Prologue.

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Le bruit des sirènes me font relever la tête. La femme qui tient la caisse regarde soudainement par la fenêtre et observe les voitures de polices passer. Je me concentre de nouveau sur mes achats, sans donner d'attention aux voitures des urgences qui suivent les précédentes.

Attrapant des biscuits, je ne fais pas attention à ce qu'il se passe autour et en reculant, je percute un homme. Je hoquette quand une de mes poches de bonbons tombe par terre. Je relève la tête et mon cœur s'affole. L'inconnu se tient droit, les mains dans les poches de son jogging. Sa tête est couverte de la capuche de son sweat et sa bouche d'un masque chirurgicale noir.

Je n'arrive plus à bouger alors qu'une voix dans ma tête me hurle de fuir. Est-ce que c'est lui ? Est-ce qu'il m'a retrouvé ?

Le souffle coupé, je le regarde se baisser. Mon estomac se tord de peur, mes jambes se mettent à trembler alors que l'inconnu se relève. Sa main se tend et mes yeux s'écarquillent, des milliers de scénarios tournant dans ma tête en seulement quelque seconde.

Sa main s'ouvre et le paquet de confiserie me nargue. Je cligne des yeux, sans comprendre ce qu'il se passe.

— Désolé si je vous ai fais peur, s'excuse l'homme d'une voix enrouée. C'est à vous ?

La bouche sèche, je ne peux répondre. Mon bras se mouve de lui-même et je récupère le paquet. Il acquiesce et disparaît dans les rayons de la supérette.

Je me permet de respirer à nouveau, tremblant encore de tout le corps. Ce n'était pas lui. Il n'est pas là. Je ne le reverrai plus. Plus jamais.

Je secoue la tête, tentant de calmer mes peurs et me dirige droit vers la caisse, impatiente de retrouver Carlos dans notre chambre d'hôtel.

Les articles déposés, je lance un regard à la caissière qui ne semble pas m'avoir remarqué. Les sourcils foncés, elle observe les policiers à travers la fenêtre. D'instinct, je fais de même.

Mes sourcils se froncent à leur tour en remarquant leurs voitures garées en bas de mon hôtel. Une nouvelle ambulance passe à toute vitesse devant la supérette pour s'arrêter à côté des autres voitures.

Mon cœur se serre d'inquiétude quand les ambulanciers sortent un brancard et entrent en vitesse dans l'hôtel. Je sors rapidement mon téléphone pour envoyer un message à Carlos. Peut être qu'il saura ce qu'il se passe.

Les secondes passent mais il ne répond pas. Je déglutis, je ne me sens pas bien. Quelque chose ne va pas. Suivant mon instinct, je laisse mes articles et sort rapidement de la supérette. Une fois dehors, le vent fouette mon visage. L'odeur de l'océan me percute mais pour la première fois depuis deux jours, je n'y prête pas attention.

Mes jambes se mettent à courir dans la rue, mon cœur battant à tout rompre. Mes yeux sont fixés sur les gyrophares des voitures et mes cauchemars obscurcissent ma tête de nouveaux scénarios.

Mes pas ralentissent lorsque je passe entre les voitures mais un policier m'arrête devant la porte.

— Excusez-moi mais vous ne pouvez pas entrer, m'annonce-t-il d'une voix autoritaire.

— Je séjourne ici ! m'exclamé-je, les larmes aux yeux. S'il vous plaît, je dois rentrer, on m'attend.

L'homme me sonde de haut en bas, le regard lourd de reproches.

— Désolé madame mais nous sommes en intervention. Veuillez attendre ici.

Je hausse les sourcils, mécontente mais l'homme reprend sa place, m'ignorant volontairement. Un soupir tremblant m'échappe pendant que j'attrape mon téléphone.

Mes doigts tremblants tapent le nom de Carlos dans mon répertoire et je n'hésite plus à l'appeler. Il sonne plusieurs fois, augmentant mon angoisse. Sa messagerie résonne dans mon oreille et mon souffle se coupe.

Pourquoi il ne répond pas ?

Soudain, une main m'attrape le bras et me fait sursauter violemment. Je reconnais rapidement la dame de l'accueil de l'hôtel. Son regard effrayé me condamne un peu plus loin dans l'angoisse.

— Madame ! s'écrit-elle. Je croyais qu'il vous était arrivé quelque chose.

— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

La dame tourne quelque seconde la tête vers son hôtel avant de se pincer les lèvres, les sourcils froncés.

— Ils n'ont pas voulu me dire. Un voisin à votre chambre les as appelé. Je pensais que vous étiez en danger. Où est votre petit ami ?

Le monde se met à tourner, mes oreilles se mettent à siffler et je n'entends plus que les battement de mon cœur qui s'affole affreusement.

Quoi ? Qu'est-ce qu'elle vient de dire ?

Où est Carlos ? Pourquoi ne répond-t-il pas ?

Ma bouche s'assèche, mes pensées s'embrouillent. La dame me parle mais je ne l'entends plus, je ne sens plus sa main sur mon bras, je ne vois plus que le policier qui s'éloigne légèrement de la porte pour parler à son talkie-walkie. Je ne réfléchis plus. 

Je n'attends pas et saisis ma chance. Mes jambes s'élancent, j'entends la dame m'appeler, le policier tourne la tête vers moi. Ses sourcils se froncent en comprenant ce qu'il se passe mais je suis déjà en train de passer la porte.

— EH ! hurle-t-il. REVENEZ-LÀ !

Juste derrière moi, il essaye de me rattraper. Je me dirige vers l'escalier et monte deux par deux les marches. Le policier s'arrête juste avant et me hurle de redescendre mais je ne pense plus qu'à Carlos. Je n'imagine pas ce qu'aurait pu lui faire cet homme s'il m'avait retrouvé. Je n'ai pas le temps de me poser cette question.

Je passe le deuxième étage et continue jusqu'au troisième. Le souffle saccadé, mon corps me hurle de m'arrêter mais je ne peux pas m'y résoudre. Arrivée au quatrième étage, j'ouvre la porte du couloir en trombe.

Plusieurs policiers se tournent vers moi et mon cœur rate un battement en les voyant. Un d'eux s'approche mais je le dépasse sans réfléchir, je continue de m'avancer vers notre chambre. Le téléphone dans la main, je tente une nouvelle fois d'appeler Carlos mais il ne répond toujours pas.

Les larmes aux yeux, je ralentis en remarquant plusieurs policiers et ambulanciers devant la porte de notre chambre. Un d'eux me barre soudainement la route, les mains sur mes épaules, il m'empêche d'avancer plus loin.

Je crois qu'il me parle mais je n'arrive pas à l'entendre. Je ne peux détourner mon regard de notre chambre et je crois le sol s'effondrer quand un brancard en sort. Mon souffle se coupe et mes jambes me lâchent en voyant tout le sang tâcher la couverture blanche sur le corps.

Le policier essaye de me retenir de tomber mais mes genoux percutent le sol tout de même. Je ne vois pas son visage mais je sais. C'est lui, je le sais. Carlos est mort.

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Chrysanthème Noir | T.1 & T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant