04. Évasion

161 16 6
                                    

Quelques minutes avant.

PDV Paola.

Je referme doucement la porte, de peur de mettre quelqu'un en colère si elle claquait un peu trop fort. Je prie pour que personne n'ait remarqué notre petit échange. Je soupire discrètement avant de me mettre en route vers les cuisines.

En marchant le long des couloirs vides, je repense à cette fille, Pandora. Je repense à son regard terrorisé. Ses yeux étaient emplis de peur, mais aussi de quelque chose de bien plus sombre : la mort. Je la reconnais mieux que quiconque. Je l'ai vu si souvent dans des yeux bien différents, mais je la connais par cœur.

Je ne pensais pas qu'elle survivrait à la nuit dernière, et pourtant elle était là. Elle est terriblement courageuse, mais dans son cas, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose. Moi, je vis dans une peur constante, je réfléchis à l'avance pour chaque geste que je fais, chaque parole que je prononce. Chaque erreur pourrait lui coûter la vie et jamais je ne pourrais me le pardonner.

Mon cœur tambourine douloureusement dans ma poitrine, il me hurle de fuir. Il a mal de cette vie.

J'entre enfin dans la cuisine et tombe sur le chef qui plie bagage. Je m'arrête net, le regardant courir partout.

— Qu'est-ce que vous faites ? demandé-je, la voix tremblante.

Jetant un coup d'œil aux caméras, je me demande s'il ne faudrait pas que je parte vite d'ici avant que quelqu'un le remarque s'affairer.

— Paola ! s'étonne-t-il.

Il s'approche à grand pas et j'en recule d'un seul avant de sursauter lorsque ses grandes mains attrapent mes épaules. Ses yeux terrifiés me font déglutir et je me prépare à toute éventualité.

— Il faut fuir ! Carlos se fait attaquer !

Je cligne des yeux plusieurs fois alors que Julio s'éloigne de nouveau pour finir son sac.

— Attaquer ? Carlos ? Qui est l'idiot qui pense pouvoir-

— Paola ! s'exclame Julio, me faisant sursauter. Ne finis pas cette phrase. Cet homme est loin d'être idiot, il est très dangereux.

Julio referme son sac, me jette un regard et soupire. Il s'approche de nouveau, ses rides et cernes plus visibles que jamais.

— Va chercher Caleb et partez avant que ce ne soit trop tard ! MAINTENANT !

Je sursaute et mon corps s'active de lui-même sous la peur. Je ressors des cuisines, le cœur accélérant au rythme de mes pensées. Je me force à aborder un visage neutre, croisant plusieurs personnes sur mon chemin.

Je comprends maintenant pourquoi autant d'armes sont sorties. On m'a forcé à rester dans ma chambre ce matin, je n'ai même pas pu apporter le petit déjeuner à sa prisonnière. J'ai eu peur pour nos sorts s'il l'apprenait, mais maintenant je comprends pourquoi je n'ai pas été punie.

Marchant dans ce long couloir, je sens le regard de certains hommes qui s'attardent un peu trop à mon goût. Ils me dégoûtent. Leurs regards me donnent envie de vomir. Mais je continue de m'enfoncer dans ce couloir, inspirant calmement pour essayer d'apaiser cette peur constante qui me consume. Mon regard tombe sur une des caméras et je prie pour qu'il ne découvre pas où je me rends.

J'ai compris ce qu'il se passait il y a quelques minutes et j'espère de tout mon coeur que cet homme est trop occupé pour me remarquer. J'ai attendu une occasion pareille depuis la seconde où j'ai passé le pas de la porte de cet enfer.

Je sens le poids du pistolet que je garde depuis des semaines. Je me demande si j'aurai la foi de l'utiliser. Je ne veux pas le faire, je ne veux pas blesser quelqu'un, ou pire, tuer. Mais il y a Caleb, et lorsque Caleb entre dans l'équation, il n'est plus question de ce que je veux ou ne peux pas faire. Parce que pour lui, je serais capable de tout.

Chrysanthème Noir | T.1 & T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant