Valse Politique

Chapitre 40

NDA : en retard (comme d'habitude), j'espère que ça vaudra le coup ? bonne lecture  – il reste un ou deux chapitres, selon comment je gère le récit (j'ai tendance à trop m'étaler, vous l'aurez remarqué, à force) alors profitez bien de nos chéris <3

Ça ne peut pas être un Cheval de Troie, à moins qu'il ait une puce GPS fourrée dans l'estomac, l'anus ou n'importe où sous son derme.

- Tu lui as bien fait mettre les vêtements qu'on t'avait donné, Sébastien ? l'interroge Wauquiez d'une voix blanche.

- Oui, et je l'ai obligé à se changer devant moi, affirme le Marseillais.

- Je confirme... râle Séjourné, qui lève les yeux au ciel.

Ce n'était une partie de plaisir ni pour l'un, ni pour l'autre. Delogu, lui, commence à être las qu'on lui colle des hommes, homosexuels qui plus est, à surveiller et qu'on l'oblige à jouer au voyeuriste. Il a toujours en travers de la gorge les déboires auxquels se sont adonnés Gabriel et Jordan, quelques jours auparavant, et son esprit farceur le hante en lui faisant se rappeler les bruits étouffés, qu'il a entendus malgré lui, lorsqu'il se retrouve bercé par le silence. Quant à Séjourné, on peut aisément comprendre qu'il se soit senti vexé, et surtout humilié, lorsque le colosse lui a ordonné de se changer devant lui, le visage dur, mais les yeux moqueurs.

Il n'y a sûrement rien à craindre, mais tous craignent quand même, et regrettent amèrement leur choix de le faire venir dans leur terrier. Tout s'est fait vite, trop vite, rien n'a été réfléchi. C'est Marine Le Pen qui s'est empressée de leur dire qu'il était judicieux de lui donner des vêtements de change avant que Sébastien l'amène — évidemment, elle s'est bien gardée de leur dire qu'elle la première, elle s'était amusée à l'espionnage en fourrant un micro dans une doublure de veste.

Macron irait-il été jusqu'à infliger au pauvre Séjourné l'insertion d'une puce GPS sous le derme ? Est-ce que c'est plus tordu de filmer les garçons à leur insu pour diffuser leurs ébats à la télévision ? Dans un sens, non. L'horreur absolue a déjà été franchie, et une puce glissée sous la peau ne l'égale pas d'un centième. Dans l'idée, Delogu était aussi censé vérifier s'il n'y avait pas un renflement visible sous sa peau. Il l'a sûrement fait, comme il l'avait promis, mais qu'en est-il si celle-ci était enfouie... plus profondément ? Ils ne peuvent pas dépecer le macroniste pour aller inspecter ses entrailles. D'abord, parce que c'est trop tard, et deuxièmement, parce que l'ère barbare est achevée depuis bien longtemps.

Non, normalement, tout a été prévu pour s'assurer que Séjourné ne soit pas l'incarnation humaine d'un mouchard. Le reste, désormais, se joue entre des mains divines qui décideront du sort de l'UFS.

- Où est Macron ? demande Jordan sans daigner lui jeter un regard.

Aux dernières nouvelles, l'Elysée est protégé par des chars d'assaut, érigé comme une forteresse impénétrable dans laquelle réside Sa Majesté.

- Il est vraiment à l'Elysée, rétorque l'autre. En tout cas, jusqu'à hier soir.

- Où a-t-il prévu de décoller dans son jet ?

- À Charles de Gaulle.

- Ce connard n'a vraiment honte de rien ! Il ne se cache même pas ! grommelle Dati, et elle n'a pas tort.

Ils en ont assez entendu, et désormais, Séjourné ne leur sert plus à rien, à part tous les agacer en leur rappelant que des macronistes ont piétiné le pays en suivant un fou mégalomane. Toutefois, ils ne peuvent pas le renvoyer chez lui, de peur qu'il soit si vexé par leur méfiance – surtout, probablement, par la rouste que lui a mise Bardella – alors ils vont devoir le garder avec eux. Le séquestrer serait plus approprié, car il est hors de question qu'il soit libre de vagabonder où cela lui chante dans Malmaison. Si Macron s'est montré assez malin en le puçant, alors soit, c'est trop tard et il sait déjà où il se trouve : il ne reste plus qu'à attendre son offensive. En tout cas, Stéphane ne quittera pas les murs du Chateau avant le dénouement, quel qu'il soit.