Chrysanthème Noir | T.1 & T.2

04. L'enterrement.

La voiture entre enfin dans un parking. Je ne pouvais plus supporter d'entendre les critiques de Min-ho sur la conduite d'Alba.

Mon cœur accélère lorsque j'aperçois une cinquantaine de voitures. Beaucoup d'hommes et de femmes discutent ensemble un peu partout. Des hommes armés sont postés tout autour et devant les portes de la morgue.

Alba se gare entre deux voitures et la panique monte en moi. Non, je ne veux pas descendre. À ma droite, Matteo se réveille avec un grognement et j'aperçois ma mort prochaine. Il n'y a aucune chance que je sorte d'ici vivante.

Mes mains se mettent à trembler d'elles-même alors que Min-ho sort de la voiture. Un homme vient immédiatement à sa rencontre et ils partent tous les deux un peu plus loin.

Je ne pourrais même pas essayer de fuir. J'ai essayé de regarder où on était et où on allait mais je ne connais pas assez bien ce pays pour m'y repérer.

Une seule chose me rassure ; Elias Espera n'est encore pas là. Il est terrifiant. Je ne suis pas sûre qu'il ressente quoi que ce soit. Est-ce qu'il lui arrive de sourire ?  Non, je ne pense pas qu'il lui arrive de sourire avec joie. Peut-être lorsqu'il tue ? Je frissonne en me rappelant son visage, ses yeux glacials. Il aurait pu me tuer à ce moment-là. Et je sais qu'il n'a pas mal visé, il m'a transmis un message.

Je l'ai bien compris, je l'ai su rien qu'en le regardant. Juste quand je l'ai vu entrer, j'ai compris qu'il était derrière mon enlèvement et qu'il tient ma vie dans ses mains. C'est lui qui me tuera. Ce n'est qu'une question de temps.

La porte avant claque, me ramenant violemment au moment présent. Le brun à côté de moi jure en se massant les tempes. Ma porte s'ouvre sur Alba et je me dépêche de sortir de la voiture avant que l'un d'eux s'énerve contre moi. Une morgue me fait face et un frisson me passe dans tout le corps. Je commence tout juste à réaliser ce qu'il se passe. Ce qu'il va se passer.

Nous nous décalons légèrement, plusieurs nous jettent des regards qu'ils pensent discrets mais aucun ne s'approche. Min-Ho vient se poster devant moi et me lance un regard froid.

— Tu ne dis rien, ne fais rien et n'entends rien. Est-ce clair ?

Ce n'était pas une vraie question mais plutôt un ordre. Il attend une réponse alors je me contente d'acquiescer. Je ne l'avais pas vu revenir. Je ne sais pas où est passé l'homme qui l'a accosté quelques minutes auparavant. Je ne veux pas savoir. Il y a trop de monde. Trop de monde armé. Chacun d'entre eux pourrais me tuer.

Comment ont-ils le droit de se montrer comme ça ? Que fait la police ? Tous les criminels les plus dangereux sont sortis et personne ne vient les arrêter ?

Le bruit de moteur nous fait tous tourner la tête. Une voiture de sport arrive et elle fait passer toutes les autres pour des jouets pour enfants. La voiture se gare de travers sur deux places et on attend tous de voir qui va sortir de ce bijoux.

La porte s'ouvre, une jambe sort puis enfin un corps entier. Je déglutis en reconnaissant le chef du cartel. Habillé d'un pantalon costard noir et d'une chemise de la même couleur déboutonnée laissant apparaître un bout de son torse tatoué. Une chaîne argentée orne son cou, une bague dans celui-ci.

Il ferme la porte de la voiture et remet ses lunettes de soleil en place sur son nez. Tout dans son attitude nous dit qu'il veut qu'on aille se faire foutre. Il est insolent et ne le cache pas. Il considère les personnes présentes comme si elles n'avaient pas leurs places ici.

Il marche vers nous et j'ai de plus en plus de mal à respirer normalement. Il ne m'a pas regardé une seule seconde mais je sens le poids de sa prestance étouffante.