05. Libérée.

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L'homme gémit de douleur et s'effondre sur le sol. Mon instinct réagit pour moi et je récupère son arme tout en m'éloignant rapidement. Il se tient la jambe, tentant d'arrêter le saignement, mais un son étrange sort de sa gorge.

Je relève la tête et découvre Paola, une arme à la main. Le regret se lit sur son visage, mais elle se reprend rapidement.

— Dépêche-toi ! s'écrie-t-elle. Nous devons trouver la sortie.

Je lui obéis et cours jusqu'à elle. Je sursaute en croisant le regard d'un petit garçon. Ses grands yeux terrifiés me fixent alors que la brune le prend dans ses bras.

— REVIENS-LÀ ! hurle l'homme à terre.

— Allons-y, ordonne Paola.

Je la suis dans les différents couloirs, je serre si fort mon arme que je la sens s'enfoncer dans ma peau. Elle me révulse autant qu'elle me rassure. Je m'accroche à elle telle une bouée de sauvetage en plein océan, entourée de requins affamés.

Nous nous cachons au détour d'un couloir, laissant passer près de nous un groupe d'hommes armés. Mon cœur manque un battement et je n'ose pas ouvrir les yeux. Lorsque les bruits de pas s'évanouissent, j'ouvre les paupières et me tourne vers Paola. Sa main contre la bouche du petit garçon, elle retient sa respiration. Tremblante, je jette un coup d'oeil dans le couloir. Vide. Je soupire, rassurée et me tourne vers la brune qui me regarde à présent.

— Personne, annoncé-je.

Elle hoche la tête et tente de reprendre contenance. Elle retire sa main de la petite bouche de l'enfant qui jette sa tête dans son cou. Elle le sert contre elle, déposant un baiser sur ses cheveux.

— Continuons, arrive-t-elle à dire.

Nous longeons le couloir, ses chaussures claquant contre le carrelage, tandis que je l'envie étant toujours pieds nus. Je me force à prendre de grandes inspirations pour ne pas céder à la panique. Je ne dois surtout pas sombrer maintenant.

Nous empruntons encore un couloir vide. Les lumières clignotent sur notre passage, nous menaçant de s'éteindre à chaque instant. La dernière ne se rallume pas et nous plonge dans le noir. Nous continuons tout de même, longeant les murs.

Ma main bute contre une porte et je murmure à Paola d'attendre. J'inspire un grand coup avant d'ouvrir la porte, l'arme en main. Je la referme expressément en remarquant une dizaine d'hommes.

— Beaucoup trop d'hommes, je leur chuchote.

Le silence se fait tellement lourd que j'entends les battements de mon cœur.

— Paola ?

— Je réfléchis, me répond-t-elle.

Plusieurs secondes passent avant que l'on entende quelqu'un approcher derrière la porte. Je jure alors que je sens la main de la brune m'attraper le poignet. Elle me tire contre le mur et la porte s'ouvre.

Ma main trouve immédiatement ma bouche, cachant le moindre son que je pourrais faire. La respiration coupée, je regarde l'homme avec des yeux écarquillés. La porte se ferme, retirant la seule source de lumière.

— Putain, jure l'homme. Il faut vraiment qu'on s'occupe des lumières.

J'entends ses chaussures crisser contre le sol. Il passe devant nous et Paola inspire un peu trop bruyamment. Je ferme les yeux et j'attends le moment où il nous tira dessus. Pourtant il continue son chemin, sans l'avoir entendu. Plus loin, il arrive à la lumière et pousse une porte, disparaissant. Paola expire tout à coup et j'inspire de nouveau.

Chrysanthème Noir | T.1 & T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant