Quelques heures plutôt...
Après avoir échangé avec sa frangine au téléphone, Sadjaliou avait tout de suite comprit qu'elle était encore avec ce fameux Augustin.
Sans qu'ils ne s'en rendent compte tous les deux, Sadjaliou avait entendu la voix d'Augustin à l'autre bout du fil lorsqu'il échangeait avec sa sœur.
Il conclut alors qu'elle avait passé la nuit chez ce dernier espérant juste que rien ne se soit produit entre eux.
Sinon que feront ses parents s'ils apprenaient que Safiatou avait eu un moment d'intimité avec cet homme qu'ils ne voulaient point qu'elle épouse ?
Il ne pouvait même pas l'imaginer.
Quand il sut où se trouvait sa sœur, Sadjaliou eut une idée qu'il décida de partager avec ses parents.
Il rentra alors directement à la maison et dès qu'il déposa la clé de la voiture, ses parents et sa petite sœur Dalanda se retournèrent et les questions pleuvaient de partout.
-Tu as retrouvé Safi grand-frère ? Demanda gentiment Dalanda.
-Tu as des nouvelles fiston ? Tu as pu lui parler ? Demanda son père.
-Tu es sorti sans prendre ton petit-déjeuner, tu as mangé quelque chose au moins ? Ce fut la question de sa mère.
Chose qui n'étonna personne d'ailleurs.
-Calmez vous voyons. Dit Sadjaliou après avoir joué avec la patience de ses interlocuteurs.
-Nous t'écoutons alors, parle. Fit son père.
-Oui j'ai pu parler à ma sœur. Dit Sadjaliou très calme.
-Et?? Où est-elle alors ? Questionna à nouveau son père.
-Elle était chez une de ses amies et elle en route pour la maison. Répondit Sadjaliou en protégeant sa sœur.
-Elle va m'entendre aujourd'hui. Je n'attends qu'elle. Dit son père furieux.
-Quelle amie ? Depuis quand elle a une amie que je ne connais pas et où elle peut passer la nuit sans même nous informer ? Han? Dit sa mère qui avait gardé le calme jusque là.
-Ah en tout cas c'est ce qu'elle m'a dit hein. Soutint Sadjaliou.
-Je suis sûr qu'elle était avec cet idiot d'Augustin. Mais elle viendra me trouver ici Incha Allah. Dit sa mère qui avait trop la rage.
-Papa, pourquoi vous ne voulez pas que Safi épouse son Justin chéri ? Ils s'aiment beaucoup vous savez ? Sortit Dalanda avec sa voix de petite fille.
-Ma chérie, commença son père en prenant ses petites mains dans les siennes.
Les choses ne sont pas toujours telles qu'elles sont.
À ton âge, tu ne peux pas comprendre le pourquoi nous refusons cette union mais avec le temps et l'âge, tu finiras par savoir hun.
Maintenant va jouer dans ta chambre. Finit-il en l'embrassant au front.
-Mais papa, c'est mon dessin animé préféré qui vient de commencer.
Laisse moi le regarder s'il te plaît. Fit la petite toute triste.
Ne voulant pas trop la brutaliser, son père n'insista point.
L'idée qu'avait Sadjaliou, c'était non seulement de régler les choses calmement et d'une manière très pacifique c'est à dire aller tout doucement avec sa sœur, parler avec elle mais aussi de tout faire pour avoir une conversation sérieuse avec Augustin et sa mère.
Et pour un début, il voulait le faire tout seul mais avec tout ce qui se passait, il comprit vite que ça ne sera pas possible.
Pour le cas d'Augustin, vu qu'ils sont tous des jeunes, il avait décidé de le voir et de lui parler d'homme à homme.
Pour la mère de ce dernier, son père ou sa mère à lui Sadjaliou le fera.
-Papa, je crois avoir trouvé une solution face à ce problème qui commence à nous perturber tous. Avait-il dit à son père.
Mais aulieu de laisser son mari répondre, c'est madame Baldé qui prit la parole en disant:
-Tu veux dire que toi tu es d'accord avec une telle ânerie ? Tu cherches à soutenir ta sœur c'est ça ?
-Mais pourquoi tu es si pressée maman ? Laisse moi au moins finir non, genre, tu ne sais même pas ce que j'ai envie de dire et tu me cries dessus feignant même me frapper. Répondit Sadjaliou énervé.
-ESPÈCE DE PETIT INSOLENT, TU NE ME PARLES PLUS COMME ÇA.
JE SUIS TA MÈRE AU CAS OÙ TU L'AURAIS OUBLIÉ. Cria la dame.
Elle qui était toujours très douce et protectrice envers ses enfants surtout Sadjaliou, elle venait de crier pour la première fois sur son fiston chéri et ce qui est plus marrant, c'est qu'il n'y avait aucune once de regret sur son visage.
-Je suis désolé maman, je ne voulais pas t'offenser. S'excusa Sadjaliou.
