XIV. L'avertissement

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La peur déferla instantanément en moi alors que je prenais conscience de ce que cela signifiait.

Jay est un humain.

Aussi costaud et fort soit-il, s'il n'est pas rapidement guéri, il risque la mort !

Dans un feulement empli de détresse, je me tournai vers les loups-garous et Sylvius, qui s'étaient déjà rapprochés en sentant mon désarroi.

« Jay a été empoisonné par une goule ! » feulai-je à la cantonade.

Les lycanthropes émirent des jappements mortifiés pour la plupart.

De part leur nature d'auto-guérison, les loups-garous n'étaient sensibles à presque aucune maladie ou poison quelconque, à moins que de l'argent y soit mêlé.

Aussi, s'ils étaient immunisés au venin de goule, cela ne les empêchait pas de savoir ô combien ce dernier était dangereux pour les autres créatures.

Et en particulier les humains.

Jack, aussi inquiet que moi, abandonna Aster pour s'approcher de Jay.

Les oreilles couchées en arrière et la queue entre les pattes, il vint renifler la plaie du Praetor avant de reculer, l'air mortifié.

« Jay non ! l'entendis-je gémir. Comment cela a-t-il pu arriver ? »

Comme s'il avait compris – ou peut-être deviné – la complainte du lycanthrope, Jay parvint à articuler faiblement.

« L'une de ces saloperies m'a chopé par-derrière alors que j'étais en train d'examiner les environs parce que j'avais entendu un bruit bizarre.

J'ai eu le temps de lui tirer dessus pour la repousser et l'empêcher de me trancher la gorge, mais elle a quand même réussi à m'atteindre. »

Je reniflai la plaie de mon protecteur avec inquiétude.

Je savais que la salive des garous et de ceux de mon espèce possédaient des vertus curatives et pouvaient guérir en quelques secondes de petites blessures.

Cependant, je me doutais que cette fois, elle ne serait pas suffisante pour soigner la plaie empoisonnée de Jay.

Il doit impérativement recevoir un contre-poison dans les plus brefs délais.

Autrement, il sera en proie à des hallucinations qui risqueraient de le tuer bien avant que le venin s'en charge.

Je me tournai vers les loups-garous et Sylvius.

« Mon ami doit recevoir les soins d'un guérisseur ! Sauriez-vous nous indiquer le plus proche ? »

Je crus que mon cœur allait s'arrêter sous l'effet de la peur en constatant que les lycanthropes semblaient à la fois navrés et confus.

Rien d'étonnant à cela.

À quoi bon aller chez un guérisseur quand on possédait d'aussi bonnes capacités de régénération ?

Cependant, à mon plus grand soulagement, Sylvius s'avança d'un pas, le regard songeur.

« J'ai une amie magicienne de classe Guérisseuse qui habite Mysterium, déclara ce dernier.

Elle possède notamment plusieurs fioles de contre-poisons au venin des goules.

Elle devrait pouvoir soigner ton ami. »

Je ne pus m'empêcher de ronronner de soulagement.

Que Dieu soit loué.

Ce fut ce moment précis que choisit Jay pour se manifester.

De Griffes et de Crocs : Le PacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant