Chapitre 15

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NDA -  Pour une expérience de lecture optimale, je vous conseille d'écouter ces quelques musiques : Chan Chan de Buena Vista Social Club, Chamber of Réflection de Mac DeMarco (j'insiste sur ces deux premières, qui ont tourné en boucle pendant ma rédaction), Verbatim de Mother Mother, I Wanna Be Yours de Arctic Monkeys

NB : Jordan va avoir des considérations quant à la relativité du genre et des chromosomes sexuels, et par soucis de cohérence avec la personnalité que je lui ai créée, il ne fait aucune mention de la transidentité. Merci de garder en tête que notre genre (ou notre spectre de genre) peut différer de notre profil chromosomique, et que je ne partage évidemment PAS l'avis de Bardella.

*

Quand il s'agit de ses horaires de travail, Camille est imprévisible. D'autant plus que Jordan se rappelle des aveux de la veille : la jeune femme avait un rencard pour la soirée, et si elle s'est trop faite démontée, alors la brune risque d'arriver tard. Les pensées crues de Bardella lui arrachent un sourire, et d'extérieur, il se dit qu'il doit avoir l'air fou. Il ne faut surtout pas qu'il dise des choses de ce registre devant Camille, sinon cette gourde l'enverra paître quant à Gabriel. 

Le jeune homme meurt de faim, mais désormais il ne veut plus croiser Attal tant qu'il ne sera pas parvenu à attraper son amie entre quatre yeux afin de lui tirer les vers du nez sur ce que Gabriel ressent, et pour qu'elle l'aide sur la démarche à suivre. « Si ça se trouve, la garce va juste me rire au nez et me laisser me démerder », pense Jordan avec un rictus amusé, mais ce n'est pas drôle, car il estime qu'elle est son dernier espoir. 

Bardella attrape son téléphone – qu'il a chargé avec le câble de Gabriel, et pourquoi pas ? – et déroule sa liste de contact afin de trouver Camille, qu'il a renommé par le surnom nul autre que « Bécassine ». Si sa propre plaisanterie le fait rire, il s'empresse tout de même de le changer : si par mégarde, la jeune femme voyait cela, alors c'est certain qu'elle l'enverrait bouler. Chassé, le naturel revient au grand galop puisque Jordan ne peut s'empêcher de noter dans un coin de sa tête qu'il faudra qu'il remette ce surnom qui convient si bien à la brune. Il l'appelle une fois, puis deux, puis trois, mais elle ne répond pas et cela peut se comprendre puisque l'heure indique 7h30. Le jeune homme décide de faire preuve de patience, mais celle-ci se résume à une petite poignée de minutes : à 7h38, il rappelle encore, et si la sonnerie commence à s'essouffler, le combiné décroche.

- Allô ! grogne Camille à l'autre bout du fil, mais son ton paraît paniqué. Est-ce qu'il est arrivé quelque chose à Gabriel ?

C'est l'occasion ou jamais pour Jordan. Il sait que l'amitié que voue Camille à Gabriel est sans limites, ce qu'on ne peut pas transposer sur Bardella. Vil menteur, il rétorque, tout en sachant déjà la réponse que la jeune femme lui fournira :

- Oui, en quelque sorte.

- Oh putain, j'arrive ! 

Le téléphone coupe. « Trop facile » jubile Bardella, lequel ne se sent absolument pas coupable d'avoir eu encore une fois recours à la manipulation. Pour une fois, il évalue qu'elle est légitime, motivée par une question de nécessité absolue. C'est ce qu'il se dit à chaque fois qu'il a recours à la traîtrise, de toute façon. Jordan est prêt à prendre sur lui, mais il est impossible qu'il se change du tout au tout en moins de 24h. Puis, en toute honnêteté, le jeune homme n'a aucunement envie de se changer. 

Le fourbe estime que Camille peut-être là d'ici 20 minutes, alors il est temps qu'il se prépare, et il repense au pauvre Gabriel qui est sorti dans Matignon avec son adorable pyjama à carreaux. Attal a toutes les raisons de le maudire, à présent. Jordan prend le temps de s'habiller en choisissant ses vêtements avec une rare minutie : cela lui permet de faire passer l'attente sans trop réfléchir à la veille, à Gabriel, et à ce qu'il va dire à Camille. Il est si près du but, trop près du but, et Bardella craint de faire machine arrière s'il ne ressasse trop. En effet, depuis la veille, sa culpabilité s'est atténuée, et le jeune homme sent bien qu'il ne va pas falloir la laisser s'essouffler trop longtemps sous risque qu'il abandonne tout, puis se contente d'amadouer Gabriel à nouveau, et enfin qu'ils repartent gaiement dans le cercle vicieux de la toxicité imposée par Bardella. « Si j'en parle à Camille, ça sera trop tard pour regretter, je serais engagé. Alors, je ne pourrais plus reculer. », voilà comme il imagine les choses. Non pas qu'avoir recours à la bécasse l'enchante, mais il la sait tenace, cette teigne. 

Valse PolitiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant