Chapitre 11

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NDA (désolé pour ceux qui ont déjà lu et ont eu un faux espoir), pour la première partie du chapitre, je vous conseille de la lire en écoutant « Heal Tomorrow » de Naive New Beaters.

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Jordan ne parvient pas à dormir, surtout pas quand il entend au travers du mur les sanglots étouffés d'Attal. Pourtant, il reste allongé dans son lit, fixant rageusement la porte qui sépare leurs chambres. Les minutes sont terriblement longues, et quand Bardella croit que c'est enfin fini car il n'entend plus rien, un énième sanglot résonne à nouveau. Son cœur est serré dans sa poitrine et il a l'impression que tout son sang lui est descendu dans les pieds. « C'est donc ça, la culpabilité », pense Jordan avec un air sceptique. Il laisse Gabriel pleurer et écoute la mélodie accablante de ses sanglots comme un lâche. Le chagrin de Gabriel est un océan de sentiments cafardeux pour Jordan.

Il s'en veut, mais que peut-il bien faire ? Bardella est persuadé que rompre son silence et rejoindre Attal pour le consoler ne ferait qu'aggraver les choses. Pire encore, comment réagirait-il quand il verrait Gabriel, les joues rouges et mouillées de larmes ? Il a peur de ce qu'il pourrait faire face à la détresse du jeune homme. Jordan sait qu'Attal pleure parce qu'il a espéré quelque chose que Bardella ne sera jamais en mesure de lui fournir. Mais au fond de lui, Jordan sait qu'il est le seul et unique responsable de sa peine, puisque voilà des jours qu'il s'évertue à souffler le chaud et le froid sur Gabriel.

Du mouvement se fait entendre de l'autre côté, et Jordan se crispe. Il redoute que Gabriel débarque dans sa chambre, désireux d'un réconfort que Bardella ne pourra s'empêcher de lui offrir... pour encore plus le blesser par la suite. Quel réconfort pourrait-il lui apporter ? Jordan ne préfère pas y penser car cela déroge à tous ses principes et à sa vision de la vie. Mais non, Attal ne gratte pas à sa porte, et une pointe de déception se fait ressentir chez le second premier ministre. Non, Gabriel chuchote : il est au téléphone. Allongé sur son lit, trop loin pour la voix excessivement basse de Attal, Jordan entend mais ne saisit ni les mots, ni leur sens. Néanmoins il y a une chose que comprend Jordan : il est terriblement jaloux que Gabriel fasse appel à quelqu'un d'autre qu'à lui quant il s'agit de sa détresse. Si c'est Stéphane qu'il appelle, oh si c'est Stéphane, Bardella croit qu'il sera obligé de mettre des coups de rein si passionnés à Gabriel pour lui en faire perdre la mémoire quant à ce Stéphane... enfin, le jeune homme pense à ça avant de lever les yeux au ciel, exaspéré par ces pensées dérangeantes, dégueulasses.

Le ministre ne peut pas s'empêcher de se lever puis se dirige à tâtons vers leur porte communicante dans l'espoir de mieux saisir ce que Gabriel peut bien raconter. Surtout, il espère saisir qui Gabriel appelle au beau milieu de la nuit.

- Ça me bouffe le moral, l'entend-il chuchoter.

« Moi aussi, ça me bouffe de constamment avoir envie de toi alors que c'est contre nature » se dit Jordan, indigné. Il estime être le plus à plaindre dans cette situation ambiguë : c'est lui qui est héréro, alors que Gabriel assume pleinement son homosexualité !

- Camille, tu ne comprends pas, quand on est tous les deux il est... différent d'avec vous.

Ouf. Soulagement immédiat pour Bardella. Ce n'est que la charmante Camille dont il n'a rien à craindre. « Et pourquoi aurais-je quelque chose à craindre? » ne peut il s'empêcher de penser.

- Non! Gabriel parle un peu plus fort avant de chuchoter à nouveau. Non, non, je ne l'aime pas, c'est juste que...

Cela blesse Jordan sans qu'il ne sache pourquoi.

- C'est juste que j'espère. Je ne sais pas quoi, mais j'espère. C'est la frustration qui me met dans tous mes états, et puis avec toute la fatigue que j'accumule, bah, voilà, je chouine... se justifie le jeune homme.

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