Chapitre 46

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Ivan STRAVINSKY

Du sang. Partout. Il s'évaporait par moments, revenait en vagues plus puissantes, recouvrant chaque recoin de la pièce d'une teinte rougeâtre. Le sol, transformé en une mare poisseuse, était devenu glissant, et l'odeur métallique imprégnait l'air de manière suffocante. C'était un combat sans fin, une danse macabre et mystique. Jamais je n'aurais imaginé me retrouver face à Marilyn, cette femme que je pensais connaître.

Ce n'était plus la femme qui se plaignait constamment de ses cheveux mal coiffés, ni celle qui se cachait sous mon lit pour échapper à Erik. Ce n'était plus la compagne de shopping de Verónica, brûlant ma carte de crédit dans une frénésie d'achats. Non, devant moi se tenait un monstre, assoiffé d'une vengeance obscure et insaisissable. Ses yeux, autrefois doux et pleins de malice, étaient désormais remplis de haine et de folie.

Je me sentais idiot. J'avais sauvé, logé, nourri, et lié d'amitié avec une femme qui voulait détruire mon putain de royaume. Merde, je l'avais rencontrée alors que je n'étais qu'un simple villageois, avide de découvrir des mondes inconnus. Et maintenant, je mettais en danger des gens qui n'auraient jamais dû l'être.

Alors que mon bras droit se régénérait douloureusement, le bruit de la porte en acier attira mon attention. En tournant la tête vers l'entrée, mon sang ne fit qu'un tour en croisant le regard déterminé de Verónica, qui avançait, ses griffes sorties.

Ses yeux vairons brillaient d'une détermination farouche, mais aussi d'une profonde tristesse. Aucun signe de peur. Merde, elle devait avoir peur ! Avec des chimères comme Nikolai et moi, c'était déjà un combat perdu d'avance. Même avec l'aide d'Abigail, Erik, Gabriel et mon fils, nous n'arrivions toujours pas à atteindre le cœur de Marilyn. Je ne voulais pas la tuer, juste la capturer pour la questionner, mais cela semblait de plus en plus impossible.

Nos regards se fixaient, et un échange silencieux se déroulait entre Verónica et moi. Elle ne devait pas entrer, ne devait pas voir cela. Elle ne pouvait pas faire ça ; elle n'en avait pas la force. Marilyn avait été son amie, et je ne voulais pas qu'elle me voie différemment parce que je refusais d'épargner son ancienne meilleure amie.

Verónica détourna les yeux vers la scène chaotique devant elle, et son expression changea lorsqu'elle croisa le regard de Marilyn. Une lueur inconnue apparut dans ses yeux, quelque chose qui mélangeait la tristesse, la détermination, et peut-être une résolution que je ne comprenais pas encore.

Ma mâchoire se serra alors que Marilyn lui souriait. Avant même que je puisse l'attaquer, elle prit la parole.

— Comment s'est passée ta nuit ? Tu ne m'en as même pas parlé, Vero darling ! lança Marilyn, un grand sourire aux lèvres.

Le temps sembla se figer, du moins pour Verónica et... Nikolai ? Abigail, Erik, Gabriel et Theo se regardaient sans comprendre. Qu'est-ce qu'il se passait ? Pourquoi le monde semblait-il tourner étrangement autour de Verónica et Nikolai ?

— De quoi tu parles ? demanda Verónica, sa voix trahissant une pointe d'inquiétude.

Marilyn sourit de plus belle et se tourna vers Nikolai, éclatant de rire, un rire digne d'un antagoniste de film américain. Elle fit mine d'essuyer des larmes, ses rires résonnant mystiquement dans la salle.

— Vu la tête d'Ivan, il ne sait pas de quoi je parle... Elle se tourna vers moi et ajouta : Tu savais que Verónica s'était fait sauter en soirée ? murmura-t-elle comme un secret.

Mon cœur manqua un battement. Mes yeux se tournèrent vers ceux de Verónica, qui baissait la tête. La pièce devint silencieuse, ponctuée seulement par nos respirations haletantes et les battements frénétiques de nos cœurs. J'étais le figurant de ma propre vie, spectateur de mes actions. Le personnage principal était Verónica, et si ce que Marilyn disait était vrai, cela me tuerait sûrement.

The mystical danceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant