Chapitre 45

10 1 0
                                    

Verónica RAICHANDS

Je me dirigeai vers l'aile gauche du château, celle des habitants. Contrairement à l'aile droite, où se trouvaient les bras droits d'Ivan, l'aile gauche semblait paisible et ordinaire.

C'était étrange. Tout semblait... normal. Les chimères me voyaient, me saluaient, échangeaient quelques mots avec moi, et parfois me demandaient à qui appartenait le bébé. Personne ne semblait être au courant des événements chaotiques dans l'aile droite ou au centre du château. Comme si rien d'anormal ne se produisait. Les ennemis avaient attaqué tout le château, sauf les familles. Marilyn et les fées qui n'étaient plus sous le contrôle de Nikolai cherchaient autre chose. Mais quoi ? Il n'y avait rien de précieux ici à part...

Le diamant.

Je fis demi-tour brusquement, ordonnant à l'une des deux chimères qui me suivaient de rester discrètement dans l'aile. Il y avait déjà assez de panique dans l'aile droite et au centre, il ne fallait pas semer davantage de chaos, surtout avec tant d'enfants dans l'aile gauche.

Portant toujours le bébé endormi dans mes bras, je me dirigeai vers le centre du château, vers la salle du trône. Si le diamant avait été volé, je m'en voudrais terriblement. Je ne connaissais pas précisément l'utilité de cette pierre, mais d'après les livres que j'avais lus, elle appartenait à la famille Stravinsky depuis des temps immémoriaux. Je ne pourrais jamais affronter Ivan, car en plus d'avoir couché avec son frère, j'aurais perdu le diamant familial.

Et puis, après tout, je n'étais pas avec Ivan ; j'avais le droit de coucher avec qui je voulais.

NON ! Pas avec son frère, quand même...

Je devais simplement oublier. Nikolai avait sans doute oublié aussi, sinon il s'en serait vanté. Ivan ne devait jamais le savoir. Je ne devais plus rien faire avec Nikolai, malgré le plaisir de cette soirée, quand il me faisait tourner sur moi-même, quand il me chantait des paroles fausses de chansons, quand il riait avec moi. Je me sentais redevenir la Verónica d'autrefois. Ce n'était pas surprenant que j'aie fini par coucher avec Nikolai ; la Verónica d'autrefois finissait toujours avec des hommes comme lui. C'était dans ma nature.

Nous arrivâmes devant la salle du trône, habituellement sous surveillance constante, même au cœur de la nuit. Aujourd'hui, il n'y avait personne.

J'ouvris violemment la porte, et mon sang se glaça à la vue d'une silhouette, tenant le diamant en main. La personne se retourna en m'entendant entrer, et je reconnus immédiatement les tatouages distinctifs des créatures grecques, ceux que j'avais vus dans mes livres.

C'était une grande femme noire, presque aussi grande qu'Ivan, avec de longs cheveux blonds légèrement ondulés qui descendaient jusqu'à son dos. Ses yeux étaient d'un vert clair perçant et sa bouche avait une forme délicate en cœur. Elle était d'une beauté époustouflante, irréelle, vêtue d'une longue robe blanche et fine. Pourtant, elle était en train de dérober le diamant. Sa beauté ne m'empêcherait pas de la tuer si nécessaire.

Qui êtes-vous ? demandai-je sévèrement.

Elle me regarda, apeurée, et fit un pas en arrière, toujours le diamant en main. J'indiquai à la chimère derrière moi de ne pas bouger et m'approchai de la femme, toujours le bébé dans mes bras. Elle recula jusqu'à se retrouver bloquée dans un coin de la pièce.

Qui êtes-vous ? Qui vous envoie ? demandai-je en tentant de contenir ma frustration.

Elle détourna le regard, fixant un coin du mur, tout en serrant le diamant contre elle comme s'il s'agissait de son enfant. Elle ne parlait pas, mais sa respiration était lourde et saccadée. Je n'avais pas étudié les créatures grecques en détail ; elles étaient rarement mentionnées, contrairement aux sorcières, aux fées, aux vampires et aux chimères. J'ignorais si elle possédait des pouvoirs, si elle était une princesse ou une reine, ou simplement une créature mythique peu connue.

The mystical danceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant