03. Imprévu

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Mes yeux s'ouvrent brusquement, je me retourne en urgence et l'eau s'extirpe de mes poumons de force.

Ma gorge brûle, l'eau sort de ma bouche, mes larmes rejoignent vite la flotte à cause de la douleur. La douleur de vivre.

J'entends les trois hommes se crier dessus alors que je reprends conscience.

— Ferme-la ! s'exclame l'un d'eux.

— Non, mais tu ne comprends pas ?! On est mort ! On est putain de mort.

Chaque respiration m'enterre un peu plus, mon âme brisée est obligée de récupérer mon corps. Je suis en vie.

Je suis en vie.

Pourquoi ?

POURQUOI ?!

— Merde, merde, merde... on fait quoi, putain ?

Celui qui n'a pas encore parlé s'avance vers moi et dépose une serviette sur mon corps nu. Je plonge mes yeux dans les siens, mais je n'y vois rien. Aucune haine, aucune peine, rien. Il est un acteur passif devant moi.

— Putain, mais tu sais ce que tu as fait ?! crie un homme en s'avançant vers moi.

Je tourne la tête vers lui et n'y vois que de la terreur.

— Tu... merde !

— Tu ne peux pas lui en vouloir, lui répond un autre.

— Oh si, je peux. Et je le fais ! On va mourir par sa faute !

Je n'avais pas pensé à ça. Merde. Merde !

— Est-ce que... il y a des caméras ? Demandé-je d'une petite voix.

Les trois hommes se tournent vers moi avant de se lancer un regard. Je me relève, tenant fermement la serviette autour de mon corps. Mes jambes menacent de me lâcher à tout moment, mais je me force à rester debout.

— Je ne crois pas. Il n'en a pas mis dans ce couloir, ni dans la salle de bain, au cas où... pour toi.

Je hoche la tête.

— Alors il ne sait rien, continué-je. Il ne s'est rien passé.

Mes mots m'affaiblissent, me heurtant en plein cœur.

— Quoi ? Demande le plus paniqué des trois.

— Il ne s'est rien passé. J'ai seulement pris un bain plus long que d'habitude. Carlos n'en saura rien et demain, tout reprendra comme avant.

Comme avant. Demain sera une nouvelle journée, la même que tous les jours.

Les trois hommes se regardent, se demandant silencieusement ce qu'ils peuvent faire. Je ne les avais jamais entendu parler et encore moins vu aussi apeuré.

— Ok, reprend celui à mes côtés. Il ne s'est rien passé. Rien. On va reprendre comme si tout était normal. On va la ramener dans sa chambre.

Les deux autres hochent la tête et je comprends qu'ils le suivent sans hésitation. Il est peut-être leur supérieur, c'est sûrement pour ça qu'il garde autant son sang froid.

Je soupire et me pince les lèvres. Je ne veux pas...

— Sortons, lance le chef. Habille-toi rapidement, tu n'es pas censée être encore ici.

Je ne réponds rien et les regarde sortir. La porte se ferme et j'enfile mon pyjama avec rapidité. Je ne veux pas être la cause de leurs morts.

Bordel...

Sous l'adrénaline, je ne réfléchis pas et sors de la salle de bain. Tous les quatre marchons rapidement vers ma chambre mais je sens qu'ils sont tendus. L'un d'eux regarde dans chaque coin comme si Carlos allait surgir au prochain virage.

Chrysanthème Noir | T.1 & T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant