Chapitre 12

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Dans la vie, c'est le milieu qui fait l'homme. Dit-on
C'est pourquoi, chacun de nous agit et fait les choses selon son éducation et la manière d'agir des gens du milieu où il se trouve.
Si Augustin avait reçu l'éducation africaine sous toute ses formes et n'avait pas passé la moitié de sa vie à l'occident, il n'allait peut-être pas agir comme il l'a fait.
Pour lui, l'annonce qu'il venait de faire avait été faite au bon moment et surtout qu'il savait que ses futurs beaux-parents étaient instruits, ça ne pouvait que leur faire plaisir mais tel ne fut pas le cas parcequ'après la phrase qu'avait prononcé Safiatou, un lourd silence s'installa dans la pièce. Personne ne parlait. On pouvait entendre la respiration saccadée de Safiatou comme on pouvait comprendre le rythme auquel battait le cœur d'Augustin.
Malgré que ce silence venait de s'installer, pour Safiatou ceci dura toute une éternité.
Elle voulait crier, dire à ses parents à quel point elle tenait à épouser Augustin.
Tout le monde attendait la réaction du père de famille et tous les regards étaient à présent braqués sur lui.
Voyant alors que tout le monde s'attendait à ce qu'il dise quelque chose, M. Baldé se racla vite la gorge et ouvrit le débat.
-Alors monsieur, c'est quoi votre prénom déjà ? Demanda-t-il à Augustin sans faire trop attention à la présence de sa fille.
-Je m'appelle Augustin père. Répondit-il calmement et tout le monde le regarda surpris.
Personne ne pouvait imaginer qu'Augustin soit d'une autre ethnie. Il ressemblait tellement aux peuls que personne ne pouvait croire qu'il n'en était pas un.

-Augustin? Demanda à nouveau M. Baldé sans cacher sa surprise.
-Oui, Augustin Guilavogui. Dit-il sans s'attarder.
Et là, toutes les doutes se confirmèrent.
-Donc, comme ça tu es... Commença à balbutier M. Baldé en le tutoyant cette fois-ci.
-Oui, je suis chrétien et pratiquant. Répondit-il très fier de lui.
-Ah je comprends. C'est bien de pratiquer une religion surtout si on s'y donne à fond. Dit M. Baldé qui bouillonnait de l'intérieur.
Comment Safiatou avait-elle osé ?
Comment a-t-elle pu se permettre de présenter un homme qui ne partage pas sa religion soit disant qu'ils allaient se marier?
Elle est vraiment cinglée. Pensa son père.
-Bon, monsieur Augustin ça fait plaisir de vous voir ici chez moi. Et j'ai aimé partager ce dîner avec vous en compagnie de toute ma famille et j'ai compris que vous aviez un projet de mariage avec ma fille mais sur ce, permettez moi de me concerter avec elle et avec la famille et après on verra. Dit gentiment M. Baldé en faisant bonne mine.
-Je sais que ce n'est pas une demande en tant que telle mais à vous voir parler tous les deux, nous nous rendons tout de suite compte que c'est du sérieux et que vous vous fréquentiez depuis un moment mais, laissez nous le temps et Safiatou ou moi même vous ferons part de la décision prise Inchallah. Avait-il enchaîné en regardant Safiatou avec un sourire nerveux.
-Sans problème mon père. Comme ça, moi je vais vous fausser compagnie vu qu'il se fait tard.
Je reviendrai autant de fois que possible.
Merci beaucoup pour l'invitation, le dîner et l'accueil.
Vous êtes très chaleureux et j'ai passé un fabuleux moment. Dit Augustin en se levant.
Il serra la main du père et de la mère, fit un signe à Sadjaliou et la bise à Dalanda.
Quant à Safiatou, il ne fit rien devant les autres vu que cette dernière allait sûrement le raccompagner.
Ce qui fut fait et dès qu'ils ont mis les pieds dehors, Safiatou ne put cacher sa colère contre Augustin.
-Pourquoi tu as parlé de mariage ici aujourd'hui ? J'ai pas aimé Justin. Dit-elle calmement.
-Mais nous allons nous marier ma chérie et ils allaient le savoir tôt ou tard voyons. Répondit Augustin sur le même ton.
-Même si. Je ne voulais pas qu'ils le sachent de cette manière je ne leur avais rien dis. Dit-elle gardant toujours son calme.
-Ohh d'accord je comprends. Je suis désolé mon cœur.
J'espère juste qu'ils vont comprendre. Dit Augustin en s'excusant.
-Je l'espère bien aussi. Répondit Safiatou confiante.
Ils s'embrassèrent un bon moment avant que le jeune homme ne prenne congés.
Safiatou s'était calmée et s'est dit qu'il avait peut-être raison.

Dans la maison, l'atmosphère était tendue et c'est comme si tout le monde attendait la venue de Safiatou parceque dès qu'elle ouvrit la porte du salon, tous les regards furent braqués vers elle à nouveau.
Elle voulut continuer dans sa chambre mais elle même savait qu'elle n'allait pas échapper à son père car ce dernier l'attendait à pied ferme.
Alors, juste au moment où elle allait traverser le salon, elle fut stoppée net dans son allure.
-Et tu comptes aller où comme ça ? Demanda son père.
-Je voulais me changer papa. Dit-elle la tête baissée.
-Pas avant qu'on ne finisse, viens t'installer nous devons parler sérieusement. Dit son père sur un ton autoritaire.
Le cœur battant la chamade, elle s'est avancée et s'est assise sur le tapis pour ne pas avoir à affronter le regard sévère de son père.
-Sadjaliou, tu peux m'éteindre ça s'il te plaît. Dit son père à l'égard de son fils qui, jusque là était concentré sur une émission sportive qui passait à la télé.
-Mais Pa c'est intéressant ce que je regarde et...
-Je ne veux pas d'explication et je ne veux pas non plus polémiquer alors fais ce que je te demande. Dit-il en avant même que l'autre ne puisse finir sa phrase.
Ce dernier, énervé, rouspéta et finit par regagner sa chambre en maudissant sa sœur intérieurement.
-Dalanda, vas dans ta chambre. S'adressa t-il à la jeune sœur de Safiatou.
-Mais Pa je...
-Depuis quand tu me contredis toi aussi ?? Non mais c'est quelle famille ça !!! S'exclama-t-il en prenant sa tête entre les mains.
Dalanda, boudeuse courut vers sa chambre sans demander son reste.
Il ne restait plus que Safiatou et ses deux parents.
Personne ne parlait et tellement le silence pesait, on pouvait entendre les mouches volées.
5minutes, 10minutes, 15minutes, toujours rien.
M. Baldé semblait plongé dans ses pensées, sa femme l'observait craignant sa réaction et Safiatou jouait nerveusement avec ses doigts.
À un moment donné, elle voulut rebrousser chemin mais connaissant son père il pouvait la tuer si elle le faisait.
Son téléphone ne cessait de sonner et c'était son chéri qui l'appelait mais elle ne pouvait répondre parceque l'un des principes de la maison c'est qu'on ne réponde jamais à un appel quand nous sommes en face des parents surtout s'il s'agit d'une affaire sérieuse. Elle finit alors par éteindre son téléphone. 

-Oui, mademoiselle. Dit son père en brisant le lourd silence qui avait trop duré.
-Oui papa. Dit-elle tout doucement.
-J'ai entendu ce que notre invité et toi aviez dit mais je n'ai pas bien saisi tu vois? Donc je voudrais un petit éclaircissement là dessus quoi. Finit-il de dire ce qui a un peu détendu l'atmosphère parceque Safiatou avait souri quand son père a ajouté le "QUOI" dans ce qu'il a dit.
Et elle cherchait les mots mais ne trouvait vraiment pas quoi dire à son père.
-Heuu bon, c'est comme nous l'avons dit ici devant vous Augustin et moi comptons nous marier papa. Dit-elle avec une voix qui tremble.
-Oui et?? Questionna encore son père.
-Nous nous fréquentons depuis un moment maintenant et un jour, il m'a ramené c'est là que maman nous a vus et m'a dit de l'inviter à dîner.
J'ignorais qu'il allait évoquer cette histoire de mariage parceque je lui avais dis de me donner le temps pour que je puisse vous en informer mais malheureusement il est très pressé. Dit-elle un peu plus confiante.
-Tu te vois vraiment épouser quelqu'un qui n'a pas les mêmes convictions religieuses que toi Safiatou ?? Un chrétien ?? D'ailleurs tu crois qu'il le pratique comme il l'a dit ici ? Demanda à nouveau son père avec un peu de rage cette fois-ci.
-Je crois que oui papa. Il est très sérieux. Dit Safiatou d'une voix convaincante.
-Et tu connais sa famille ? Ses parents ? Demanda toujours son père.
-La vie n'a pas été tendre avec lui et il n'a que sa mère d'après ce qu'il m'a dit. Repondit-elle 
Elle croyait qu'avec toutes ces questions, son père avait compris et avait réussi à lire dans ses yeux l'amour qu'elle portait à Augustin.
Mais quand elle vit le visage de ce dernier se décomposer, elle prit automatiquement peur.
-Tu sais quoi Safiatou ? Lui demanda son père.
-Non papa je t'écoute. Répondit-elle sagement.
-C'est bien beau tout ce que tu viens de dire là mais je suis désolé de te dire que ce mariage n'aura pas lieu.
Ma fille n'epousera jamais un chrétien. Dit-il sèchement.
Ces mots furent pour Safiatou comme un couteau en plein cœur et sans même qu'elle ne s'en rende compte, ses larmes commencèrent à couler.

                            À suivre...

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