01. Enchaînée

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Encore les mêmes mots, les mêmes phrases et la même fin. Je les ai tellement lus que je les connais par cœur.

Je referme le livre et expire lentement. Un frisson remonte le long de ma colonne, le froid de la pièce m'atteint. Je me lève de mon lit et dépose le livre sur la commode. Des pas approchent et la porte de la chambre s'ouvre.

La femme inconnue dépose mon plateau sur la commode. Je l'observe alors qu'elle repart, sans un mot, sans un regard.

Personne ne me parle, malgré mes supplices, mes cris, mes pleurs. Un jour, une femme avait tenté de me rassurer. Je l'avais suppliée de me faire sortir de ce cauchemar, elle était restée muette. Je ne l'ai plus jamais revu.

Je n'ose plus parler à personne, de peur de ce qu'il pourrait leur faire.  Je me terre dans le silence, si bien que je ne connais même plus le son de ma voix.

Mes pieds s'avancent d'eux-même jusqu'au meuble et mes mains attrapent le plateau. Machinalement, je me dirige vers la table et m'assis mollement sur la chaise.

Je regarde la nourriture, mon corps crie famine, mais l'envie de vomir est trop forte. J'essaie de ne pas y penser et attrape le bout de pain. J'en découpe un petit morceau que j'enfourne dans ma bouche. Le goût me fait grimacer et lorsque j'avale, ma gorge me brûle. J'attrape le verre d'eau et l'avale d'un coup. Un soupir sort de ma bouche et je regarde la nourriture avec lassitude.

Le temps passe et la femme rentre de nouveau, elle hésite avant de s'approcher pour récupérer le plateau. Je ne la regarde pas, préférant garder mon regard dans le vide.

Mes souvenirs me hantent. La plupart du temps je les imagine, je me demande ce qu'ils font ou encore je m'imagine avec eux. Avec Elias.

A-t-il continué sa vie comme il me l'avait promis ? Je l'espère de tout mon cœur. La mienne est terminée.

Officiellement, la balle ne m'a pas tué.

Officieusement, Carlos a mis fin à ma vie ce jour-là.

À l'époque, je m'étais fait une promesse et tente désespérément de la tenir aujourd'hui.

Pas d'espoir. Pas de larmes. Pas de sentiment.

Je ne suis plus qu'une coquille vide. Je n'ai aucun espoir d'échapper à cet enfer. Ils me croient morte. À quoi bon chercher un cadavre ?

Un nouveau soupir sort de ma bouche et je suis étonnée quand je découvre que la femme n'est plus là. Elle est sortie quand ? A l'instant, il y a dix minutes ou une heure ? Je ne sais pas.

Le temps passe et je me perds. Depuis combien de temps je suis ici ? Des semaines, des mois, des années ? Je ne sais pas.

Je suis coincée ici. Dans une boucle qui se répète encore et encore.

Je finis par me lever de la chaise et m'allonger dans mon lit. Fatiguée, je m'endors rapidement et un sourire étire mes lèvres en les retrouvant. Ils n'existent plus que dans mes rêves.

*****

Je me sens extirpée de mon sommeil par des mains tremblantes. J'ouvre les yeux, la femme se trouve devant moi, paniquée. Je me lève immédiatement.

Elle court vers la robe et je me dirige vers le centre de la chambre. Je retire mes vêtements et enfile le tissu qu'elle me donne. Elle remonte la fermeture dans le dos et mon regard tombe sur mon reflet.

J'inspire un bon coup devant la femme que je vois. La robe rouge longe mon corps que je ne connais plus.

La femme s'agite derrière alors je m'assois devant la coiffeuse et comme d'habitude, elle s'occupe de me préparer. Je ne suis plus qu'une poupée sans vie qu'on ne cesse d'habiller, de coiffer, de maquiller. Et tout ça pour quoi ? Pour lui ?

Chrysanthème Noir | T.1 & T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant