Chapitre 37

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Verónica RAICHANDS

Les piles de dossiers s'accumulaient, comme une montagne infranchissable qui menaçait de m'écraser sous son poids écrasant. Les chiffres, les lettres, les termes complexes semblaient danser devant mes yeux fatigués, créant un véritable labyrinthe de confusion et de frustration. Le gouvernement des chimères, bien plus complexe que celui des humains, se révélait être un dédale insurmontable, dont les secrets étaient aussi mystérieux que les créatures qu'il régentait. Et pourtant, ces dossiers, ces responsabilités, on me les avait lancés en pleine figure, comme autant de fardeaux que je devais porter seule, sans répit ni assistance.

Je laissai tomber mon stylo avec un soupir résigné, sentant le poids de l'épuisement peser sur mes épaules. Mes doigts moites glissèrent sur le tissu sombre de mon tailleur noir, tandis que je tentais en vain de chasser la tension qui s'était emparée de mon corps. C'est alors que la porte retentit d'un léger toc, interrompant mes pensées tourmentées. J'invitai la personne à entrer, me levant avec un sourire contraint pour accueillir Theodore, qui pénétra dans la pièce avec son habituel air désinvolte.

Bonjour, me salua-t-il avec son éternel sourire.

Bonjour, Theodore, répondis-je, un sourire tendu aux lèvres.

Il s'affala sur l'une des chaises rouge foncé face à moi, laissant échapper un soupir de lassitude.

Je n'aurais jamais imaginé que travailler avec mon père serait aussi éprouvant. J'aurais dû m'en douter, marmonna-t-il.

Je ne pus m'empêcher de rire doucement, partageant sa détresse. Je lui présentai alors les dossiers que Ivan avait envoyés par Alta, et il les parcourut rapidement avant de laisser échapper un soupir découragé.

Je te plains, sincèrement. À ta place, j'aurais sans doute tout déchiré sans même les regarder, avoua-t-il.

Je ris à nouveau.

— Alors, que me vaut ta visite ? demandai-je, cherchant à revenir au sujet principal.

Il y a une réunion ce soir à 2 heures. Mon père a encore fait une bêtise, une grosse bêtise, et il veut que tu sois présente.

Un froncement de sourcils trahit ma perplexité. Depuis le retour de Ivan il y a deux jours, Abigail ne l'avait pas quitté d'une semelle, et je devais désormais supporter de voir une potentielle ennemie dans les bras de l'homme que j'aimais, sans avoir rien à dire, car Ivan ne m'avait rien promis.

Je me demandai ce qui avait bien pu se passer pour qu'il rentre chez lui aussi furieux, au point de briser la porte de vingt tonnes que je n'arrivais toujours pas à ouvrir seule, étant donné que j'étais habituée aux portes de sept tonnes du château.

Quelle genre de bêtise ? demandai-je, l'inquiétude teintant ma voix.

C'est une longue histoire, mais tu auras plus de détails de Nikolai. J'ai entendu parler d'une possible alliance, murmura-t-il.

Mon bourreau.

Ivan était mon bourreau, celui qui me tourmentait et me tourmenterait probablement toujours. Malgré ma haine et mon amour mêlés, je ne pouvais me défaire de lui, comme si nous étions liés par un lien indissoluble. Il pouvait me promettre monts et merveilles, mais dès qu'une bonne affaire se présentait, je devenais vite insignifiante à ses yeux.

Mais... mais comment ça, une alliance ? balbutiai-je, décontenancée.

Je n'en sais pas plus. Ça m'a autant choqué que toi. Apparemment, ma mère aurait trompé mon père avec lui. Mon père a pardonné à ma mère, il doit vraiment l'aimer. J'espère juste qu'elle ne le blessera plus, dit-il pensif.

The mystical danceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant