Chapitre 37

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NDA : pas totalement corrigé, mais je file dormir <3 demain, c'est férié, alors j'ai toute ma journée pour écrire, il y aura possiblement la suite demain soir !!!


- Ma chère Camille ! s'exclame Jordan sur un ton qui tire étrangement vers l'enthousiasme.

Il serait presque content de la voir. Peut-être l'est-il, mais si tel est le cas, Bardella ne se l'avoue pas. La brune s'est défaite depuis la dernière fois qu'ils l'ont vue ; départie de sa couche de maquillage habituelle, on voit désormais ses traits tirés et fatigués. Ses yeux sont légèrement pochés, dont l'extrémité s'étire en trois petites rides. Quant à ses sillons naso-pharyngiens, ils sont enfoncés et donnent l'impression que ses pommettes rebondies sont désormais affaissées. Entre ses sourcils, on distingue même la petite trace de la ride du lion, laissant entendre que Camille a, au choix : été très contrariée, ou été très préoccupée, ou peut-être bien les deux à la fois. 

- Jordan, rétorque-t-elle en mimant un sourire fatigué et faux. 

Le sourire faux d'une femme vexée et blessée dans son égo, somme toute, ce qui n'échappe en rien au jeune homme.

- Comment vas-tu, Camille ? hasarde Gabriel, qui patauge dans son malaise.

- Compte tenu des circonstances, disons que ça peut aller. Vous avez fini de manger ? On m'a demandé à ce que vous soyez prêts dès que possible. 

Le ton intransigeant de la jeune femme est si inhabituel qu'il déstabilise les deux hommes. C'est Attal le premier qui se lève, sa tasse de café à la main, et il hausse les sourcils en regardant Bardella pour qu'il en fasse de même : le pauvre s'exécute faute de mieux, et voilà qu'ils suivent Camille au travers des couloirs de ce château qui, deux siècles plutôt, accueillait Napoléon et son conseil. Pendant qu'ils déambulent, Jordan prend le temps de regarder les peintures du XIX affichées au mur, de même que les trésors de l'époque disposés dans des armoires aux vitres en verre. Les trois pénètrent finalement dans un grand cabinet, tout aussi richement décoré que le reste de la bâtisse. Pas de coiffeuse, pas de miroir mural, pas d'odeur étouffante de maquillage et de laque : rien ne leur rappelle les loges dans lesquelles ils avaient l'habitude de se faire maquiller, pourtant, c'en est une nouvelle.

Gabriel et Jordan s'assoient comme des animaux dociles sur les deux sièges qui semblent avoir été prévus à leur attention. Ils sont côte à côte face aux grandes fenêtres, lesquelles apportent à la pièce une clarté affolante et très agréable. Aujourd'hui, il fait chaud, et cela détonne avec le début de mois de juillet désastreux qu'ils ont connu. Sans trop savoir pourquoi, Bardella s'essaie à compter les derniers jours pour en déduire la date : non sans mal à cause de sa notion du temps chamboulée, le jeune homme estime qu'on est le 22 juillet 2024. 

Camille ne leur parle pas, elle reste à s'activer dans leur dos. Attal regarde fixement par la fenêtre, et Jordan remarque que la brise légère lui ébouriffe les cheveux, désormais un peu trop longs. Ce dernier tend la main par dessus le bras du fauteuil pour effleurer délicatement la main crispée de Gabriel. 

- Comment va ton épaule, Gabriel ? demande la brune, derrière eux.

Sa question n'est qu'un usage poli, et cela agace Bardella. Il tourne la tête vers Camille pour la voir, affairée au dessus d'une trousse de maquillage rudimentaire, les lèvres pincées. 

- J'ai mal, mais ça va, rétorque l'autre, laconique.

La jeune femme revient devant eux, et elle choisit visiblement de commencer par Jordan puisqu'elle attrape son visage sans aucune douceur en lui intimant de ne pas bouger, ce qui le fait rouler des yeux en lui décrochant un sourire arrogant. Le silence est seulement rompu par les tapotements du pinceau de Camille sur les quelques imperfections de Jordan, qu'elle camoufle avec un correcteur couvrant qui sent relativement bon. Bardella obéit et ne bouge pas, mais il regarde malgré tout Gabriel du coin de l'oeil, en forçant tellement qu'il ressent une gêne significative dans son nerf optique. Le jeune homme continue à regarder fixement en face de lui, comme s'il était subjugué par les froissements des feuilles du noisetier dressé dans la cour. Jordan remarque que Camille aussi lance des coups d'oeil en direction de son amant, et la situation le désole, car il a bien conscience qu'il est le dernier à pouvoir arranger les choses entre eux deux.

Valse PolitiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant