Le lendemain, Augustin avait les yeux rouges telles des braises ardentes, il avait un mal de tête insupportable et avait même quelques vertiges qui l'empêchaient de tenir sur ses pieds. Mis à part tout ça, la partie de son corps qui lui faisait le plus mal était son CŒUR.
Pourquoi celui-ci ? Parceque c'est lui qui l'avait mis dans cette situation.
C'est ce cœur qui l'a poussé à aimer Safiatou comme un dingue.
C'est ce même cœur qui refuse de se détacher d'elle et qui ne veut pas entendre dire que la relation Augustin-Safiatou est impossible et pourtant, Augustin commençait à désespérer.
Après la conversation qu'il avait eu avec Sadjaliou la veille, Augustin était rentré chez lui en un seul morceau par chance.
Il roulait tellement vite qu'il a faillit écraser au moins cinq personnes sur son passage en se faisant insulter bien sûr.
Il roulait sans savoir où il allait, c'est comme si on avait ôté son âme de son corps.
Et une fois chez lui, Augustin s'était laissé aller et avait pleuré comme un bébé.
Il avait mis sa fierté, son égo de côté, s'était mis à l'évidence et s'était vidé la tête et le cœur.
Pourquoi ça n'arrivait qu'à lui cette situation ?
Pourquoi voulaient-ils à tout prix lui séparer de la personne qu'il aime plus que tout au monde ?
Pourquoi une telle méchanceté ? Ne voyaient-ils pas à quel point Safiatou et lui s'aimaient et voulaient vivre ensemble ? Ils ne cessaient de se poser ces questions en pleurant de plus belle.
Qui vous a dit que les hommes ne pleurent pas pour l'amour? hein ??
C'est la sonnerie de son téléphone qui lui fit revenir à la réalité et ce n'était personne d'autre que Safiatou.
Il décida d'ignorer ses appels même s'il avait une folle envie de lui répondre et lui dire qu'il était finalement d'accord pour la fugue qu'elle lui avait proposé et qu'il avait refusé deux jours auparavant mais dès qu'il a pensé à ça, une petite idée lui traversa l'esprit.
Et si Sadjaliou l'avait menti sur toute la ligne ?
Et si ce n'était qu'une pièce montée pour l'éloigner de Safiatou ?
Alors, il se leva brusquement, pénétra sa douche, prit un bain vite fait, s'habilla légèrement et sortit de son appartement pour aller chercher des informations qui lui seront sûrement utiles.De l'autre côté de la ville, au même moment, M. Baldé se préparait pour sortir de chez lui.
Quant à Safiatou, elle était restée cloîtrer dans sa chambre depuis des jours et le silence subite de son chéri commençait à l'inquiéter et à l'exaspérer.
Au fait, depuis qu'elle a remis le contact de celui-ci à son frangin, ils ne communiquaient presque plus.
Elle trouvait ça louche et très bizarre mais vu qu'elle avait confiance à Sadjaliou, elle laissa couler tout en se disant que tout allait bien et que si Augustin ne répondait pas à ses appels, c'est parcequ'il est peut-être occupé avec son boulot qui lui prenait d'ailleurs la moitié de son temps.
Alors, ayant un examen à passer à la fac, Safiatou préféra se focaliser là dessus en se plongeant de plus dans ses études boudant ainsi le monde entier.
-Chérie, je vais régler un truc je reviens. Dit monsieur Baldé à sa femme qui regardait une de ses séries sur novelas.
Comme si on ne s'adressait pas à elle, madame Baldé continua de mater sa série sans accorder la moindre importance à son mari.
-Tu m'as entendu ma cocotte? Je sors Dis-je. Répéta-t-il.
Elle ne répondait toujours pas et se contenta juste de le toiser avec un air qui dit "J'ai entendu, va-t-en et laisse moi regarder ma série".
Elle était très surprenante cette attitude parceque d'habitude, si monsieur Baldé voulait sortir chose qui arrivait très rarement, il ne s'en sortait pas facilement avec son épouse qui lui bombardait des questions de tout genre.
Tellement qu'ils étaient complices et s'amusaient comme des gamins, monsieur Baldé était parfois obligé de donner de l'argent à sa femme pour qu'elle le laisse sortir.
-Attends, tu m'en veux encore pour ce qui s'est passé la dernière fois ? Demanda-t-il.
Mais je me suis excusé même si c'est mille fois toi aussi. Dit-il en l'approchant du regard avec un air de chien battu .
Malgré tout ça, madame Baldé continuait d'ignorer son époux. En effet, depuis qu'il l'a giflé devant ses enfants à cause de Safiatou, elle lui avait coupé la parole.
Le monsieur s'était excusé à maintes reprises et la dame avait déjà pardonné mais fallait qu'elle se fasse désirer pour que ça ne se répète plus jamais.
Elle avait une folle envie de lui sauter au cou l'embrasser, lui faire pleins de bisous, l'embêter avant qu'il ne parte mais hélas, sa fierté ne lui permettait pas de lui revenir aussi facilement.
-Bon, je vois que tu n'as toujours pas oublié cette histoire mais on en parlera à mon retour et aujourd'hui, tu vas me pardonner de gré ou de force même s'il faut que je m'agenouille et te prenne les pieds incha allah. Tu ne peux pas savoir combien de fois ce silence me tue à petit feu mais bon, tout est de ma faute.
Je n'aurai jamais dû. Je n'ai pas tenu ma promesse je suis vraiment désolé. Dit-il espérant une réponse ou un regard compatissant au moins mais malheureusement, la dame ne fit rien.
-Bon, Il faut que j'y aille vu que ma dulcinée refuse de me parler. Aurevoir, je t'aime beaucoup l'oublie jamais. Fit-il à sa femme qui avait les bras croisés et qui suivait avec intérêt sa série.Alors, le cœur lourd et meurtri, M. Baldé sortit de sa maison galamment vêtu et prit la route pour chez cette Christine dont le fils était à l'origine de ses problèmes.
Il voulait dire à cette femme de dire à son idiot de fils de foutre la paix à sa fille.
Il en avait marre de cette histoire de mariage qui n'aura jamais lieu.
Il voulait seulement que ça finisse, que Safiatou revienne à la raison, qu'elle oublie une bonne fois pour toute cet Augustin.
Tout le monde se demandait ce que Safiatou trouvait en Augustin.
Qu'avait-il de si spécial que les autres prétendants de Safiatou n'avaient pas ?
C'est ce que personne n'arrivait à découvrir.
Après donc une demie heure de conduite, M. Baldé finit sans difficulté par trouver l'immeuble qui s'avère être l'adresse que lui avait remis son fils.
Il gara très bien sa voiture et descendit aussitôt.
Il portait un grand boubou blanc joliment brodé qu'il réajustait à tout moment. Il était coiffé du bonnet appelé "Poutoorou" très bien cousu et qui mettait en valeur son teint.
Il avait tout de suite attiré l'attention des gens mais n'en fit pas cas et se contenta juste de saluer ceux qui se trouvaient en bas de l'immeuble avant d'emprunter l'ascenseur et de vite atterrir au 4ème étage où résidait Christine.
Sans perdre du temps, il se mit à sonner et seulement à la troisième sonnerie, une superbe femme toute souriante lui ouvrit.
-Oui? Dit la femme en regardant M. Baldé.
-Bonsoir, vous êtes Christine ? Fit ce dernier à son tour.
-Oui c'est bien moi. Je peux vous aider ? Demanda-t-elle un peu surprise.
-J'espère que oui. Je suis le père de Safiatou ! S'exclama-t-il avec fierté.
-Ohhh d'accord, entrez je vous en prie. Comme si elle l'attendait, Christine accueillit son futur beau père en lui cédant le passage.À suivre...