Les secondes passent lentement.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici. La tasse de café a eu le temps de refroidir. Je ne peux rien avaler.
La scène passe et repasse dans ma tête en continu. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à son corps inerte se faire transporter. Un frisson me parcourt l'échine à cause de la température basse de la salle d'interrogatoire. Mon pyjama fin ne me permet pas de me réchauffer.
Mon doigt tape au rythme des secondes sur la table.
Je me remémore la couverture blanche. Je me remémore le rouge de son sang qui l'imprégnait. Mon estomac se tord et l'odeur du café me donne envie de vomir.
Mes yeux me font mal. Trop de larmes ont coulé et pourtant pas assez l'ont fait pour atténuer la douleur que je ressens au fond de mon cœur.
La porte s'ouvre soudainement, m'arrachant un sursaut. Un homme habillé d'un costard entre dans la pièce sans me lancer un seul regard.
Je me réinstalle sur ma chaise, mal à l'aise. Ce n'est pas un policier. Qui est-il ? Pourquoi l'ont-ils laisser entrer sans surveillance ?
L'homme s'installe sur la chaise en face de la mienne. Un soupir sort de sa bouche et quand ses yeux trouvent les miens je suis bouleversée par la souffrance que j'y trouve.
— Mademoiselle Dubois ? commence-t-il. Je m'appelle Matteo Amirez. Je suis- j'étais...
Il cligne des yeux et ses mots me font déglutir. Lui comme moi sommes heurtés par la vérité qu'ils apportent.
— J'étais l'avocat de Carlos.
Mes yeux se baissent sur la table. Je n'arrive pas à tenir le regard face au sien.
Je ne lui réponds pas mais ça n'a pas l'air de le déranger. Mes pensées se perdent sur Carlos. Sur l'homme qu'il était. Sur nos promesses d'avenir qui ne pourront être tenues parce qu'il n'existe plus de futur avec lui, parce qu'il appartient au passé.
Un sanglot m'échappe sous les yeux de cet homme. Je me pince immédiatement les lèvres, essayant d'en retenir d'autres.
Carlos était devenu mon petit ami depuis un mois mais il était avant tout mon ami. Je ne le connaissais pas depuis longtemps, moins d'un an à vrai dire mais il a été la première personne à me tendre la main. Il a été le premier à me redonner de l'espoir en la vie.
Est-ce que j'aurais pu le sauver à mon tour ? Si j'étais restée dans la chambre, si je n'étais pas partie...
Est-ce que c'est lui ? Est-ce qu'il m'a retrouvé ? Cela voudrait dire que non seulement je n'ai pas pu sauver Carlos mais en plus je l'ai tué. Oui, c'est de ma faute. Mon Dieu, il est mort à cause de moi. Comme elle.
Il serait toujours en vie s'il ne m'avait pas croisé.
— Vous faisiez quoi quand c'est arrivé ? demande-t-il d'une voix contrôlée.
Mes yeux retrouvent le siens et je me terre plus profondément dans la culpabilité. Il n'était certainement pas que son avocat mais je n'ai pas la force de lui demander à quel point ils étaient proches.
— On avait décidé de faire une soirée film alors je suis allée chercher de quoi grignoter devant...je n'aurais jamais...je...je suis désolée.
— Pourquoi vous excusez-vous ? s'étonne-t-il. Si vous étiez restée, vous seriez sûrement morte avec lui. Je suis rassuré que vous soyez en vie et je suis sûr que lui aussi.
Je cligne des yeux puis secoue la tête.
— Enfin, j'ai tout réglé. Vous pouvez sortir.
Alors c'est tout ? Je suis censée repartir ? Je dois continuer ma vie ? Je dois rentrer de nouveau dans ce cauchemar où cet homme se cache dans les ombres pour mieux me torturer ? Je ne suis pas prête à retrouver cette paranoïa qui m'a fait quitter mon pays.
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Chrysanthème Noir | T.1 & T.2
Action"Peu importe ce qu'on apprend, on ne sait rien." La vie de Pandora, jeune française, bascule lorsqu'elle se réveille dans une chambre d'hôtel vide, sans aucun souvenir. Depuis ce jour, un inconnu lui envoie des lettres malsaines. Elle quitte son pa...