Pourquoi dis-tu une telle chose ? s'empressa de demander Abel effrayé.

— Bref. Tu aurais dû être prince à ma place ! Tu sais toujours quoi dire et quand il le faut, reprit Ryū.

Un sourire amer se dessinait sur son visage.

— C'est facile pour moi de parler.

— Merci d'avoir toujours été là pour moi. Transmets mes salutations à Papa, Arild, et tous les autres. Tu lui diras que je suis retourné à Val Este et épargne-lui certains détails.

— Tu peux compter sur moi. Sache que je serai toujours là pour toi, rappela Abel.

Les deux amis échangèrent une poignée de main qui se transforma en étreinte fraternelle. Ryū et Abel prirent des directions différentes pour la seconde fois de leur vie. Abel savait au fond de lui-même que, cette fois-ci, c'était différent. Il s'arrêta un instant, le temps que disparaisse la lumière de l'artéfact du temps utilisé par Ryū. Abel n'avait plus la force de se retourner. Il rejoignit les jumelles et Vita qui l'attendaient plus bas.

Ofelia, la Fille Fleur. Tome1: Origines.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant