XXIII. Le métamorphe

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« J'espère que tu sais que c'est une idée stupide ce qu'on fait là. »

Descendant tranquillement du pick-up de Jay, je ne bronchai pas à sa réplique.

De toute façon, même si je le voulais, je ne le pourrais pas.

Du moins, pas avec des mots.

Je m'assis dans l'herbe et laissai mon mentor me passer un collier à clous autour du cou, ainsi qu'une chaîne en argent.

Lorsque celle-ci m'effleura le cou et les côtes à plusieurs reprises, sans me faire le moindre mal, je me surpris à remercier les dieux de m'avoir fait métamorphe et non garou.

Les oreilles frémissantes, mes yeux se rivèrent sur la grange au beau milieu des bois.

La nuit venait tout juste de tomber, plongeant les environs dans l'obscurité et donnant une allure encore plus inquiétante à l'endroit.

D'autant que les cris et les aboiements frénétiques que je pouvais entendre ne me rassuraient guère.

Pourtant, je ne comptais pas reculer.

Avec Jay, nous avions un plan et, quoiqu'il advienne, nous ne nous défilerons pas.

Les oreilles frémissantes, je me laissai docilement conduire par Jay en direction de la grange.

Ma tête se releva d'intérêt lorsque j'aperçus plusieurs autres propriétaires de chiens faire la queue devant l'entrée de la grange.

Je notai ainsi les différentes races de chiens présentes : des rottweilers, des bergers allemands, des tosa-inus, des dobermans et bien plus encore.

Je repérai même un autre malinois, au pelage bien plus sombre que le mien, qui releva les oreilles en m'apercevant.

Lorsque je m'approchai un peu trop près de lui, il les rabattit en arrière et grogna méchamment sur mon passage.

Je n'y prêtai nullement attention, guère étonnée par l'agressivité que je percevais chez certains de ces chiens.

La majorité ont sans doute déjà combattus ici, pensai-je en les étudiant avec attention.

Ils ont déjà dû faire couler le sang de leurs congénères et sans doute les tuer pour survivre.

Nul doute que cela a dû laisser une marque indélébile dans leur esprit.

J'agitai nerveusement les oreilles à cette pensée.

Oh bon sang, faites qu'il ne soit pas trop tard pour les sauver.

J'avais beau me répudier à agir de la sorte, je savais que pour que notre plan fonctionne, à Jay et moi, je devais paraître aussi méchante et agressive qu'eux.

Aussi, lorsqu'un doberman un peu trop curieux fit mine de me renifler l'arrière-train, je fis volte-face et lui aboya dessus avec férocité.

Initialement surpris, il ne tarda pas à répliquer avec la même intensité, dévoilant ses propres crocs lorsque je fis mine de le mordre.

Le propriétaire du doberman recula instantanément et Jay fit de même avec moi.

Comme je devais garder l'illusion de chien de combat hargneux, je résistai un peu, obligeant mon mentor à tirer plus fort que nécessaire sur la chaîne en tonnant.

« Assez Argos ! Tu auras ton tribut de chair et de sang plus tard ! »

Je grondai volontairement mais obtempérai, me laissant entraîner en direction d'un homme à l'air assez âgé, qui semblait passer en revue les maîtres et leurs chiens de combat.

De Griffes et de Crocs : Le PacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant