Une semaine après...
Les jours passaient, ils se ressemblaient.
La vie suivait son cours normal, les choses évoluaient et devenaient plus tendues.
L'amour, le projet de mariage qui étaient jadis les sujets de conversation préférés de nos deux tourtereaux avaient laissé place à la distance, la solitude, la nostalgie, bref un grand vide que nul ne saurait ni ne pourrait combler s'était faufilé et avait trouvé une place dans cette union qu'ils désiraient tant.
D'un côté, Augustin avait déjà lâché prise.
Certains croiront peut-être qu'il ne s'était pas battu, qu'il n'était pas allé jusqu'au bout, qu'il avait été lâche en abandonnant la lutte qu'il avait promis de mener jusqu'à s'en sortir victorieux.
Mais, d'autres savent qu'il avait fait de son mieux.
Aller jusqu'à vouloir changer de religion pour la personne qu'on aime ? Ce n'est pas n'importe qui qui est capable de le faire quand-même.
Mais, malgré toutes les souffrances qu'il avait subit à cause de cet amour, malgré les atrocités, les humiliations qu'il avait enduré, Augustin était certes désespéré mais dans son cœur, la place qu'occupait Safiatou restait intacte. Il l'aimait encore plus.
Plus les choses devenaient compliquées, plus l'amour qu'Augustin portait à Safiatou s'augmentait.
Plus les obstacles s'accumulaient dans leur union, plus l'envie de voir et d'avoir Safiatou grandissait.
Ne dit-on pas que l'interdit attire beaucoup plus que le permis ??
Augustin voulait écouter sa mère, mettre en tête qu'il n'y aura jamais d'union entre Safiatou et lui mais son cœur refusait de le croire, de l'accepter. Il voulait que ça marche.
Il voulait avoir Safiatou dans sa vie à jamais mais à voir le déroulement des événements, il avait compris que la seule manière d'atteindre son objectif et épouser la femme de ses rêves serait de briser la famille de celle-ci et il n'était pas du tout prêt à faire une telle chose.
Il savait bien ce que ça faisait d'être sans famille et si par hasard il arrivait à détourner Safiatou de sa famille, il savait que celle-ci ne le pardonnera jamais et lui-même d'ailleurs va se le reprocher à vie.
Il choisit donc de souffrir, de perdre l'amour de sa vie que de gâcher une famille déjà qu'il avait été la source de beaucoup de leurs problèmes.
Il prit donc la décision de libérer Safiatou et de la raisonner comme le voulait Sadjaliou.Safiatou, elle, croyant toujours qu'il y aura le mariage dont elle rêvait avec Augustin depuis le début, ne faisait rien et était concentrée sur ses études au calme.
Elle était tellement à fond qu'elle ne pensait même plus parfois à Augustin.
Elle attendait seulement de finir son examen pour recontacter et rencontrer Augustin afin qu'ils puissent avoir cette conversation sérieuse comme le lui avait dit Augustin.
Bizarrement, Safiatou ignorait encore ce que Sadjaliou avait dit à Augustin et ce que son père avait dit à la mère de ce dernier.
Personne ne lui avait rien dit et voyant où l'interrogation de la dernière fois l'avait mené, elle préféra ne rien demander.
De toute façon, Augustin allait lui dire ce qui s'était réellement passé.
Et d'ailleurs, plus personne à la maison ne parlait de ça. Sachant que c'était un sujet qui fâche et qui crée des polémiques, on préféra l'éviter du mieux que nous puissions.
Entre M.Baldé et son épouse, ils avaient réglé leur dilemme depuis l'accident mais il y avait toujours cette tristesse qui se lisait dans les yeux de madame Hawa et cet immense regret qu'éprouvait son mari.
Ils s'aimaient encore et toujours mais cette gifle, le frappage de Safiatou, l'accident de M.Baldé avaient créé une barrière entre eux.
Certes, il n'y avait plus de problème mais la complicité, l'harmonie, l'entente n'y étaient plus.
Pour ses parents, Safiatou avait oublié Augustin et était déjà passée à autre chose. Ils ignoraient de très loin qu'Augustin et elle ne s'étaient certes pas vus depuis des lustres mais que ce dernier ne lui avait encore rien dit.
Madame Hawa regardait sa fille avec un air pitié et désolant parceque celle-ci était devenue renfermée, lointaine et ne parlait presque plus.
Son quotidien était l'université, sa chambre, son téléphone, ses documents.
Et pourtant, elle n'en voulait à personne mais elle se sentait bien et elle-même quand elle se retrouvait toute seule.
Sa mère voulut lui parler et savoir ce qui n'allait réellement pas mais elle se contenta juste de dire à celle-ci que c'étaient les études et tout.
Même n'étant pas convaincu, Madame Hawa lâcha l'affaire et se concentra sur la santé de son mari.