XXVIII. Baiser glacial

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Les babines retroussées, j'attendis d'être hors de vue des humains pour bondir dans les airs et prendre ma forme de panthère.

En quelques fractions de seconde, ma fourrure devint entièrement noire, mes pattes s'allongèrent et s'assouplirent tandis que mes griffes devenaient rétractiles.

Mon museau pointu de lupoïde se changea en truffe féline tandis que ma queue s'agrandissait et que mes poils prirent une teinte plus sombre.

Finalement, lorsque je retombai sur mes pattes, de chien, j'étais passée à panthère.

Et s'il y avait bien une chose à savoir sur les panthères, c'était qu'elles n'avaient pas leur pareille pour traquer et tuer leurs proies de façon rapide et efficace.

Ce n'était d'ailleurs pas pour rien que j'adorais regarder la série Manimal, avec le héros Jonathan Chase, dont la forme animale de prédiction était une panthère noire, idéale pour la traque, la furtivité voire le combat contre ses ennemis.

Cet homme avait bon goût.

Dommage que la série ait été arrêté aussi tôt.

Je me secouai la tête, me reprenant rapidement dans un grondement sourd.

Inutile de songer à ça maintenant.

Dans l'immédiat, j'ai un chien démoniaque à tuer.

D'ailleurs, alors que je m'éloignai de plus en plus de la grange, en suivant les traînées de sang vert et l'odeur de soufre du Barghest, je me retrouvai rapidement à me méfier.

Pourquoi le chien surnaturel m'entraînait-t-il donc aussi profondément dans la forêt ? Me fuyait-t-il ?

Non, pensai-je rapidement, le regard pensif.

Au vu de la manière dont il m'a regardé, je suis plus que convaincue qu'il veut me faire la peau.

La question demeure la suivante : pourquoi partir aussi loin ? M'entraîne-t-il dans un piège ?

Cette idée ne me rassurait guère.

Pourtant, je refusai de faire demi-tour et poursuivis la traque.

Une chasseuse ne renonce pas à sa proie aussi facilement.

Quel que soit le danger.

Ou la difficulté.

Néanmoins, même si je ne craignais pas le Barghest ou son traquenard, je décidai de me fier à mon instinct.

Avisant un arbre à proximité, je m'y dirigeai au petit galop.

Une fois devant, je bandai des muscles avant de bondir sur le tronc.

Jouant de mes griffes rétractiles et de mes pattes souples et agiles, je n'eus aucun problème à escalader l'arbre, jusqu'à atteindre une branche parfaite pour l'observation.

Les oreilles frémissantes, je pris le temps d'étudier mon environnement.

Le silence qui enveloppait les bois n'était guère rassurant.

Dans une forêt normale, il y avait toujours du bruit, que ce soit le gazouillis des oiseaux, le bruissement des feuilles ou même le souffle du vent.

Or, il n'y avait rien de tout cela.

Juste un silence glacial.

Chose qui ne me disait absolument rien qui vaille.

Quoiqu'il soit en train de se passer, ce n'était pas bon.

De Griffes et de Crocs : Le PacteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant