Chrysanthème Noir | T.1 & T.2

08. Accusée à tort.

Assise sur cette maudite chaise en métal, je grogne. Je n'avais pas l'intention de me trouver à nouveau dans une salle d'interrogatoire. Pourtant me revoilà plusieurs jours plus tard.

Ma jambe tressaute, je me demande si Elias sait. Je dois partir de ce pays le plus vite possible avant qu'il ne mette tout le monde à ma recherche. Avant que 'il' me retrouve aussi. Il n'est pas loin, je le sens. Il rôde autour de moi comme un chat avec sa souris. Je ne suis qu'une proie avec laquelle il s'amuse.

La porte s'ouvre et me fait sursauter. Je me lève quand un homme entre, un dossier en main. Il a l'air assez vieux, dodu, une barbe qui n'est pas entretenue, accompagnée d'une calvitie. Il m'observe un moment ce qui me déstabilise, me rappelant mon piteux état.

— Asseyez-vous mademoiselle, demande-t-il d'une voix grasse.

Je lui obéis immédiatement et le regarde s'asseoir sur la chaise en face. Il jette le dossier sur la table en fer et je frissonne en y lisant mon nom.

— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, mademoiselle Dubois, me prévient-il d'une voix sérieuse.

Je fronce les sourcils, le stresse montant en flèche. Que se passe-t-il ?

— Où étiez-vous ?

Je suis prise au dépourvu face à sa question. Comment ça, où j'étais ? Ils sont au courant que j'ai été enlevée ?

— Je... J'ai été kidnappé, je-

— Vous avez été quoi ? me coupe-t-il hilare.

Il sourit, amusé, et je me fige. Pourquoi il sourit ?

— Oui, j'ai-

— Écoute, me coupe-t-il une nouvelle fois, ça fait longtemps que je travaille ici, j'sais reconnaître les menteuses. Et puis entre nous, t'aurais pu trouver mieux comme excuse.

Comme excuse ? Menteuse ?

— Non, vous ne comprenez pas. Je vous promets, je-

— On te cherche depuis un moment, personne ne savait où t'étais. T'as disparu après l'affaire de Carlos Castez-

— Parce que j'ai été kidnappée !

Il contracte la mâchoire et me lance un regard agacé. Pourquoi ne me croit-il pas ? Et puis pourquoi est-ce qu'il me parle comme ça ? Il a commencé à me tutoyer, il me regarde de haut, comme si je lui étais inférieure.

— Nous avons appris que Castez était un faux nom. Il s'agit en fait de Carlos Espera. On a découvert qu'il était le frère d'Elias Espera. Ses hommes font partie du plus dangereux des cartels du Mexique mais... je suppose que je ne t'apprends rien.

Il me lance un regard entendu et je comprends qu'il me croit complice. Mon cœur s'affole alors que la situation m'échappe des mains.

— Plusieurs personnes affirment que t'avais une relation avec Carlos Espera.

— Je ne savais rien ! Je le jure, je l'ai appris il y a quelques jours. Je-

— Mademoiselle, me coupe-t-il encore une fois. Je croise beaucoup de jeunes femmes qui tournent mal. Je ne juge pas, mais j'essaie de nous faire gagner du temps à tous les deux.

Je serre mes poings pour m'empêcher de faire quelque chose que je regretterais. Mais bordel que j'ai envie de lui en foutre une.

— Je me suis fait kidnapper, dis-je en appuyant sur tous les mots en espérant qu'il comprenne mieux.

— Dis-moi la vérité, répond-t-il de la même façon que moi.

— Putain, pourquoi vous ne m'écoutez pas ?!