VIII. Lycanthrope en détresse

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J'échangeai un regard entendu avec Jack.

Dans son regard, je pouvais voir le moment où son instinct de loup s'était déclenché.

Comme tous les lycanthropes, Jack ressentait au fond de lui ce besoin impératif et puissant de prendre soin et de protéger les petits.

Or, s'il y a bien une espèce surnaturelle qui ne supporte pas que les enfants – quelle que soit leur nature – soient blessés, c'est bien celle des loups-garous.

Moi-même d'ailleurs n'était pas dépourvue de cet instinct.

J'avais beau ne pas être une lycanthrope, cela ne m'empêchait pas de ressentir le besoin féroce et impérieux de défendre tout enfant qui avait besoin de protection.

Et ce qu'il soit un surnaturel ou non.

Je n'eus donc même pas besoin de dire quoique ce soit à Jack que nous nous élançâmes en direction de l'endroit où nous avons entendu le glapissement.

Néanmoins, au fur et à mesure que nous progressions, je ne pus m'empêcher de noter avec inquiétude que nous nous rapprochions de plus en plus des terres du clan d'Ulrick.

Or, le loup-garou avait beau être sage et posé, il n'en demeurait pas moins un lycanthrope.

Un alpha qui plus est, qui risquait de ne pas être ravi de voir débarquer sans prévenir deux intrus.

D'un autre côté, le petit loup-garou que nous avions entendu couiner avait indéniablement besoin d'aide.

Nul doute que si nous pénétrons sur son territoire uniquement dans l'optique d'aider un de ses petits, Ulrick comprendra, me rassurai-je.

C'est un loup-garou raisonnable.

Il ne nous en voudra pas, à Jack et moi, d'être entrés sans permission sur leurs terres si c'est pour venir en aide à un lycanthrope en détresse – surtout si c'est un enfant.

Du moins je l'espère.

Je pilai net lorsque, avec Jack, nous arrivâmes pile à la frontière du territoire du clan d'Ulrick.

L'odeur de sa meute imprégnait les arbres et les buissons, avec une grande force qu'il était impossible de rater.

Si jamais ils nous découvrent sur leur territoire, nous n'aurons aucun moyen de leur affirmer que nous avons franchi la frontière par erreur.

Ils flaireront tout de suite notre mensonge.

Jack, qui s'était arrêté près de moi, semblait tout aussi nerveux.

Les oreilles et la queue frémissantes, son regard ne cessait de dériver entre la frontière et moi.

« Tu penses comme moi ? me demanda-t-il.

Si ta pensée est de franchir la frontière pour pénétrer sur le territoire d'un redoutable clan de lycanthropes dont la moitié de ses membres nous feraient la peau s'ils découvraient notre présence chez eux pour aller sauver un bébé loup-garou probablement en danger...alors oui.

Je te confirme que ta pensée est correcte. »

Jack poussa un soupir lupin qui sonnait très ''humainement'' à mes oreilles.

« Tant de sarcasme n'était peut-être pas nécessaire. »

Je laissai échapper un feulement amusé.

« Moi ? Sarcastique ? Absolument pas ! »

Je repris cependant mon sérieux lorsque j'ajoutai avec inquiétude.

De Griffes et de Crocs : Le PacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant