« Clara, qui sont ces gens ? »La chambre d'hôpital où elle se trouvait semblait à la fois familière et étrangère. Chaque bip des machines médicales, chaque ombre projetée par la lumière blafarde des néons, tout lui rappelait la frontière floue entre rêve et réalité.
— De quoi te souviens-tu exactement ? demanda la policière d'une voix douce mais insistante.
« COURS, COURS ! »
La voix résonnait dans sa tête, implacable. Sa tête se mit à tourner, et elle commença nerveusement à gratter ses cheveux crépus. La policière se tenait devant elle, un bloc-notes à la main, tandis que son père, assis à ses côtés, serrait fermement sa main.
Elle le regarda, cherchant un réconfort qui ne venait pas. Il lui renvoya le même regard que plus tôt : « Ne dis rien, » lui avait-il ordonné, son visage grave.
— Chérie ? insista la policière, essayant de capter son attention.
« VOUS LUI FAITES MAL ! LAISSEZ MA SŒUR ! »
Les cris retentissaient dans son esprit, des éclats de panique et de douleur.
Sa main libre s'enfonça dans le matelas du lit d'hôpital, et elle baissa la tête en mordant sa lèvre, tentant de contenir l'angoisse qui montait en elle.
— Leurs corps ? ajouta la policière.
« Ils sont tellement grands, ils vont nous dévorer ? » murmura-t-elle, ses paroles empreintes d'une terreur enfantine.
L'enfant de douze ans ferma les yeux, submergée par des images floues. Des silhouettes géantes, menaçantes. Elle se souvenait des cris, des larmes.
— Leurs voix ? insista la policière.
La petite fille ouvrit les yeux, fixant le plafond, cherchant à s'accrocher à la réalité. La texture du plâtre, les craquelures à peine visibles, tout devenait un point d'ancrage dans ce monde incertain.
« Quelle magnifique petite fille vous êtes... »
Ces mots résonnaient encore, empreints d'une ironie cruelle.
Elle se tourna vers la fenêtre, la nuit était profonde, constellée d'étoiles scintillantes. La policière continuait de lui poser des questions, sa voix douce mais persistante. Elle frissonna en sentant la main de la policière sur son bras, le contact la ramenant toujours à la réalité, une réalité qu'elle avait tant voulu fuir.
— Tu vas bien ? demanda-t-elle encore.
Non.
— Oui.
— Tu te souviens de quelque chose ?
— Rien.
C'était vrai, elle ne savait plus rien, seulement des flashs qui surgissaient parfois, mais son père lui avait interdit de parler et lui avait dit d'oublier. Elle l'avait fait, elle essayait d'ignorer, mais ils revenaient au moment où elle s'y attendait le moins et lui arrachaient sa sœur des bras pour la deuxième fois.
« Laisse la petite, on s'occupe de la grande. »
Les paroles flottaient dans l'air, menaçantes et inéluctables.
Le silence retomba dans la chambre. La policière nota quelque chose sur son bloc-notes avant de se redresser. La fille d'Ève regarda les étoiles à travers la fenêtre, espérant que la nuit emporte avec elle ses cauchemars.
Le silence pesait lourdement dans la chambre d'hôpital, enveloppant dans son étreinte étouffante. À douze ans, elle se sentait submergée par des souvenirs douloureux et des émotions complexes. Les bips réguliers des machines médicales semblaient marquer le rythme de son anxiété, alors que son père, à ses côtés, tentait en vain de dissimuler son agacement.
Elle regarda tristement par la fenêtre, cherchant un réconfort dans le ciel nocturne parsemé d'étoiles. Elle ne voulait pas revivre les événements traumatisants de cette nuit fatidique où sa sœur Clara avait disparu. Mais les souvenirs persistaient, s'accrochant à son esprit comme des ombres insaisissables.
Les images déchirantes de cette nuit hantée continuaient de la hanter, menaçant de la submerger dans un océan de chagrin et de confusion.
Clara est morte.
Le simple fait de penser à sa sœur bien-aimée lui serrait le cœur. Elle ne voulait pas croire que Clara avait disparu pour toujours, emportée par des événements tragiques qu'elle ne pouvait pas comprendre à son jeune âge.
Alors qu'elle fermait les yeux pour retenir ses larmes, une silhouette familière sembla se matérialiser près de son lit. C'était Clara, une vision de sa sœur, entourée d'une aura de douceur et de compassion.
—Petite sœur, chuchota l'illusion de Clara, sa voix empreinte de tendresse. Tu ne dois pas te laisser consumer par la vengeance. La paix vient du pardon et de la compréhension.
Les paroles de Clara résonnèrent dans l'esprit de fille, lui rappelant les valeurs auxquelles elle croyait.
Elle ne voulait pas céder à la tentation de la vengeance.Car Verónica préférait trouver la paix dans le pardon et la compréhension.
*Bip*
Salut Verónica, c'est Clara !
Je voulais te laisser un petit message parce que tu me manques beaucoup depuis que je suis à mon nouveau lycée à l'autre bout de Londres. Ici, les profs sont tellement sérieux que je me demande parfois s'ils savent encore sourire !
Hier, j'ai vu un écureuil dans la cour et il grimpait partout, comme toi quand tu joues à être une grenouille. J'ai presque voulu l'appeler Verónica ! Je rigole toute seule en y pensant.
Même si je suis loin, je pense toujours à toi. Continue à faire rire maman et papa avec tes blagues, et n'oublie pas de leur dire que le chocolat, c'est pour les grandes sœurs très sages, alors je mérite une grande tablette quand je rentrerai !
Je t'aime très fort, ma petite Verónica. Reste aussi rigolote et gentille. J'ai hâte de te raconter toutes mes aventures ici.
Gros bisous qui chatouillent !
*Bip*

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The mystical dance
FantasiDans un monde où chimères et humains coexistent, Verónica Raichands, étudiante en sciences spécialisée dans les chimères, se distingue par sa fascination pour ces créatures, contrairement à la plupart des humains qui les craignent. Issue d'une famil...