Sa mère avait tiré la tronche et avait tout simplement dit:
-Cette histoire va finir par me rendre folle j'en suis sûre. Dit-elle d'un air pitié.
-Calme toi chérie et écoutons le petit on ne sait jamais. Dit monsieur Baldé qui avait de la peine pour sa femme.
Dalanda, apeurée par les cris de sa mère voulut rejoindre sa chambre mais elle était curieuse de voir la suite de l'événement parcequ'elle n'arrivait pas à se concentrer sur son émission.
Quand l'atmosphère s'est un peu détendue, Sadjaliou reprit la parole.
-Je disais donc. Fit-il
-Oui fiston, nous t'écoutons. Répondit son père.
-Et si on essayait de régler ça d'une manière pacifique? Genre, qu'on essaye de discuter avec Safiatou, Augustin et la famille de ce dernier. Dit Sadjaliou un peu hésitant.
-QUOI ?? DIRE QUOI À CES GENS ?? HEIN ?
JE NE SUIS PAS D'ACCORD. C'était madame Baldé qui avait repris ses cris.
-Heuuu, Heuu, Hawa tu sais que tu n'es pas folle? Si quelqu'un est ton fils ici, c'est Sadjaliou et non moi.
Alors, tu vas me faire le plaisir de faire ces trois choses:
Primo: Tu baisses d'un ton et écoutes ce qui se dit.
Secondo: Tu n'as plus droit à la parole tant que je ne te la donne pas.
Tertio: NE t'avise plus de crier sur qui que ce soit dans cette maison parceque tu as vu à quel point tu as effrayé la petite.
Et j'ai fini de parler hein.
Connaissant son mari, madame Baldé ne dit plus aucun mot. Elle baissa la tête honteuse et écouta sagement ce qui se disait.
-Continue fiston, tu disais?
-Papa , je me suis dis que nous pourrions raisonner Safia sans que personne ne soit frustrée ou blessée.
Moi par exemple, je pourrais parler à Augustin d'homme à homme et lui faire comprendre que c'est impossible d'épouser ma sœur.
Je lui expliquerai pour qu'il comprenne et s'il le faut, j'irai avec des preuves concrètes qui prouvent que ce mariage n'aura pas lieu.
Et quant à toi, tu iras voir les parents d'Augustin pour que vous échangiez calmement aussi.Finit Sadjaliou en attendant la réaction de ses parents son père surtout.
M. Baldé même trouvant que l'idée était superbe, ne sauta pas tout de suite de joie.
Il réfléchit des minutes durant en secouant la tête.
-Tu crois que ça marchera fiston ? Demanda-t-il à son fils en qui il faisait beaucoup confiance.
-J'en suis sûr papa. Augustin est un homme, un vrai homme et il me semble que s'il savait réellement pourquoi il ne peut pas épouser ma sœur, il l'aurait déjà libéré.
Même à le voir papa, on sent que c'est quelqu'un de bien cet homme. Convainquit Sadjaliou.
-Pourquoi je n'y ai pas pensé moi? C'est une bonne idée et je crois que ça va porter fruits Incha Allah. Fit M. Baldé un peu soulagé.
Le silence commençait à peser dans la pièce quand il demanda à sa femme:
-Alors chérie, t'en penses quoi de cette brillante idée que vient d'avoir ton fils?
-Bon, je sais pas trop mais j'espère que ça marchera. Répondit-elle après avoir pris son temps pour répondre.
-Bien, comme ça nous allons attendre le retour de la reine. Dit simplement M. Baldé.
Dalanda n'avait rien dit jusque là mais dès que la porte s'ouvrit sur sa sœur, elle n'a pas pu s'empêcher de lancer "Ohhh enfin la portée disparue qui décide de rentrer" et c'est là que tout le monde se retourna vers elle pour la fixer.
Safiatou qui s'attendait à un accueil froid venant de ses parents fut très étonnée de leur réaction.
-Bonjour votre majesté, bien dormi? Dit son père avec un sourire au coin des lèvres.
-Bonjour papa, oui hamdulilah. Répondit-elle timidement.
-Tu es rayonnante ce matin hein! S'exclama-t-il.
-Ahiii papa, toi aussi faut arrêter non? Je suis comme ça. Dit-elle.
Sa mère qui était allée chercher un verre d'eau dans la cuisine et ayant aperçu de loin une tâche rouge sang sur sa robe, était devenue toute furieuse et se faisait déjà des films de tout genre.
Alors, elle déposa vite le verre, s'empressa vers elle et s'empara de son bras en la tirant de force.
-Aller, suis moi je dois te parler. Dit-elle sèchement sous les regards inquisiteurs des autres...
Et si cette tâche sur la robe de sa fille était ce que pensait madame Hawa ?
Que va raconter Safiatou pour échapper aux griffes de sa mère ?
À suivre...
