Valse Politique

Chapitre 43

NDA : je ne peux conseiller qu'une musique, nulle autre que Douce France de Charles Trenet. Bonne lecture, préparez vos mouchoirs, nous pleurons ensemble <3

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Une petite quarantaine de kilomètres à vol d'oiseau séparent le château de Malmaison, désormais en ruines, de l'aéroport Charles de Gaulle. Compte tenu du trafic routier paralysé, ainsi que du fait que Gabriel n'en a que faire des limitations de vitesse puisque la police n'est plus en mesure de lui retirer son permis, la troupe de bras cassés aurait dû arriver à l'aéroport en une vingtaine de minutes.

Ils mettent plus de deux heures.

En deux heures, il se passe plusieurs choses à Malmaison. D'abord, un second Véloce 330 vient s'écraser sur ce qui était la forteresse de l'Union Française Souveraine. Les fuyards, qui n'avaient absolument pas connaissance de l'existence de cette arme de haute technologie, car elle était encore cantonnée à la sphère de l'aéronautique militaire du bassin bordelais, n'ont pas remarqué le léger dysfonctionnement du drône car ils n'en connaissaient pas ses caractéristiques. À vrai dire, dans l'urgence et la terreur absolues, qui aurait bien pu avoir la présence d'esprit de relever qu'il était particulièrement curieux que le premier kamikaze s'écrase sur l'aile droite et non en plein centre de la bâtisse ? Bon, laissons donc le bénéfice du doute à cet engin et à son pilote à distance : peut-être que le but était d'en écraser un sur chaque aile, afin de maximiser les dégâts, quand bien même cela laissait un temps précieux à ceux qui ont évité le premier assaut.

Le bénéfice du doute disparait lorsque le second atterrit au même endroit, à quelques mètres près. S'il est vrai que la phase d'expérimentation du Véloce 330 a été achevée en avril 2024, et dès lors acquis par l'armée française, on ne peut pas dire qu'ils avaient testé la précision totale de cette arme autre part qu'en plein large. La faille du drone, qu'il manque justement de précision, et c'est pour ça que les impacts ont été maladroits. Le but, évidemment, était de foutre le feu à la fourmilière pour cramer la reine et ses soldats, pas d'en cramer qu'une partie ! Le pilote s'est dit qu'il avait loupé son coup, et il n'a pas compris que ce n'était pas son pilotage le problème, mais bien la perception de l'espace et la géolocalisation que lui offrait l'écran de trajectoire dont il disposait. Au second coup, un échec, lui aussi, et encore plus lorsqu'on sait que la moitié de l'UFS est parvenue à s'enfuir grâce à l'ordre quasi militaire mis en place quant à son rangement des véhicules, le pilote a compris.

Jamais deux sans trois, penserait-on ? Sauf qu'il n'y a pas de troisième drône. Les deux seuls kamikaze développés et vendus sont actuellement en feu, réduits à de la taule et quelques morceaux électronique encore conservés, crépitants dans les ruines de Malmaison.

La tare des hommes, finalement, c'est de baisser sa garde en croyant avoir gagné d'avance. L'Histoire de l'Humanité elle-même témoigne de ce constat : le cheval de Troie a fait baisser la garde de la cité égéenne, et alors les Grecs sont parvenus à la massacrer. Tenochtitlan (le Mexico actuel), riche de ses guerres victorieuses sur les cités antagonistes aux Aztèques, a baissé sa garde face aux colons espagnols. Le Royaume Uni, convaincu de sa main de fer sur les colons américains, a été défait avec la guerre d'indépendance américaine. Tout tend à nous prouver que la faiblesse de l'Homme réside dans le fait d'être trop sûr de lui, revigoré par une victoire qui n'est même pas encore survenue.

Plus de drones, plus rien. Oui, des drones, il y en a d'autres : mais ils sont au chaud dans les quelques places d'armes du territoire français, anciennement sous haute surveillance, aujourd'hui désertées de toutes troupes militaire car la réputation du président est désormais tombée dans la désuétude la plus totale, et la plus pitoyable. Le président n'est plus en mesure de se les procurer, et quand bien même il y envoyait la poignée de forces qu'il a encore sous la main, cela serait trop long : une perte de temps inutile, un temps désormais précieux.