Ivan

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Les échos de la colère résonnaient dans la pièce, portés par la voix enragée de l'humaine qui, d'un geste brusque, lançait avec une violence presque instinctive l'une de ses chaussures en ma direction, comme si elle cherchait à expulser toute sa frustration accumulée.

Avec une agilité acquise au fil des siècles, je me dérobai sur le côté, observant avec une certaine lassitude le déséquilibre momentané de mon adversaire, dont la chute déclenchait une nouvelle flambée de rage.

En plus, tu me provoques, vieux mec ! vociféra-t-elle, ses mots chargés d'amertume et de ressentiment.

Un soupir las m'échappa tandis que ma main glissait machinalement sur mon menton, symbole de ma réflexion intérieure.

Cela faisait désormais une demi-heure que ses cris perçaient l'atmosphère, sans motif apparent, si ce n'est celui d'exprimer sa propre tourmente. Je n'avais aucun désir de m'enflammer dans une querelle stérile, sachant que cela ne mènerait qu'à davantage de tumulte. Cette fille, décidément, était aussi complexe que moi, aussi insaisissable que le vent.

Les pas précipités de Marilyn résonnèrent alors qu'elle pénétrait dans la pièce, interrompant la danse fiévreuse de la dispute.

Je peux savoir ce qu'il se passe encore ? demanda-t-elle, son regard empreint de curiosité et d'inquiétude.

La blonde retira ses mains de ses poches, cachées sous les plis de sa longue robe d'hiver, et contempla son amie avec un mélange de surprise et d'interrogation, les sourcils froncés dans une expression de perplexité.

Demande-lui ! lançai-je en me dérobant une nouvelle fois pour esquiver la chaussure volante. Elle m'insulte pour rien depuis...

Mes paroles furent interrompues par une force invisible qui me souleva soudainement, me propulsant vers la terrasse avec une célérité déconcertante. Mes yeux, emplis de stupéfaction, dérivèrent vers le vide béant sous mes pieds. Une chute de cette hauteur me priverait de mes pouvoirs régénérateurs pendant des mois.

Comment avait-elle pu être si rapide, si silencieuse, à un tel point que je n'avais rien vu venir ? Ses griffes se plantèrent dans ma chair, enserrant mon cou avec une poigne de fer, me maintenant en équilibre précaire au-dessus du précipice.

Qu'est-ce qui se passait donc ? Comment ses capacités avaient-elles pu se décupler à ce point ? Avait-elle assimilé le pouvoir au point de transcender ses limites sans le moindre entraînement ?

Enchanteresse, murmura-t-elle simplement, son souffle chaud caressant ma nuque.

Un frisson de dégoût me parcourut à l'évocation de ce surnom, une appellation donnée à la fille qui avait marqué mon enfance d'une empreinte aussi troublante que douloureuse. Je la haïssais de tout mon être.

Le nom d'Enchanteresse était devenu tellement emblématique qu'il avait presque effacé de ma mémoire le véritable prénom de cette femme noire au carré classique roux et à la frange rideau, emplie d'une assurance déconcertante. Dans le monde surnaturel, sa simple présence inspirait et continuait d'inspirer la peur.

Ne me parle pas de cette connasse qui ne vit que pour sa belle gueule, grognai-je.

Je te permets pas ! C'est mon personnage préféré du livre ! Qui, soit dit en passant, est étrangement réel ?! Y a-t-il quelque chose que j'aurais dû savoir ?! s'exclama-t-elle.

Et merde

Elle le savait pertinemment, ayant lu le livre dans son intégralité. Ce fichu livre devait sûrement appartenir à Nikolai, car à part détruire les gens, la lecture était la seule autre chose qu'il aimait faire.

The mystical danceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant