De Griffes et de Crocs : Le Pacte

XX. Espoir

Le lendemain matin

Allongée sur mon lit, les yeux fixés au plafond, je ne cessai de repenser aux événements de la veille.

De retour sous ma forme humaine, j'étais en pleine réflexion.

Les choses ont tellement viré à l'inattendu hier soir, songeai-je.

Jamais je n'aurais pensé que sauver un bébé lycanthrope nous amènerait à affronter des goules, sauver Jay du venin d'une obscure, apprendre qu'un potentiel vampire pourrait se trouver derrière la disparition des surnaturels – ou du moins l'attaque contre mon mentor – et surtout jamais que je rencontrerai Sylvius !

De manière assez déconcertante, au milieu de tout ce que nous avions traversé et subi, c'était le visage du mage qui me revenait sans cesse en tête.

Pourquoi ? Moi-même l'ignorait.

Était-ce parce qu'il nous avait aidé à affronter les morts-vivants et à secourir Jay ? Était-ce parce que je l'avais moi-même sauvé d'une goule ? Ou bien était-ce parce qu'il est beau gosse ?

Je me mordis l'intérieur des lèvres.

Je me sentis rougir d'embarras.

Oh bon sang, à quoi est-ce-que tu penses Élodie ?! Reprends-toi un peu !

Tu as vingt-trois ans, pas seize !

Ce genre de réactions, c'est bon pour les adolescentes énamourées.

Pas pour les femmes adultes.

Je me levai brusquement de mon lit, craignant que m'approfondir davantage à ce sujet ne m'apporte aucun bénéfice.

Je ferais mieux de me concentrer sur quelque chose de plus important.

Je dois aller m'assurer que Jay va bien.

Après m'être rapidement habillée et coiffée, je descendis les escaliers de ma chambre, guère surprise de déjà découvrir Jay dans le salon.

Il avait beau être à peine huit heures du matin, il était déjà au taquet.

Du Jay tout craché donc.

Rien d'inquiétant à ça.

En revanche, je fronçai les sourcils en constatant qu'il était en train de préparer un grand sac de transport, qu'il remplissait de différents ustensiles.

Je reconnus ainsi des couteaux en fer et en argent ; des fioles contenant des liquides magiques ensorcelés – des Ignitius – qui invoquaient des flammes lorsqu'elles étaient jetées contre un obstacle (vivant ou non) ainsi que des Revelius ; un revolver et bien d'autres outils du style.

Je m'appuyai contre l'encadrement de la porte avant de lancer.

« Où est-ce-que tu vas ? »

Mon protecteur sursauta – il ne m'avait pas entendu approcher, furtive comme la panthère que j'étais la veille – avant de se retourner vers moi.

« J'ai reçu un message ce matin de Pradeo Lux.

– À quel sujet ? De l'attaque des goules ? De ta blessure ?

– Non. Enfin, pas seulement.

– Explique. »

Je n'aimais pas du ton l'odeur de nervosité qui s'échappait de Jay – que je ne voyais quasiment jamais dans un tel état.