XIII. La blessure

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Surprise, je tournai la tête derrière moi pile au moment où une goule tentait de m'agresser.

Toutefois, au lieu de me heurter de plein fouet, le mort-vivant percuta une barrière scintillante, qui s'était manifestée juste devant moi à la dernière seconde.

Le bouclier protecteur de Sylvius ! songeai-je, stupéfaite, en me rappelant qu'il avait utilisé le même sort pour repousser Varg.

Les oreilles frémissantes, je tournai la tête et aperçus alors le magicien.

Perché sur la branche d'un chêne, hors de portée des goules, il observait la scène avec un calme surprenant compte tenu de la folie de la situation.

Néanmoins, je ne pus m'empêcher d'écarquiller les yeux d'étonnement en voyant des flammes rouges naître au creux de ses mains.

Des flammes de pure magie, qui provenaient de l'essence surnaturelle du magicien qui les créait.

Je plissai les yeux et pris quelques secondes pour les observer.

Au cours de ma formation de Praetor, j'avais appris que plus le pouvoir d'un magicien était élevé, et plus son feu magique était lumineux.

Or, celui de Sylvius était suffisamment rayonnant pour éclairer toute la clairière, presque comme s'il tenait deux soleils miniatures au creux de ses paumes.

Les goules, attirées par la lumière comme des insectes, se figèrent un instant pour tourner la tête vers lui.

Et se mirent à hurler comme des démentes lorsque Sylvius commença à les bombarder avec ses flammes magiques.

Si certaines parvinrent à esquiver, deux furent touchées par le feu du magicien.

Et sitôt que celui-ci entra en contact avec elles, les goules s'embrasèrent comme des torches en poussant des cris perçants à en fendre les tympans.

Cris qui ne se turent que lorsque les morts-vivants touchés passèrent de chair morte à cendres grises.

Deux de moins, pensai-je, soulagée.

Au même instant, Jay, qui avait arrêté de tirer sur les goules pour observer Sylvius, lança à ce dernier.

« Hé bah, pas trop tôt mage de pacotille ! »

J'écarquillai les yeux, mi-choquée mi-amusée.

A-t-il vraiment traité le successeur du chef des magiciens de « mage de pacotille » ? Jay n'a vraiment pas froid aux yeux !

Sylvius, qui semblait plus amusé qu'offensé, lança par-dessus le tumulte.

« Veuillez excuser mon retard, il y avait des interférences magiques qui gênaient mon sort de téléportation. J'espère que vous saurez me pardonner. »

Même si l'amusement était perceptible dans son ton, j'y discernai également une pointe de sérieux.

Et ce sérieux me fit me poser d'importantes questions sur les « interférences magiques » auxquelles il faisait référence.

« Je te pardonnerai uniquement quand t'auras fumé ces saletés ! répliqua Jay avec toute la grâce et la politesse dont il était capable dans une situation aussi stressante.

– Oh ça ne devrait pas être trop difficile alors ! s'esclaffa Sylvius.

Surtout avec la cavalerie qui arrive ! »

La cavalerie ?

Pile au moment où le magicien disait cela, un long hurlement déchira l'air.

Avec un certain soulagement, je vis alors déferler Jack, ainsi qu'Ulrick et ses loups-garous.

De Griffes et de Crocs : Le PacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant