XXIV. Le Barghest

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En d'autres circonstances, je me serai sûrement déjà retransformée et je serai immédiatement allée voir mon congénère plus jeune.

D'autant que son air désespéré et effrayé réveillait mon instinct protecteur et me poussait vers lui.

Cependant, en présence d'un humain, j'étais contrainte de demeurer sous ma forme actuelle.

Je m'efforçai donc de demeurer tranquille, alors que je voyais l'homme tirer sur la chaîne autour du cou du garçon pour l'obliger à avancer.

« Ce soir, je t'ai inscrit pour quatre combats, lui lança ce dernier en agitant un doigt menaçant sous le nez du garçon.

Quatre combats, tu m'as bien entendu ?

Tu te débrouilles comme tu veux, mais tant que tu n'auras pas remporté quatre combats, toi et ta sœur n'aurez pas à manger. »

Mes oreilles se redressèrent avec intérêt.

Sœur ? Ce garçon a une sœur ?

J'observai l'interaction avec intérêt, essayant de déterminer le type de relation entre les deux.

Le garçon était complètement soumis et vraisemblablement terrifié par l'adulte qui, en retour, semblait le considérer comme un outil pour gagner de l'argent.

J'étais prête à parier que les deux n'étaient pas père et fils.

Non seulement leur physique ne correspondait pas, mais j'étais presque prête à parier qu'aucun père ne parlerait ni ne traiterait son enfant de la sorte.

Enfin...j'ose espérer.

Je dus réprimer un grondement en voyant l'homme tirer violemment sur la chaîne, tout en indiquant une cage vide au garçon.

« Fais ce que tu as à faire et dépêche.

J'ai pas que ça à faire.

– Oui monsieur. » lâcha le garçon d'une voix tremblante.

Je le vis se laisser tomber à quatre pattes.

Sous mon regard fasciné, je vis son corps se transformer.

Une fourrure se mit à pousser sur son corps, recouvrant rapidement sa peau nue.

Ses bras et ses jambes se changèrent en pattes musclées et puissantes, tandis que sa tête s'allongeait et prenait une forme canine.

Ses oreilles se couvrirent de poils avant de se laisser tomber sur les côtés.

Ses dents devinrent des crocs pointus et aiguisés, tandis que ses ongles se métamorphosaient en griffes foncées.

Le blanc disparut de ses yeux de l'enfant, pour ne plus laisser qu'un jaune foncé, ponctué de deux pupilles noires et rondes au centre de chaque œil.

Et enfin, pour parfaire sa transformation, une petite queue grise vint apparaître sur l'arrière-train du garçon...plus si garçon que ça désormais.

En effet, sous mes yeux fascinés, j'avais vu le gamin se changer en imposant American Staffordshire Terrier, au somptueux pelage gris-bleu sur tout le corps, à l'exception du poitrail, du ventre et de sa patte avant gauche, qui, eux, étaient de couleur blanche.

Et par cette transformation, je reçus la confirmation de mes soupçons.

Sachant d'expérience qu'il n'existait pas de chien-garou – d'autant que la chaîne en argent autour de son cou n'avait pas brûlé le garçon à son contact – cela ne pouvait signifier qu'une seule chose.

De Griffes et de Crocs : Le PacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant